Viktor Lazlo «  Zwèl », 

Charles-Henri Fargues « Le jour où la yole bleue gagna le Tour de Martinique », 

Marijosé Alie-Monthieux « La belle et le pitt », 

Gaël Octavia, « Le dernier piqué de la tourterelle à queue carrée », 

Suzanne Dracius « Le marathon du macho, le martyrologue du major et le calvaire du coqueur », 

Térèz Léotin « Destin en recommandé ».

Extraits 4ème de couverture « … Négritude et créolisation ont contribué à donner à voir, à lire et à ressentir la Martinique dans toute la richesse de son histoire, de sa géographie, de ses paysages, tout en s’attachant à en démolir les nombreux clichés. Les nouvelles ici recueillies s’inscrivent dans ce sillage, cette tradition ». Alexis Bernaut

Incipit

« Zwèl » Viktor Lazlo

1 Germain

Étiennise ne l’aimait pas, c’était un fait indiscutable. En trois ans, elle avait accouché de deux garçons, deux poupins bruns comme des graines de bois d’Inde, parfaitement identiques, les mêmes yeux, les mêmes pieds, le même auriculaire tordu à la main droite, deux copies conformes de cet homme qu’elle rencontrait chaque dimanche après la messe et qui était marié à une autre.

« Le jour où la yole bleue gagna le Tour de Martinique » Charles-Henri Fargues

À Athon Joseph Mas, mon ami, mon frère.

Le soleil se levait à l’horizon plein est sur la plage du bourg du Vauclin d’où partirait tout à l’heure la quatrième étape du Tour de Martinique des yoles rondes, l’événement le plus populaire et donc le plus important du pays avec le carnaval.

« La belle et le pitt » Marijosé Alie-Monthieux

Voilà ! C’était en train d’arriver, elle allait le quitter. Il connaissait par cœur cette sensation d’une force terrible qui l’aspirait, vidait son corps de tous ses fluides, laissant une flaque nauséeuse surle sol et les tremblements d’un chiffon de peau suspendu aux tremblements de sa carcasse…

« Le dernier piqué de la tourterelle à queue carrée » Gaël Octavia

Quand elle revient à elle, elle est seule. Elle fait quelques pas sautillants le long du sentier mais ne le reconnaît pas. Elle s’était endormie sur de la terre sèche, ocre, parsemée de petits cailloux coupants, et la voilà qui avance péniblement sur une glaise souple, presque noire, accrochant chacun de ses pas. L’odeur non plus n’est pas la même. Ni le son.

« Le marathon du macho, le martyrologue du major et le calvaire du coqueur » Suzanne Dracius

Ce qu’avait démontré Passionise l’avait à peine convaincue. Naomi avait réellement peine à les suivre, désormais. D’historiettes en grandes théories, de blagues en axiomes empiriques, chacune y allait de sa propre expérience, en prêtant à peine l’oreille à celles des autres, saisissant seulement une parcelle de ce que l’autre racontait, rebondissant sur un détail insignifiant, sur un mot, voire une syllabe, comme Éleuthéra, pour en faire un jeu de mots ou tout ramener à soi, chacune recentrant le propos sur sa propre petite personne, sans véritable souci de ce que voulaient dire les autres, de ce qu’elles criaient ou pleuraient ou déploraient ou raillaient, et l’ensemble lui paraissait passablement décousu.

« Destin en recommandé » Térèz Léotin

C’est avec le premier pas qui conduit partout où va la vie que les aventures possibles et inimaginables commencent toujours. Le destin de notre « dynastie » dépend d’une de ces aventures qui, au premier abord, ne semblait pas l’être. Je vais conter ici la genèse originale d’une circonstance improbable qui fait que je suis là aujourd’hui.