Fronde des Maires contre la Taxe Professionnelle, Fillon chahuté.

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 "Où est Sarko? Où est Sarko?"


Malgré de nombreux chahuts, le Premier ministre a évoqué "son respect" des élus locaux. Il n'a toutefois pas réussi à désamorcer la fronde des élus locaux face aux réformes controversées du gouvernement

Tenu pour rassurer les élus locaux sur le bien-fondé de la réforme de la taxe professionnelle, le Premier ministre François Fillon n'a pas reculé d'un iota mardi 17 novembre, provoquant l'incompréhension et le désarroi des maires de France venus en congrès pour discuter de la réforme des collectivités territoriales.

Déjà, cela commençait mal. Le Premier ministre François Fillon a été copieusement sifflé dès son arrivée au Congrès des maires de France réuni à Paris. Opposés à la réforme de la taxe professionnelle, les élus ont crié : "Où est Sarko? Où est Sarko?", le chef de l'Etat, bien qu'invité, n'étant pas présent. Le président UMP de l'Association des départements de France, Jacques Pélissard, a réclamé "du respect" et "un accueil républicain" pour le chef de gouvernement. L'an dernier, François Fillon s'était déjà fait siffler par les maires sur le service minimum d'accueil, que doivent mettre en place les communes en cas de grève des enseignants.


Boycott du discours

Devant tant de détermination, plusieurs dizaines d'élus locaux ont commencé à quitter l'enceinte où le Premier ministre continuait à s'exprimer. "Ca sert à rien de rester. C'est du baratin ", a déclaré à l'AFP Pascal Cherki, maire PS du XIVe arrondissement de Paris, un des élus qui quittaient la salle. Le président du groupe PS au Sénat, Jean-Pierre Bel, a estimé que le Premier ministre "n'a pas entendu le désarroi des élus locaux" face à des projets "régressifs". Dans un communiqué, Jean-Pierre Bel "déplore l'entêtement du gouvernement à improviser la suppression de la ressource principale des collectivités locales et à imposer la réforme territoriale".
"Sous l'enrobage démagogique de la baisse de la dépense publique se cachent des visées purement politiciennes: asphyxier les contre-pouvoirs locaux et marginaliser les collectivités locales!", ajoute-t-il.

Garanties

Pourtant, François Fillon a bien tenté de les rassurer. Il a garanti que "les ressources financières des collectivités locales seront confortées" après la réforme. "Il ne s'agit pas de réduire les ressources financières des collectivités locales : elles seront confortées à l'issue de la réforme que propose le gouvernement", a-t-il déclaré 
"Il ne s'agit pas de redéployer les charges des entreprises vers les ménages: les ménages ne sont pas affectés par la réforme", a aussi dit François Fillon. Il a aussi annoncé qu'il désignerait "dans les prochains jours un médiateur" pour venir en aide aux collectivités confrontées à des "emprunts toxiques", lors d'un discours devant plusieurs milliers d'élus réunis au Congrès des maires de France.

"Par respect"

Le Premier ministre François Fillon a justifié sa présence au congrès des maires par "le respect" qu'il leur doit. "Le respect et la vérité, c'est ce qui justifie ma participation à cette nouvelle session annuelle de votre congrès", a lancé le chef du gouvernement. "Il y a des questions, des doutes, parfois des inquiétudes ou des critiques sur les réformes en cours", a-t-il ajouté devant une salle pleine, où le public dépassait largement les quelque 4.000 places assises.
"C'est mon rôle d'être parmi vous pour vous faire part de mes convictions et répondre aux questions légitimes que vous vous posez" (..), a-t-il poursuivi. "C'est pourquoi j'ai répondu à l'invitation de votre président", a-t-il ajouté.

Sarkozy aux abonnés absents

Un président étrangement bien absent. Nicolas Sarkozy, en visite en Arabie Saoudite ne devrait pas participer au congrès. Le président a préféré inviter le 20 novembre, au lendemain de la clôture du Congrès, 700 maires à l'Elysée, toutes étiquettes confondues, pour débattre avec eux des réformes.
Une formule qui ne satisfait pas le PS : il a demandé à Nicolas Sarkozy de "venir expliquer" la réforme des territoires devant le Congrès. Dans le cas contraire, il ne participera pas à la réunion du 20 novembre.
En revanche, pour le président de l'AMF, Jacques Pélissard (UMP), "c'est beaucoup mieux parce que cela permettra 
un échange entre lui et les élus".
Les maires pourront aussi affirmer leurs positions. "Nous sommes en position idéale puisque, le 19 novembre, commence la discussion sur la taxe professionnelle au Sénat et que les sénateurs s'ins

pireront de nos travaux", a ajouté Jacques Pélissard.
L'AMF rassemble près de 36.000 maires et présidents de communautés.

(Nouvelobs.com)