Il avait prévenu, au terme de sa victoire en demies sur Richard Gasquet, qu'il n'aborderait pas cette nouvelle finale comme les autres. Et Gaël Monfils a tenu parole. Comme la veille il a attaqué pied au plancher : service de plomb, jeu agressif du fond. De quoi largement dominer les débats face à un adversaire dont la balle ne lui fait pas mal. Que ce soit l'alternance coup droit lifté ou grandes frappes à plat, il a vite été évident pour tout le monde y compris Kohlschreiber que le bras de fer du fond du court tournerait à l'avantage d'un Français impossible à prendre de vitesse. Mais ce dernier a, comme souvent lors des finales, eu tendance à vendanger les occasions. Et cela aurait pu coûter cher.

Six balles de break, dont trois à 6-5, manquées dans la première manche et deux dans la deuxième. Si Monfils a su ne pas se frustrer pour aller chercher le jeu décisif, il a subi un vrai coup de pompe dans le deuxième. Soudain lent sur les jambes et baissant considérablement d'intensité, il a alors vu surgir de sa boîte un adversaire retrouvant soudain lucidité et réussite (16 coups gagnants). Terminées les montées dans des conditions suicidaires et punies par un Monfils très inspiré en passing, et retour du coup droit qui promène dans tous les coins du court et du revers à une main qui trouve des angles très croisés. Tendu en sentant le match basculer, Monfils a alors perdu le fil et le set.

Monfils n'a pas craqué.

Mais le 13e joueur mondial a su se faire violence pour aller chercher un break rapide (4-2) avant de dérouler. Et c'est bien la bonne nouvelle du jour : malmené, il n'a pas coulé. Au contraire, le poing souvent serré vers son clan, il a relevé la tête et bombé le torse pour faire se résigner un Allemand qui aura parfois perdu bien trop d'énergie à bougonner contre l'arbitrage ou son manque de chance. Il reste qu'au vu de ce match entre deux joueurs susceptibles d'être sélectionnés, le France - Allemagne de mars au premier tour de la Coupe Davis devrait être disputé. Après le week-end désastreux au niveau individuel à Maastricht pour les barrages de Coupe Davis, Gaël Monfils s'est relancé de la meilleure manière en allant assumer son statut de tête de série n°1 devant le public français. La fin de saison pourrait donc sourire à celui qui ne veut certainement pas attendre encore quatre ans pour soulever un autre - et plus gros - trophée.

 Carole Mouchard