Aucun bilan officiel n'était encore disponible vers 03h00 GMT, mais diverses sources craignent un nombre élevé de morts et de blessés. Les Nations Unies, qui entretienennt une force de stabilisation forte de 9.000 hommes en Haïti, ont par exemple annoncé qu'un grand nombre de leur personnel était porté manquant. Un caméraman de l'Associated Press a pour sa part vu s'effondrer un bâtiment abritant un hôpital dans le quartier de Pétionville. Sara Fajardo, porte-parole de l'ONG Catholic Relief Service (CRS), a rapporté à la presse le récit que lui a fait Karel Zelenka, un collègue qui se trouve à Port-au-Prince. "Il doit y avoir des milliers de morts", lui a-t-il déclaré par téléphone, avant que la ligne ne soit coupée. "Il nous a dit que c'était le chaos absolu, un désastre total, qu'il y avait des nuages de poussières sur Port-au-Prince", a ajouté Mme Fajardo. Félix Augustin, le consul général d'Haïti à New York, a rapporté pour sa part que le Palais National avait été en partie détruit. "Les bâtiments se sont effondrés de toutes parts", a-t-il déclaré. "Il faudra deux ou trois jours pour que l'on connaisse la situation", prédit-il. De multiples sources faisaient état de bâtiments effondrés, de coupures d'électricité et de télécommunications et de cadavres dans les rues. PJ Crowley, porte-parole du Département d'Etat américain, a pu joindre le personnel de l'ambassade des Etats-Unis: "Ils ont parlé de bâtiments ecroulés, ils ont parlé de beaucoup de murs effondrés. Ils ont vu un grand nombre de corps dans les rues, sur les trottoirs, des gens frappés par des débris. Il est clair qu'il faut s'attendre à de nombreux morts", a-t-il relaté. Selon l'institut géologique américain (USGS), l'épicentre de la secousse était situé à environ 15 km à l'ouest de la capitale Port-au-Prince et à 8 km de profondeur. Dans l'heure qui a suivi la première secousse, une série de puissantes répliques ont été enregistrées, les deux principales d'une magnitude de 5,9 et 5,5, selon Don Blakeman, de l'USGS dans le Colorado. "Nous nous attendons à encore d'autres répliques, parce que c'est un séisme important, et peu profond", a-t-il dit. "Je crois que nous allons avoir des dégâts et victimes substantiels", a-t-il ajouté. Raymond Joseph, ambassadeur de Haïti aux Etats-Unis, est parvenu à joindre brièvement l'entourage du président René Préval. Son chef de cabinet Fritz Longchamp lui a raconté que "des immeubles s'effondraient de toutes parts" autour du palais présidentiel. Après ce témoignage, la ligne a été coupée et n'a pu être rétablie, rapporte M. Joseph. Un journaliste d'AP a vu les décombres de l'hôpital de Pétionville, près de Port-au-Prince, alors qu'un officiel américain en visite disait de son côté avoir vu des maisons effondrées dans un ravin. Tout le monde est totalement terrifié et sous le choc", a raconté Henry Bahn, du ministère américain de l'Agriculture, "le ciel est gris de poussière". Il marchait dans la rue quand la terre a tremblé: "j'ai continué à avancer, et je rebondissais contre les murs. J'ai juste entendu énormément de bruit, et des cris". Le gouvernement américain a annoncé qu'il tenait des réunions d'urgence pour organiser des secours. "Des équipes américaines de secours et de recherches ont été mises en alerte, et nous essayons de savoir dans quel état est l'aéroport", a fait savoir un porte-parole du Département d'Etat. De nombreux pays d'Amérique latine ont également annoncé leur intention de porter secours aux victimes. Le tremblement de terre a été ressenti de l'autre côté de la frontière, en République dominicaine, qui partage avec Haïti l'île caraïbe d'Hispaniola. Il a déclenché la panique à Saint-Domingue, la capitale, où des habitants affolés ont fui les bâtiments en train de trembler. Le tremblement de terre a également été ressenti à Cuba, déclenchant la panique parmi les habitants de la partie orientale de la grande île caraïbe. "On l'a ressenti très fort, et longtemps, on a eu le temps de descendre dans la rue", a expliqué Mgr Dionisio García, archevêque de Santiago de Cuba, l'un des endroits de Cuba les plus proches d'Haïti. On ne faisait en revanche pas état de dégâts à Cuba. Selon un autre analyste de l'institut géologique américain, Dale Grant, il s'agit du séisme le plus important enregistré dans la région: le dernier fort tremblement de terre en Haïti remonte à 1984, et il avait une magnitude de 6,7. Association Press