10 janvier 2010 : Renoncer à soi, incroyable !

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RENONCER A SOI, INCROYABLE ! 


par Madeleine de Grandmaison
 


Nous sommes des gens du Sud, des gens au sang chaud, à l’émotion puissante, à la passion ravageuse, tout cela étant l’envers d’une douceur, d’une gentillesse toute aussi légendaire !


Comment notre pays est arrivé dans la situation d’aveuglement dans lequel il se trouve ?


Transformé qu’il est en un triangle des Bermudes aux sommets, occupé par trois Hommes !


Je ne les nomme pas, de peur que l’on ne m’attribue un ordre hiérarchique, ou une classification. Le moment est trop grave, et il nous faut sortir de ce triangle vicieux.

La Martinique s’est libérée de l’esclavage il y a 161 ans, elle est passée de colonie à Département, c’est la marche de l’histoire. Depuis 1958, par la voix de ses Elus dont le plus prestigieux d’entre eux, Aimé CESAIRE, elle aspire à assumer la gestion de ses affaires dans le cadre clairement défini de l’autonomie dans le grand ensemble français. Le monde a évolué dans ce sens, les puissances coloniales ont décolonisé aussi bien de grands territoires comme ceux de l’Afrique que des îles dont celles de la Caraïbe.
Après des décennies de centralisme, et de lutte de nos Elus, la France a desserré  l’étreinte et 1982 ce fut la décentralisation, mais le refus de l’Assemblée Unique par les mêmes qui, aujourd’hui veulent rester dans le statu quo.
L’insatisfaction politique avec le temps s’est doublée d’une dégradation économique et sociale aux multiples facettes ; tous effets et ressentis cumulés ont conduit à l’explosion de février 2009, enfin, le Gouvernement prête l’oreille aux revendications d’une nécessaire délégation des responsabilités portées par les Elus.
      

Et alors, volte face !

      Alors que ceux qui demandaient l’indépendance semblent avoir rejoint la position de CESAIRE sur la question de l’indépendance : « pousser le peuple martiniquais dans cette voie, c’est faire preuve d’irresponsabilité » (1978) et s’alignent sur un « juste degré d’autonomie » se traduisant par la possibilité d’une gestion de nos intérêts propres dans la République, ceux qui devraient porter haute la bannière de l’autonomie, avec des arguments fallacieux, repoussent cette ouverture historique, laissant libre cours aux passions, aux insultes, à l’invective, à la personnalisation à outrance ; c’est faire fi de la pédagogie de CESAIRE « un pas, un autre pas, un autre pas encore… et tenir gagné chaque pas »


        • Comment sans malhonnêteté faire croire aux Martiniquais que tout en étant dans la constitution française, nous, citoyens français allons perdre nos acquis ?
        • Comment refuser l’idée que des Martiniquais puissent mettre en œuvre un programme de développement de l’Agriculture, de notre propre inspiration en rapport avec nos besoins ;
        • Comment refuser que des Martiniquais puissent mettre en place, et le réaliser, un programme de logements en adéquation avec nos besoins, tant dans la qualité que dans la quantité ?
        • Comment ignorer la nécessité d’une gestion locale de notre littoral, du problème des 50 pas, de la pollution marine, de l’exploitation de nos richesses marines ?
        • Comment ne pas vouloir préserver nos terres agricoles sans que soit développée la peur à ce sujet ? Ne sommes-nous pas dans un Etat de droit ? 
        • … et plus généralement, comment refuser de prendre en main notre avenir et la défense de nos intérêts propres ?

                                          Ancien membre du Parlement Européen 

Voilà ce dont il s’agit en quelques grandes lignes simplement énoncées et pas exhaustives. 
ALORS ON PARLE D’UNE BATAILLE POUR LE POUVOIR, c’est perdre de vue que c’est le peuple qui élit, ou qui renvoie ses représentants.

En janvier 2010, le peuple Martiniquais répondant OUI à la question qui lui est posée, « approuvez-vous la transformation de la Martinique en une Collectivité d’Outre-mer régie par l’article 74 dans la constitution, dotée d’une organisation particulière tenant compte de ses intérêts propres au sein de la République ? » aura décidé aussi du cadre de son avenir.

Des Elections Régionales devront suivre en 2010. Les deux Assemblées et l’Etat auront disposé de deux ans (2010 - 2012) pour préparer dans de bonnes conditions « administratives, fiscales, sociales…) l’installation de l’Assemblée Unique en 2012, après des élections libres où le peuple par ses bulletins de vote choisira de donner la majorité à telle ou telle liste conduite par tel ou telle.

C’est le peuple et lui seul qui en tout état de cause choisira son Président d’Assemblée ! Voilà ce que l’on oublie de rappeler.
Nous avons à prendre en main notre avenir. Ne nous y trompons pas, toute abstention au moment du choix faudra renoncement à soi pour aujourd’hui et, pour nos enfants demain.

                                          Madeleine de GRANDMAISON.


                                          Conseillère Régionale


                                          Présidente du CMT


                                          Ancien membre du Parlement Européen