Cher(e)s Compatriotes,
L’année qui s’achève restera avant tout, pour la Martinique, comme celle qui a vu la disparition d’Aimé Césaire.
Et nous avons tous encore en mémoire l’immense émotion ressentie par le peuple martiniquais. L’émotion également ressentie bien au-delà des frontières de notre île et qui nous a rappelé, s’il en était besoin, l’exceptionnel rayonnement de la pensée de ce grand humaniste.
Il nous a quittés sans avoir eu le temps d’assister à un événement qui a marqué les esprits en Martinique comme partout dans le monde. Je veux parler de l’élection de Barak Obama à la présidence des Etats-Unis. Un événement qui s’inscrit dans la trame de ce long combat, auquel le chantre de la Négritude aura pris une part essentielle ; le combat pour faire reconnaître à toutes les composantes de l’humanité la plénitude de leurs droits fondamentaux et les mêmes aptitudes à occuper tout le champ du possible.2008 a été, par ailleurs, localement, une année d’intense activité politique.
Il y a eu, bien sûr, les campagnes électorales municipales et cantonales. Mais surtout la tenue, il y a une quinzaine de jours, du congrès des élus départementaux et régionaux, qui ne s’était pas réuni depuis avril 2003.
Cette réunion a permis de confirmer que la plupart des élus considèrent qu’il ne peut y avoir de réel développement de la Martinique dans le système institutionnel actuel. Un système marqué par une dispersion des lieux de décision et des moyens et par une trop grande limitation des possibilités d’adaptation des lois et règlements dans des domaines où la réalité locale devrait pourtant l’imposer.
Partant de ce constat, une large majorité des élus s’est dégagée en faveur d’une collectivité et d’une assemblée uniques ainsi que d’une évolution vers le régime législatif - celui de l’article 74 de la Constitution - qui ouvre la possibilité de disposer, localement, de réels pouvoirs d’adaptations.
Une deuxième partie du congrès, qui, elle, va se tenir dans le courant du premier trimestre 2009, permettra aux élus de préciser les domaines dans lesquels ils souhaitent voir les responsables politiques martiniquais bénéficier de telles possibilités.
Il s’agit là, il faut le souligner, de propositions. Des propositions sur lesquelles les citoyens martiniquais doivent évidemment pouvoir se prononcer en toute sérénité ; à l’issue d’un large débat permettant une libre confrontation de tous les points de vue.
2008 aura enfin été marquée par la terrible crise financière qui a pris naissance aux Etats-Unis et dont les conséquences sont mondiales, entrainant partout de graves crises économiques et sociales.
Nous en subissons d’autant plus les conséquences qu’en France, la crise se développe dans un contexte de difficultés financières croissantes de l’Etat.
Nos collectivités territoriales sont particulièrement touchées. Elles le sont plus que celles de l’Hexagone, alors même qu’elles jouent un rôle encore plus important que ces dernières en matière d’équipement et de développement du territoire.
C’est notamment le cas du Conseil général, jusqu’ici premier donneur d’ordre public en Martinique, et qui se trouve dans l’obligation de réduire sa politique d’investissement, en attendant de retrouver de nouvelles marges de manœuvre financières.
L’année 2008 ne se termine donc pas sur des perspectives très favorables.
Pour autant, nous ne devons pas céder au pessimisme.
Nous devons aborder la nouvelle année avec la volonté de surmonter les difficultés qui nous attendent.
Et nous y parviendrons si nous savons recourir à cette inestimable ressource qui a toujours fait notre force dans les moments difficiles : la solidarité.
Dans la période que nous allons traverser, je formule donc le vœu que chacun d’entre nous ait à cœur de développer et de multiplier les liens de solidarité.
Que chacun d’entre nous s’attache à placer au-dessus de ses intérêts propres l’intérêt supérieur de la Martinique. Les élus doivent évidemment, à cet égard, s’appliquer à donner l’exemple.
Pour ce qui le concerne, et en dépit du contexte difficile, le Conseil général, qui est la collectivité de la solidarité, va tout mettre en œuvre pour améliorer encore les politiques qu’il impulse dans le domaine social ; des politiques destinées prioritairement aux personnes âgées, aux personnes handicapées, à l’enfance en difficulté, aux personnes en situation de précarité,…
Cette forte implication dans le social ne se fera pas, bien entendu, au détriment des autres politiques qu’il mène. Notamment celles en faveur de la jeunesse (qu’il s’agisse des collèges, du soutien scolaire, de l’aide aux étudiants, du développement des T.I.C. ou de l’action culturelle et sportive) ; celles en faveur du transport, des équipements routiers et portuaires ; celles en faveur de l’environnement, de la prévention des risques naturels ou du soutien à l’économie,…
Au vœu que je viens de formuler en faveur d’une Martinique plus solidaire, je veux en ajouter un autre et qui concerne le débat institutionnel en cours : celui que chaque citoyen ait à cœur de s’informer le plus possible afin d’être en mesure, le moment venu, d’effectuer en toute lucidité et en conscience le meilleur choix pour l’avenir de notre pays.
Mais vous comprendrez que, portant mon regard au-delà de la Martinique, je tienne également à souhaiter que 2009 voit s’apaiser les douloureux conflits qui ensanglantent la planète et que, dans l’immédiat, les grandes puissances prennent leurs responsabilités face aux événements tragiques qui se déroulent en ce moment à Gaza.
Mes Chers(e)s Compatriotes,
Au seuil de l’année nouvelle, je tiens aussi, bien entendu, à adresser, à chacune et à chacun d’entre vous, des vœux plus personnels.
Avec une pensée particulière pour celle et pour ceux qui sont confrontés à la solitude, à la souffrance physique ou à la souffrance morale.
A chacune et à chacun, je formule des vœux très chaleureux de santé, de bonheur et de réussite dans ses projets.
Bonne et heureuse année 2009 !