Le président brésilien Lula, ainsi qu'une pléthore d'athlètes brésiliens, avaient fait le déplacement à Copenhague pour défendre la candidature de Rio. A Rio, l'annonce de la victoire a été accompagnée d'une explosion de joie alors que des dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées sur la plage de Copacabana.
"La ville est prête. Donnez-nous cette chance", avait demandé Lula devant les délégués du CIO, dans la matinée. Un vœu exaucé, à la grande joie du président brésilien. Les larmes aux yeux devant les caméras, il a déclaré que "tout le Brésil était à la fête". "Nous organiserons les Jeux les plus extraordinaires que le monde ait connus", a-t-il ajouté. Les déclarations euphoriques de Lula montrent à quel point le Brésil tout entier était impliqué dans cette candidature. Mustapha Kessous, envoyé spécial du Monde à Copenhague, raconte l'ambiance après la victoire de Rio : les cris de joie des Brésiliens et les larmes de Pelé. Tout le Brésil a explosé de joie hier après-midi, et pour une fois le responsable n’était pas le football. En confiant l’organisation des Jeux olympiques de 2016 à Rio de Janeiro, le Comité international olympique a voulu célébrer l’enthousiasme et le dynamisme d’un pays amoureux du sport qui, à partir de 2014 avec la Coupe du monde de football, à vivre deux années synonymes de défis majeurs. L’ampleur de la tâche confiée au Brésil peut impressionner, le continent sud-américain n’ayant jamais organisé un tel événement. Le lobbying du président Lula et du mythique Pelé a bien sûr pesé dans la balance, mais la tentation était trop forte pour le CIO de récompenser les efforts d’une nation économiquement émergente. Les prochains JO, dominés par la statue du Christ, baignés par les plages de Copacabana et d’Ipanema, ont déjà de l’allure. Rio de Janeiro a sept ans pour se préparer au feu d’artifice, sept années qui ne seront pas de trop pour résoudre le taux de criminalité élevé et les problèmes d’infrastructures touchant la cité carioca. Madrid grand perdant Rio est prêt. Donnez-nous cette chance », avait demandé Lula, évoquant la « nouvelle frontière » que ces Jeux historiques représenteraient pour le mouvement olympique. Il n’a pas été déçu, au contraire de Madrid, la grande perdante d’hier. Madrid et Rio avaient été largement devancés par Londres au moment de l’attribution des Jeux de 2012. Les Espagnols, de nouveau battus, ne succéderont donc pas à Barcelone, qui avait organisé l’événement en 1992. « Il faut féliciter Rio, et aussi tout le travail que nous avons fait, qui a été excellent. C’est une déception pour nous », déclarait hier la reine Sofia d’Espagne au micro de la télévision nationale espagnole TVE. La présence de la capitale en finale relevait malgré tout de la surprise, notamment en raison des appréciations médiocres que son dossier avait reçues de la part de la commission d’évaluation du CIO, présidée par Jacques Rogge. Chicago et Obama s’inclinent Plus tôt dans la journée, le vote des membres du Comité international olympique n’avait pas été tendre envers Chicago, éliminé au premier tour du scrutin. Le déplacement ultra-médiatisé à Copenhague de Barack Obama, ancien sénateur de l’Illinois, et l’appui du joueur de basket-ball David Robinson ou du sprinteur Michael Johnson n’ont pas suffi à influencer les sommités de l’olympisme. La candidature de la ville américaine a souffert d’un trop grand nombre de points faibles, tels l’absence d’un système de transports de haute qualité, un manque de garanties financières, et une atmosphère de violence rendant incertaine la sécurité des athlètes et des différents acteurs. La dernière affaire en date, la divulgation d’une vidéo d’un adolescent tué en pleine rue, a sûrement joué dans cette élimination aussi précoce qu’inattendue. La Maison-Blanche, par l’intermédiaire de David Axelrod, l’éminence grise d’Obama, s’est montrée fair-play : « C’est décevant, mais cela valait la peine de faire cet effort et je suis content que nous l’ayons fait. » A Tokyo, quatrième ville en lice, l’annonce de l’élimination n’a guère ébranlé la nuit. En raison de l’heure tardive – l’annonce de l’élimination de Tokyo est survenue à 0 h 30 heure locale –, aucune manifestation de masse n’avait été prévue dans la capitale japonaise, par ailleurs battue par la pluie d’automne. Tout juste pouvait-on, en glissant une oreille attentive dans les rues, percevoir la déception des quelque 300 supporteurs. Koga Kan, l’un d’entre eux, a publiquement regretté le choix du CIO : « L’approche de l’environnement était la bonne. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi nous avons perdu. Pour les JO, l’écologie est un thème d’avenir. » Les faiblesses nippones, pourtant, frappaient les yeux : un manque d’adhésion populaire, des retards dans la construction des enceintes sportives, et le fait que l’Asie vient tout juste d’organiser les Jeux olympiques à Pékin. En offrant la plus grande manifestation sportive du monde à Rio, le CIO, au moins, a versé dans l’originalité.