Jacob ZUMA élu président par le Parlement
Jacob Zuma, chef populaire et controversé du Congrès national africain (ANC), a été élu président de la République sud-africaine mercredi par le Parlement réuni au Cap (sud-ouest), deux semaines après les élections législatives. Il devient ainsi le quatrième président de l'Afrique du Sud post-apartheid, un poste toujours occupé par l'ANC depuis 1994. Il a recueilli 277 voix parmi les 400 parlementaires, soit 13 de plus que le nombre de députés de l'ANC
L'autre candidat, le révérend Mvume Dandala du Congrès du peuple (Cope), une formation créée en décembre par des dissidents de l'ANC, a obtenu 47 voix. Les députés de la deuxième formation du pays, l'Alliance démocratique (opposition, 67 sièges), se sont abstenus.
La victoire de Jacob Zuma a été saluée par des cris de joie de députés, qui ont scandé "Zuma, Zuma" dans l'hémicycle. Son élection, au suffrage universel indirect, était une formalité : l'ANC a décroché 65,9 % des voix au scrutin du 22 avril, et il suffit d'une majorité simple pour être élu chef de l'État. Jacob Zuma "est un dirigeant compétent qui incarne notre combat continu contre ce que l'humanité a de pire à offrir et incarne l'espoir que nous, en tant que nation, allons triompher de tous les défis", a déclaré au Parlement, avant le début du vote, Winnie Madikizela-Mandela, ancienne épouse du premier président noir sud-africain Nelson Mandela.
Politiquement mort en 2005, après avoir été limogé de son poste de vice-président, Zuma tient ici sa revanche. À 67 ans, il revient la tête haute au Parlement, qu'il a quitté en 2005 lorsque le chef de l'État, Thabo Mbeki, l'a congédié de la vice-présidence, après la condamnation pour corruption de son conseiller financier Schabir Shaik. Il a aussi survécu à un procès pour viol, où il a été acquitté, et à des années d'enquête pour corruption, une accusation levée juste avant les élections générales. Ce tribun polygame tient sa force d'un soutien populaire jusque-là inébranlable.
Il deviendra officiellement président samedi, lors de son investiture à Pretoria, capitale administrative. Quelque 5.000 personnalités sont attendues. Jacob Zuma va succéder à Kgalema Motlanthe, le vice-président de l'ANC qui assure l'intérim depuis septembre après la démission forcée de Thabo Mbeki. Il devrait annoncer dès dimanche la composition de son gouvernement, qui tentera de répondre aux énormes attentes des électeurs en termes de services publics et de lutte contre la pauvreté. 43 % des 48,5 millions de Sud-Africains vivent avec moins de 2 dollars par jour, et le taux de chômage frôle les 40 %. La tâche s'annonce ardue. Zuma débute son mandat de cinq ans alors que la première économie du continent devrait entrer en récession pour la première fois depuis dix-sept ans. Quelque 208.000 Sud-Africains ont perdu leur emploi au cours du premier trimestre.
Le nouveau président devrait injecter du sang neuf dans son gouvernement, mais conserver le ministre des Finances sortant, Trevor Manuel, en poste depuis 13 ans et chouchou du milieu des affaires, à la direction d'un nouvel organisme chargé de surveiller les performances des ministres. Les principaux alliés de Jacob Zuma, les syndicats et le Parti communiste, réclament en outre leur part du gâteau après avoir soutenu le chef de l'ANC. "Les nominations devront refléter la volonté d'une partie de l'ANC de renforcer les services publics", particulièrement déficients dans les townships, estime l'analyste politique Aubrey Matshiqi.
Source : AFP