MARIE-LUCE PENCHARD ... EN DERAPAGE INCONTROLE.

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« Cela me ferait mal de voir 500 millions d’euros quitter la Guadeloupe au bénéfice de la Réunion ».

 

En campagne des régionales en Guadeloupe, la ministre de l’Outre-mer provoque la colère des socialistes réunionnais. A droite, on tempère.


Pas facile d’être ultramarine soi-même, ministre de l’Outre-mer et candidate dans l’une des régions d’outre-mer.
Marie-Luce Penchard en fait l’amère expérience après ses propos tenus lors d’un meeting dans la commune des Abymes, en Guadeloupe. But de l’opération : montrer aux électeurs guadeloupéens qu’elle n’est pas pour rien en deuxième position de la liste UMP, pour aller livrer bataille contre le président sortant, le socialiste Victorin Lurel. Aussi Marie-Luce Penchard a-t-elle fait jouer la fibre « pays ».
« Même si je vis en métropole, mon cœur est ici et restera ici ! Je n’ai envie de servir qu’une population, c’est la population guadeloupéenne », a-t-elle lancé. « Il y a des enjeux considérables, financiers, nous en sommes à une enveloppe de près de 500 millions d’euros pour l’outre-mer et cela me ferait mal de voir cette manne financière quitter la Guadeloupe au bénéfice de la Guyane, au bénéfice de la Réunion, au bénéfice de la Martinique et demain dire “Enfants de la Guadeloupe, je ne suis pas capable d’apporter quelque chose à mon pays ! “ », a-t-elle ajouté.
Des déclarations qui, dans la journée, d’hier, n’ont pas manqué de faire sursauter les élus d’autres régions d’outre-mer. A commencer par la Réunion, où le parti socialiste, par la voix de son candidat Michel Vergoz, demande carrément “la démission sans délai” de la ministre (voir par ailleurs).

Une mise au point venue de Paris

René-Paul Victoria lui-même, avoue que les propos de la ministre l’ont “surpris” et il attend d’elle qu’elle “réhabilite la confiance” mise en elle.
Les candidats de droite aux régionales, en revanche, prennent la défense de Marie-Luce Penchard. Ainsi, Didier Robert explique qu’elle a surtout voulu “montrer les carences de la politique régionale menée en Guadeloupe”.
Quant à Jean-Paul Virapoullé, il la tient pour “la meilleure ministre de l’Outre-mer” qu’il ait “jamais rencontrée”.
Reste que ce remue-ménage a incité la rue Oudinot à se fendre d’une “mise au point” dénotant un embarras certain. “Marie-Luce Penchard a indiqué à ses concitoyens qu’elle avait l’ambition de se mettre à leur service, en briguant un mandat électif et qu’elle excluait toute carrière politique en dehors de son département natal, précise son cabinet dans un communiqué.
Par ailleurs, Marie-Luce Penchard a regretté que l’actuel conseil régional de Guadeloupe n’ait pas initié plus de projets structurants pour les Guadeloupéens financés par les crédits nationaux et européens qui sont attribués à ce territoire”. Bref, selon son cabinet, elle “ne s’exprimait donc pas en tant que ministre de l’Outre-mer.
Depuis sa nomination rue Oudinot, elle a toujours été attentive à séparer rigoureusement son engagement politique local et ses responsabilités ministérielles”. Sauf qu’en l’espèce, elle a plus que frôlé le mélange des genres

D. C.

- Michel Vergoz : "La démission sans délai" Selon la tête de liste PS aux régionales, "les propos de la ministre de l’Outre-mer sont indignes et inacceptables. C’est l’outre-mer tout entier qui est méprisé au travers de ces propos irresponsables. Il y a aujourd’hui rupture de confiance nette et franche entre le gouvernement et les élus socialistes de la Réunion qui demandent la démission de Madame la Ministre, sans délai ».

- Jean-Paul Virapoullé : "Si j’étais Guadeloupéen, j’aurais dit la même chose" "Marie-Luce Penchard est la meilleure ministre de l’Outre-mer que j’ai rencontrée. Si j’étais Guadeloupéen, si j’étais dans l’oppositon au conseil régional conduit par Victorin Lurel, j’aurais dit exactement la même chose. Sur une période de cinq ans, la Guadeloupe a droit à 500 millions d’euros de fonds européens et ce que veut dire Mme Penchard, c’est que les élus régionaux de Guadeloupe ne sont pas capables de transformer tous ces financements en projets. Or, il existe une règle européenne dite du « dégagement d’office » qui oblige à remettre les crédits dans le pot commun s’ils n’ont pas été utilisés dans les deux ans. Or ici, à la Réunion, nous savons utiliser ces crédits et nous grignotons même une partie de ceux initialement destinés aux autres régions d’outre-mer. Madame Penchard a voulu dire qu’il y a un manque de dynamisme du conseil régional de Victorin Lurel".

- Didier Robert : "Elle ne dénigre personne" "Marie-Luce Penchard estime que la Guadeloupe n’a pas tiré suffisamment profit, en raison des acteurs guadeloupéens eux-mêmes, des moyens mis à disposition de l’ensemble de l’outre-mer. A l’inverse, nous avons à la Réunion des socio-professionnels qui sont capables d’utiliser la totalité de ces moyens, en montant des projets solides. Dans ses propos, elle n’entend pas montrer du doigt telle ou telle région d’outre-mer, elle ne dénigre personne. Elle entend au contraire montrer les carences dans la politique régionale menée en Guadeloupe ".

- René-Paul Victoria : "Ses propos m’ont surpris" "Les propos de la ministre de l’Outre-mer m’ont surpris. Même si elle est en campagne électorale, elle reste ministre de l’outre-mer. Je compte sur elle pour réhabiliter la confiance que nous avons tous mis en elle, lorsqu’elle a été nommée comme Domienne ministre de l’Outre-Mer".