TASER ... DANGEREUX POUR LE COEUR

taser2.jpgL'avertissement vient de la firme elle-même

Pour la première fois, la firme américaine recommande aux forces de l'ordre de ne pas viser la poitrine avec l'arme.
Une manière d'éviter toute controverse quant à son éventuel danger pour le cœur humain.


Cettefois, ce ne sont pas ses opposants, mais la maison-mère elle-même qui ravive lespréoccupations sur l'éventuelle dangerosité du Taser. Le 12 octobre dernier,Taser International a publié un bulletind'information dans lequel il est conseillé aux forces de l'ordreutilisant ce pistolet à impulsions électriques de ne pas, dans la mesure dupossible, viser la poitrine ou le cœur des suspects. Selon la firme del'Arizona, il est préférable de viser le bassin, le dos ou les jambes, afind'éviter tout risque cardiaque. Même si ces dangers sont présentés comme étant«extrêmement faibles».

Lorsquel'impulsion du pistolet a un effet sur le coeur, «les recherches ont conclu quela distance qui sépare le coeur du dard d'un pistolet en est le premier facteurexplicatif», affirme aussi le fabricant dans ce guide au langage très techniqueet mesuré.

C'estla première fois que la firme admet que ses pistolets capables d'administrerdes décharges allant jusqu'à 50.000 volts risquent de provoquer des arrêts cardiaques,souligne le quotidien The Arizona Republic, qui a révélé l'existencede ce document.

Mardi,Taser International a toutefois tenu à préciser que son bulletin d'informationne faisait état d'aucun risque pour la santé. Selon son argumentaire, il s'agitsurtout d'éviter aux forces de l'ordre toute controverse sur les éventuelsdangers de cette arme pour le cœur humain.

Lacompagnie énumère d'ailleurs les multiples facteurs qui peuvent provoquer unaccident cardiaque au cours d'une interpellation, comme la consommation dedrogues ou des problèmes de cœur antérieurs. Et d'ajouter : «Ce genre de décèsarrive aussi sur un parcours de golf».

 

Les réfractaires ravis de ce revirement

Dèsla publication de ce texte, la Gendarmerie royale du Canada (GRC), la policeprovinciale de l'Ontario et plusieurs autres services de police municipaux ontfait savoir qu'ils suivraient ces recommandations. Les départements de policeaméricains et australiens ont également commencé à faire passer le message.

EnFrance, où policiers et gendarmes disposent 4.615 pistolets à impulsionsélectriques, Taser, contacté par lefigaro.fr, n'a pas pu réagir dans l'immédiatet préciser si la recommandation allait être transmise en français.

Quantaux opposants de cette arme, ils voient dans cet avertissement un revirementspectaculaire dans la communication de la compagnie. Pour l'Associationaméricaine de défense des libertés publiques (American Civil Liberties Union,ACLU), qui dénonce depuis plusieurs années l'utilisation de ce pistolet, ilconstitue une «nouvelle preuve que les forces de l'ordre doivent arrêter del'utiliser et se demander s'ils ne se sont pas fait avoir sur la marchandise».

«Taseradmet maintenant qu'il y a un souci potentiel et qu'ils ne savent pas avec quoiils jouent», a déclaré Jarid Feuer, responsable d'Amnesty International, quiréclame que soit menée une étude médicale indépendante pour déterminer«pourquoi des gens meurent après un tir de Taser». Selon l'ONG, entre 2001 etdécembre 2008, 351 personnes ont trouvé la mort après avoir subi une déchargede Taser. 90% de ces victimes n'étaient pas armées lorsqu'elles ont faitl'objet de l'impulsion électrique.