TF1 News : S'agit-il d'une zone propice aux séismes ? 

Nathalie Feuillet : Oui, elle est considérée à haut risque sismique parce que traversée par deux grandes failles. Leur rôle est d'absorber le mouvement entre les plaques américaine et caraïbe, qui est de l'ordre de 2 cm par an. Il y a une faille au Nord, appelée Septentrionale et une autre au sud, appelée Enriquillo. C'est cette dernière qui a cassé et Port-au-Prince est situé dessus.

 
TF1 News : pourquoi y a-t-il eu autant de dégâts ?
N.F. : Parce que ce séisme s'est produit très près de la surface de la Terre, à 10 kilomètres environ. C'est un séisme intraplaque, c'est-à-dire qu'il s'est produit dans la croute terrestre, dans la plaque caribéenne. Il est d'autant plus violent qu'il est peu profond. Il a probablement rompu toute la  croûte sismogénique jusqu'en surface,  sous la ville de Port au Prince. Il a été ressenti avec une intensité de IX, ce qui est considérable pour un séisme. Il faut également préciser que les constructions à Haïti, pays pauvre, sont très vulnérables et non para-sismiques. Au Japon, un séisme comme cela n'aurait pas fait de tels dégâts. Il faut par ailleurs s'attendre à des répliques importantes. Aujourd'hui, comme c'est déjà le cas, dans les prochains jours, voire les prochaines années. Ces grosses répliques attendues du côté de Port-au-Prince vont aggraver les dégâts.
 

TF1 News : Ces tremblements de terre sont-ils fréquents ?
N.F. Non. Les deux derniers séismes d'une magnitude comparable remontent à 1751 et 1770. Le plus grand connu qu'ait connu l'île date de 1842. Il était d'une magnitude 8 mais il s'est produit au niveau de la faille Nord. En général, quand les séismes important sont espacés dans la temps,  la population oublie qu'elle est soumise à un risque et on ne construit pas para-sismique. A Haiti, il y a aussi un problème de moyens qui s'ajoute.

 
TF1 News : Un tel tremblement de terre pourrait-il toucher la Martinique et la Guadeloupe ?
N. F. Oui, c'est tout à fait possible. Les Antilles françaises ne sont pas loin de la zone du séisme d'Haïti. C'est une zone à haut risque sismique également. Il y a des failles peut-être un peu plus petites que celles d'Haïti mais qui sont similaires. Le 21 novembre 2004, il y avait eu un tremblement de terre un peu comparable aux Saintes, en Guadeloupe mais plus petit (6,3). Aux Antilles, ce sont ces séismes dit de subduction, qui brisent l'interface de contact entre les plaques Américaines et Caraïbes qui sont les plus forts.