Au début du mois de juin 2009, alors qu'un juge parisien venait d'admettre la plainte déposée contre Bongo par Transparency International, l'autocrate gabonais s'éteignait dans une clinique de Barcelone.
Quatre jours après la mort du dictateur, soit le 12 juin 2009, un haut fonctionnaire de la BCEAC se confiait à un diplomate de l'ambassade américaine de Yaoudé, au Cameroun (siège de la Banque). Selon lui :
« Les dirigeants gabonais ont utilisé les fonds détournés pour leur enrichissement personnel et, suivant les instructions de Bongo, ont remis une partie de l'argent à des partis politiques français, y compris en soutien au président Nicolas Sarkozy. »
« La meilleure manière de voler de l'argent à une banque »
L'argent aurait profité « aux deux camps, mais surtout à droite, en particulier à [l'ancien président français Jacques] Chirac mais aussi Sarkozy. Bongo était le président africain préféré de la France », indiquent les câbles.
Des informations en ce sens circulent depuis des années. Dans « Affaires africaines », le journaliste Pierre Péan racontait déjà comment Omar Bongo avait financé, en 1981, les campagnes de Valéry Giscard d'Estaing et de François Mitterrand.
Le document confidentiel remis par l'ambassadrice américaine au Cameroun Janet Garvey à la secrétaire d'Etat Hillary Clinton décrit en détail « la meilleure manière de voler une banque » africaine, contrôlée par le clan du président gabonais.
La BCEAC regroupe les réserves des Etats membres de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale :
* le Gabon (qui en désigne le gouverneur),
* le Cameroun (où est situé le siège),
* la République du Congo,
* la République centrafricaine,
* le Tchad,
* la Guinée Equatoriale.
L'ambassade, pas en mesure de vérifier l'accusation
Selon le câble datant de juillet 2009, le gouverneur de la BCEAC, le Gabonais Philip Andzembe, avait placé en secret 500 millions d'euros dans un investissement à haut risque de la banque française Société générale.
Un audit de la BCEAC a été mené et aurait révélé des malversations encore plus larges et plus audacieuses, liées à la hiérarchie des officiels gabonais.
« L'enquête interne a montré que 36 millions de dollars [environ 28 millions d'euros, ndlr] ont été détournés via des chèques à des hauts responsables du Gabon. »
« Cette ambassade n'est pas en mesure de vérifier la véracité de l'accusation selon laquelle des hommes politiques français ont bénéficié du détournement de fonds », conclut le télégramme signé de l'ambassadrice Janet Garvey.
Le président Omar Bongo est mort à la clinique Quiron de Barcelone, le 8 juin 2009, après 42 ans de règne sans partage sur un petit pays riche en pétrole. Son fils Ali l'a remplacé à la tête du pays en août de la même année.
SOURCE : Rue89