50 ans d'attente et Letchimy propose... l'expérimentation !
Le Jeudi 24 décembre 1959, le Conseil Général de Martinique adoptait une délibération dont le 10° point constituait une demande de modification du Statut de la Martinique pour une plus grande autonomie.
50 ans plus tard, Serge Letchimy, le président du PPM, appelle les électeurs à faire capoter ce projet tant attendu par le peuple martiniquais. Une position difficilement défendable que des militants de la première heure, s'apprêtent à rendre public une déclaration en faveur de l'autonomie de l'Article 74 de la Constitution.
R E P U B L I Q U E F R A N C A I S E LIBERTE – EGALITE - FRATERNITE _____ PREFECTURE DE LA MARTINIQUE CONSEIL GENERAL EXTRAIT DES DELIBERATIONS _____________ M O T I O N __ LE CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE, réuni en son hôtel en session extraordinaire le 24 DECEMBRE 1959, A l’occasion de graves évènements qui se sont déroulés depuis le 20 décembre à Fort-de-France, a voté à l’unanimité la motion suivante: PROTESTE contre la répression brutale exercée par les C.R.S. et les forces de police, répression qui a causé la mort de quatre personnes et fait de nombreux blessés parmi les civils; S’INCLINE devant les victimes innocentes et s’engage à indemniser leurs malheureuses familles; ESTIME que les manifestions puissantes et spontanées qui ont mis en mouvement les milliers de Martiniquais et surtout les jeunes sont les preuves d’un mécontentement profond du peuple martiniquais. Ce mécontentement a pour cause l’arrogance et le racisme déclaré de certains métropolitains, la brutalité des C.R.S. qui sont unanimement détestés. Ces manifestations sont également une protestation contre la misère généralisée, les bas salaires, le chômage massif qui frappe surtout les jeunes, les impôts excessifs, la non-satisfaction des promesses faites par les Gouvernement; Elles sont également la conséquence du marasme économique qui ruine la production industrielle, artisanale et agricole; CONSIDERE qu’il convient également d’éviter l’extension de telles manifestations à travers le pays. En conséquence, le CONSEIL GENERAL DEMANDE: 1°/ Le retrait immédiat de tous les C.R.S. et des éléments racistes indésirables; 2°/ La libération immédiate de tous les Martiniquais emprisonnés à l’occasion de ces derniers incidents; 3°/ Application du S.M.I.G. sans abattement de zone; 4°/ L’abandon du projet gouvernemental d’introduire à la Martinique pour la prochaine récolte des milliers de travailleurs étrangers, mesure qui aggraverait le chômage et serait une véritable provocation à la misère des couches laborieuses; 5°/ La réduction sensible des impôts qui frappent les petits gens, artisans, petits commerçants, fonctionnaires, etc… 6°/ Des mesures immédiates pour lutter contre le chômage: a) création, dans les plus bref délais, d’une caisse de secours aux chômeurs alimentés par les fonds d'État, b) Installation d’industries nouvelles et de chantiers de grands travaux d’équipement, par la création d’un fonds social d’investissement géré par le Conseil Général; 7°/ Extension de tous les avantages de la Sécurité Sociale et l’application intégrale du régime des prestations et allocations familiales; 8°/ La diminution du prix de l’électricité; 9°/ Création d’urgence de centres d’apprentissage et d’écoles professionnelles et attribution de crédits plus importants à l’école publique. LE CONSEIL GENERAL DEMANDE 10°/ Que des conversations soient entamées immédiatement entre les représentants qualifiés des Martiniquais et le Gouvernement pour modifier le Statut de la Martinique en vue d’obtenir une plus grande participation à la gestion des affaires martiniquaises ./. Ainsi délibéré et adopté en séance publique du CONSEIL GENERAL le JEUDI 24 DECEMBRE 1959