Institut du Tout-monde, Prix Carbet de la Caraïbe
Un Carbet nouveau
Nous avons le plaisir de vous confirmer que le Prix Carbet de la Caraïbe 2009, dans sa vingtième édition, a été attribué à M. AlainPlénel, pour son action au cours des événements de décembre 1959 en Martinique. M. Plénel avait protesté contre les fusillades de Fort-de-France qui avaient fait trois morts parmi les lycéens de la ville, et avait été sanctionné par un bannissement et un arrêt brutal de sa carrière de haut fonctionnaire de l’Education nationale.
Cette attribution marque une nouvelle orientation du Prix Carbet, décidée par le jury. Il a été convenu en cette occasion que le Prix verrait sa zone de compétence élargie, non seulement à la Caraïbe et aux Amériques, mais à l’Afrique noire et à l’Afrique du Nord. Les phénomènes communs de créolisation, les solidarités du déve-loppement, et les réels contacts culturels et artistiques dans ces régions justifient cet élargissement.
Selon les mêmes perspectives, le Prix voit sa Poétique de plus en plus rappro-chée d’une Politique de la Relation, dans les inextricables liens des cultures et des sociétés de notre monde. Non pas un Prix à caractère politique, mais une littérature liée aux élans et aux frémissements des peuples qui cherchent dans les conditions modernes de leur existence les conditions mêmes du devenir équilibré des humanités.
Le Prix Carbet distinguera désormais aussi bien unouvrage qu’une œuvre glo-bale, et ceci dans tous les domaines de la pensée, aussi bien une œuvre qu’une vie, aussi bien une création qu’un exemple et un signe vers l’avenir.
Nous vous remercions pour le soutien que vous avez généreusement consenti à un tel effort de renforcement de nos cultures et de développement de l’imaginaire, nous espérons que vous nous garderez ce soutien, maintenant que le Prix Carbet a étendu son champ d’action, de réflexion, et de retombées solidaires.
Nous sommes heureux de vous présenter ce Carbet nouveau : le Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-monde.
Le jury du Prix Carbet, Fort-de-France, décembre 2009.
Nos lecteurs ont la parole :
MOURIESSE-BOULOGNE M.L
"J'ai lu attentivement la lettre de Raphaël Confiant à propos du prix Carbet. Etant anthropologue de formation et écrivant un ouvrage en ce moment, je suis particulièrement sensible à cette question. Il est difficile d'écrire, de produire, cela demande du temps, beaucoup de lectures, beaucoup de travail et il est important qu'il existe dans nos îles des outils qui permettent de valoriser les oeuvres locales. Ouvrir davantage effectivement pourrait conduire à dilapider l'argent public vers des espaces qui n'ont pas contribué à générer cette richesse.
Pour ma part, et en tant que contribuable, je préfère que mon argent permette de récompenser une personne méritante dans mon secteur géographique. L'intervention de Monsieur Confiant est fondamentale, car certaines personnes, voulant sans doute bien faire, peuvent oublier qu'elles aussi ont débuté et que l'aide aux oeuvres est souvent vitale pour encourager la production intellectuelle dans nos régions".