MARTINIQUE - Contribution de Fernand Tiburce FORTUNE

Le 10 janvier, donnons 10 sur 10 au pays-Martinique

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C’est jours-ci, nous nous sentons vraiment Martiniquais (ou plus largement Antillais), avec ce sentiment identitaire fort que notre Chanté-nwel est à nous, rien qu’à nous, rien que pour nous. Chanté-nwel sé ta nou ! Et nous ne  le répétons pas après les  amis Guadeloupéens.  Il en est de même pour des événement qui portent notre savoir être, qui nous façonnent, sculptent nos esprits et comportements, qui consolident notre vivre ensemble, cette manière d’être au monde que nous avons construite intelligemment, courageusement, patiemment, pierre après pierre, larme après larme, combat après combat, espoir après espoir, en 2 siècles de marche forcée

En voici la succession et celles que nous avons marquées de notre rythme et de notre Culture : Carnaval, Pâques, Mi-carême, Course de Yoles, la Toussaint, Jour des morts. Sans oublier les Lasso Tè, le bèlè, le laggia, nos contes, la biguine, la Mazouk créole, notre cuisine et singulièrement ces-jours-ci, nos pâtés cochons et notre jambon-nwel.

Pour une fois, il y a plus qu’assimilation, il y a plus qu’acculturation, nous sommes au-delà du copié-collé. Il y a là création presque ex-nihilo de mythes fondateurs, fondations de lignées stables et de filiations dans ou hors la religion, créations de maillages au quotidien pour nouer le tissu social martiniquais, à partir d’un socle commun de souffrances et de certitudes.

L’intelligence (certains ont dit la ruse ou le détour) aussi qui nous fait prendre et transformer en notre faveur la science, le savoir et les savoir-faire des puissants qui nous ont humiliés, écrasés, asservis.

Et nous avons fait ce Pays qui aété riche, si riche de notre travail aussi que la Royauté française nous a préférés aux arpents de neige du Canada et que l’Empire nous a gardés et a vendu la Louisiane.

Malgré tous les systèmes mis enplace par des politiques, des penseurs ou sociologues français qualifiés dans leurs domaines, avec leurs complices locaux, la résistance est encore présente, les peurs largement estompées, même s’il en reste des lambeaux bien exploités dans un monde de précarité majeure, où le désir de consommation basique (que l’on peut expliquer sociologiquement ou économiquement) reste une nécessité. Mais ont peur, même plus peur encore, les grands consommateurs bourgeois,  lettrés, instruits, débatteurs hors pair, les gaspilleurs, « qui craignent de perdre dans ce machin là ». Ces grandspousseurs de grands caddies sont pour le statu quo, ne veulent pas réfléchir,préfèrent que d’autres, à Paris, pensent et réfléchissent pour eux, agissent enleur lieu et place; que d’autres contiennent et surveillent (même si on lescritique) les fainéants bénéficiaires du RMI et autres primes ou allocations de l’Etat, pour lesquelles les femmes –naïves et stupides- font volontiers desenfants chaque année, sans réfléchir. Ah, en conclusion élitiste, notrementalité n’est pas bonne ! Les Martiniquais (et on oublie qu’on en fait partie) ne sont pas prêts pour le changement. Ces discours déconcertants de simplicité, s’appuient sur le verbiage de politiciens sans consistance qui se réveillent brusquement, sortent de l’oubli en jonglant avec les articles 73 et74, ce qui a permis de mieux embrouiller les esprits et d’atteindre l’objectif poursuivi. Ce sont des manipulateurs maladroits qui travaillent tellement lesesprits, l’inconscient et les peurs de nos concitoyens que ces derniers en arrivent à dire : ce monsieur pense comme moi.

Mais ceux qui sont les vrais adeptes du progrès, qui ne galvaudent pas ce terme et ne veulent pas  le mettre en œuvre à long terme, restent vigilants, respectueux de la démocratie, évitent le discours démagogique, ne nient pas les difficultés de l’épreuve, mais comptent sur notre courage, notre intelligence; sur nos savoirs accumulés, sur les savoirs endevenir, sur notre volonté de changer en toute sécurité. Nous savons, qu’ensemble, sans les outils d’une dictature imaginaire, mais avec une conviction partagée, nous tracerons la route d’un autre vivre ensemble qui grandira ce que nousavions déjà construit un peu en aveugle, sans l’accumulation intellectuelle et des pratiques constructives, dont nous bénéficions ce jour. Car bien sûr, il s’agit d’avancer, de progresser, de consolider, de construire, et pas de détruire notre Martinique chérie. Evidemment ! Qui en douterait ?

Donc, pas de zéro pointé, le 10  janvier 2010 pour la Martinique, suivi d’une convocation par le grand bon papa de Paris, pour se faire gronder.

Le 10 janvier 2010, donnons franchement le 10/10 de 1’excellence à nous-mêmes et au Pays-Martinique,  Sinon, nous assisterons chaque jour, à la construction, acrimonie contre  aigreur,antériorité contre priorité, d’une tension entre les adeptes  du 73 qui n’en n’ont pas la mêmeinterprétation, ni le même usage ; d’autre part entre le PPM et le Gouvernement pour l’inscription dans 6 ou 8 ans d’une autonomie, dont on ne nous dit pas clairement ce qu’elle sera et qui en seront les Ministres et le Chef du Gouvernement. Et au bout du compte, lecas échéant, un retour à un référendum. Encore !

Le temps des débats et des questions doit s’achever, pour un bon moment, le 10 janvier 2010.

Sinon, nous serons toujours dans l’instabilité, celle engendrée par les choix du PPM, plus celle de l’article 73, avec les interminables délais des lois d’habilitation, qui ne seront pas nécessairement votées par les deux chambres, et encore, à condition qu’elles soient inscrites à leur ordre du jour. Et le temps passera, passera…

Avec 10/10 au 74 et à la Martinique le 10 janvier, le choix démocratique majoritaire étant respecté par tous, la Martinique  atteint enfinà une stabilité et une tranquillité pour les esprits, pour la réflexion, pour la politique, pour les affaires, pour les investisseurs, donc pour l’emploi.

Le 10 janvier 2010, 10/10 pour le Pays-Martinique. Un 10/10 pour affirmer notre identité, notre personnalité et notre courage martiniquais, pour une relation apaisée et constructive avec laFrance; pour avancer et être mieux présent dans notre environnement caribéen, dans l’Europe, et dans le Monde.

Tout est possible pour le Pays-Martinique, tout, sauf la dictature et le parti unique.

Fernand Tiburce FORTUNE

Ducos, le 23novembre 2010.