C’est une espèce rarissime. Quatre rhinocéros blancs du nord ont retrouvé, dimanche 20 décembre au Kenya, la terre africaine de leurs ancêtres, en provenance d'un zoo tchèque. Leur mission : se reproduire pour éviter l'extinction de leur espèce. Les deux mâles et les deux femelles ont parcouru 7 300 km, du zoo de Dvur Kralove à la réserve d'Ol Pejeta, au pied du Mont Kenya, au nom d'un projet baptisé "Ultime chance de survie" par ses promoteurs.
Iln'existe plus que huit rhinocéros blancs du nord à l'existence avérée au monde,et tous vivaient à ce jour en captivité. Or le déracinement et l'enfermement déprimentles animaux et leur ôtent le plus souvent l'envie de se reproduire. "J'espèrequ'en suscitant un changement climatique positif, ces animaux seront capablesde se reproduire et de maintenir l'espèce", a déclaré le ministre kényanen charge du patrimoine animalier, Noah Wekesa,en accueillant les bêtes.
Encoresous le coup des tranquilisants qui leur avaient été administrés pour levoyage, les quatre rhinocéros blancs – même s'ils paraissent plutôt gris aux yeuxdu profane – ont quitté paisiblement leur cage l'un après l'autre, pourrejoindre leur enclos au milieu de la savane.
Lesorganisateurs se sont entourés d'un luxe de précautions : les rhinocéros ont étéhabitués pendant un mois avant leur départ à leur cage en bois, mis au régimealimentaire kényan avant même leur arrivée, et leur corne avait été coupée pouréviter tout accident. "Nous vous envoyons les diamants de notre zoo,les derniers rhinocéros blancs du nord encore fertiles gardés en captivité",a déclaré la directrice du zoo tchèque, Dana Holeckova."Ce sont de beaux animaux. Ils aiment les gens, ils leur fontconfiance. Je vous en prie, faites attention aux rhinocéros. Ne les livrez pasaux braconniers", a ajouté la responsable, très émue.
Le braconnage, c'est précisèment ce qui a amené au bord del'extinction cette espèce de rhinocéros recherchée, comme les autres, pour lesvertus, notamment aphrodisiaques, attribuées à leur corne par la pharmacopéeasiatique. Des 20 000 rhinocéros noirs qui peuplaient le Kenya en 1973, il n'enreste ainsi plus que 609 aujourd'hui. La réserve privée d'Ol Pejeta, gérée parplusieurs associations de protection des animaux dont la BritanniqueFauna and FloraInternational et l'Américaine ArcusFondation, a précisément été choisie pour accueillir les rhinocéros car "lasécurité est une des meilleures de toutes les réserves du pays", s'estfélicité M. Wekesa.