SALVADOR : Elections présidentielles

L'ex-guérillero du FMLN se compare à ...Obama

Candidat du Front Farabundo Marti de Libération National (FMLN), Mauricio Funes est donné favori des élections présidentielles au Salvado. Ancien journaliste de télévision, Funes permettrait aux anciens guérilleros d'accéder au pouvoir 17 ans après la fin d'une sanglante guerre civile qui avait fait 75 000 morts. Source : Associated Press



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Si Mauricio Funes, le favori, sort vainqueur de l'élection dimanche, il donnerait une nouvelle victoire à la gauche latino-américaine et mettrait fin à deux décennies de gouvernements conservateurs, fidèles alliés des Etats-Unis.

Mauricio Funes, du Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN, l'ancien mouvement de guérilla devenu parti politique), est opposé à Rodrigo Avila, un ancien chef de la police nationale, formé par le FBI, candidat de l'ARENA (Alliance républicaine nationaliste, le parti conservateur au pouvoir). Funes a devancé Avila durant toute la campagne dans la majorité des sondages, même s'il reste de nombreux indécis parmi les 4,2 millions d'électeurs.

Mauricio Funes a déclaré jeudi qu'il pensait avoir de bonnes relations avec le nouveau président américain Barack Obama s'il est élu. "J'ai confiance dans son bon sens et dans le fait qu'il a une vision différente de l'Amérique latine", a-t-il déclaré.

Cette élection intervient en effet dans un contexte d'incertitude sur la manière dont le nouveau président américain va se comporter vis-à-vis de l'Amérique latine. L'ancien président américain George W. Bush y était très impopulaire, mais aujourd'hui, même le fougueux Vénézuélien Hugo Chavez et ses alliés ont exprimé l'espoir d'entretenir de meilleures relations avec Obama, même si les accents anti-américains ne se sont pas émoussés.

L'Amérique centrale a récemment rejoint le glissement vers la gauche de l'Amérique du Sud. Le président hondurien Manuel Zelaya s'est allié à Hugo Chavez, tout comme le Nicaraguayen et ancien guérillero sandiniste Daniel Ortega, revenu au pouvoir en 2007. Et l'an dernier, Alvaro Colom est devenu le premier président de gauche du Guatemala depuis plus de 50 ans.

Interrogé sur ces différentes gauches aujourd'hui au pouvoir en Amérique latine et sur laquelle avait sa préférence, Funes s'est refusé à "s'aligner avec une gauche quelconque": "la gauche que je dois représenter est la gauche salvadorienne qui répond à ses circonstances", a-t-il lancé.

Rodrigo Avila, 43 ans, et l'ARENA derrière lui, jouent sur la peur du communisme dans un pays très polarisé, qui a du mal à se remettre des blessures laissées par 12 ans d'une guerre civile qui a fait 75.000 morts et fut marquée par les exactions des escadrons de la mort d'extrême-droite. Avila a mis en garde contre une victoire de Funes qui, selon lui, conduirait le Salvador sur la voie du communisme et sous la domination de Chavez et de La Havane...

Les partisans de Funes rejettent cette menace, destinée selon eux à détourner les électeurs des problèmes actuels: hausse de la criminalité et du chômage, augmentation du coût de l'alimentation et des carburants.

"La guerre est finie", a affirmé David Munguia, colonel à la retraite qui dirige un groupe de cent officiers ayant apporté leur soutien à Mauricio Funes. Une alliance sans précédent. "Nous ne pouvons pas changer notre passé, mais nous pouvons construire un avenir ensemble."

La campagne s'est durcie ces derniers jours, des affrontements éclatant entre les partisans des deux candidats. Mercredi, M. Avila a accusé les sympathisants de M. Funes d'avoir attaqué sa caravane de campagne à coups de pierres.

Le FMLN a choisi Mauricio Funes, 48 ans, espérant adoucir son image extrémiste, 17 ans après avoir déposé les armes et être devenu un parti politique, dans le cadre des accords de paix signés à l'époque.

Mauricio Funes, qui a quitté le journalisme en 2007 pour rejoindre le FMLN, est un modéré qui a promis de lutter contre la corruption et l'évasion fiscale. Dans ses spots de campagne, il s'est comparé à Obama, mettant en parallèle son message aux promesses de changement du président américain.

Le chef de l'Etat actuel, Tony Saca, très proche des Etats-Unis, ne pouvait pas se représenter, la constitution l'empêchant de briguer un deuxième mandat de cinq ans. AP