Un roi en quête d'auteurité
de Corinne Mencé-Caster
L’auteur se propose d’analyser les conditions de possibilité d’une pensée de l’auteurité à travers le discours historiographique alphonsin. Le corpus choisi – l’Histoire d’Espagne d’Alphonse X – l’a été en raison de son positionnement frontalier, et donc ambigu, entre une historiographie en langue latine et une historiographie en langue vernaculaire, où un monarque menacé dans sa souveraineté, s’assume tout à la fois comme roi, comme sujet du roi, comme historiographe et comme artisan langagier. C’est que le milieu du XIIIe siècle, en Castille, marque un tournant pour l’historiographie royale. L’écriture en «roman», l’«accaparement de l’autorité d’écriture» par le roi Alphonse X signalent un point de rupture, favorable à une évolution des «formes-auteur» traditionnelles. Ces mutations, favorables à la constitution d’une nouvelle instance auctoriale invitent à interroger un concept aussi problématique que celui d’auctoritas, afin de voir quelle assise effective donner à celui d’auteurité. Seulement, comment penser et «traquer» cette inventivité dans une culture où le primat reconnu à la Tradition semble d’emblée l’invalider?
Tel est le cœur du présent ouvrage, dont l’audace intellectuelle mérite d’être soulignée: examiner les modalités de tressage du savoir ancien et du savoir nouveau pour manifester la manière dont surgit progressivement un discours nouveau, une vision du monde autre. Entre philosophie, sémiologie du discours historique, rhétorique et linguistique énonciative, cette réflexion rigoureuse qui s’inscrit dans la droite lignée des travaux du SIREM (GDR 671 du CNRS) et du SEMH-Sorbonne (CLEA, EA 4083) dirigés par le Professeur Georges Martin, est aussi une invitation, et ce, dans une perspective dialogique, à la relecture des textes fondateurs de l’épistèmè médiévale et du savoir moderne.
La autora ofrece una propuesta de conceptualizaciόn de la autoría en el discurso historiográfico alfonsino, a partir de un corpus que está constituido por la Estoria de España de Alfonso X. La elecciόn de este corpus se justifica plenamente : por una parte, ocupa una posiciόn ambigua entre la historiografía latina y la historiografía en romance y por otra, es la obra de un monarca polifacético que ambicionaba la creación de nuevos paradigmas de poder mediante la elaboración de una red coherente de textos jurídicos, científicos e históricos. Cabe precisar que a mediados del siglo XIII, la historiografía real conoció una serie de mutaciones favorables a la evolución de un nuevo imaginario en la escritura, lo que supuso cierta ruptura con el imaginario de la auctoritas y abrió paso a un proceso de afirmación de cierta forma de autoría. Pero ¿cómo pensar y reconocer las huellas de esa inventividad dentro de una cultura dominada por el respeto de la tradición y la sumisión a los auctores?
De esta cuestión tan candente se trata en este estudio cuya audacia intelectual merece nuestra atención: examinar las modalidades de transmisiόn de los textos antiguos para evidenciar la manera cómo se fue creando y difundiendo un discurso nuevo, una visión del mundo distinta. Situándose entre filosofía y semiología del discurso histórico, entre retórica y linguística enunciativa, esta reflexión de gran rigor científico que se enmarca perfectamente en los trabajos del SIREM (GDR 671 del CNRS) y del SEMH-Sorbonne (CLEA, EA 4083) dirigidos por Georges Martin, nos invita también, desde una perspectiva dialógica, a leer de nuevo tanto los textos fundadores de la épistèmè medieval como los que caracterizan el saber moderno.
Corinne Mencé-Caster
Professeur des universités à l’Université des Antilles et de la Guyane, responsable du Master recherche «Traduction et édition en contexte multilingue», Corinne Mencé-Caster est membre de plusieurs comités scientifiques de revues internationales. Elle a dirigé Penser l’entre-deux et écrit notamment Langage et représentation du monde dans La Célestine. Elle a organisé en novembre 2009, en collaboration avec Georges Martin et Carlos Heusch à l’ENS de Lyon, un colloque international sur «Traduction et pouvoir en péninsule Ibérique au Moyen Âge».
Auteur de nombreuses études sur les mécanismes linguistiques et rhétoriques qui régissent la construction discursive du «sujet» dans les textes historiques, littéraires et juridiques (XIIIe-XIVe siècles), elle s’intéresse aussi à la problématique de la transmission textuelle du point de vue de l’idéologie du sujet d’écriture, et singulièrement à la dimension politique des traductions médiévales.
Catedrática de la Universidad de las Antillas y Guayana, responsable del Máster de investigación «Traducción y edición en contextos multilingues», Corinne Mencé-Caster es miembro de varios comités científicos internacionales. Dirigió Penser l’entre-deux y escribió Langage et représentation du monde dans La Célestine. Organizó, en colaboración con Georges Martin y Carlos Heusch en la ENS de Lyon en noviembre de 2009, un coloquio internacional sobre «Traducción y poderes en la península ibérica en la Edad Media».
Autora de numerosos estudios sobre los mecanismos linguísticos y retóricos que rigen la construcción discursiva del «sujeto» en los textos históricos, literarios y jurídicos (siglos XIII y XIV), se interesa también por la temática de la transmisión textual desde el punto de vista del sujeto de la escritura, tratándose especialmente de la dimensión política de las traducciones medievales.