Où allons-nous ?
Maurice Alcote aurait avoué. Ce juge du travail, responsable de la section commerce au conseil des Prud'hommes de Pointe-à-Pitre, mis en examen ce week-end pour corruption passive, « a reconnu les faits » selon le procureur Jean-Michel Prêtre.
Cet homme de 58 ans a été interpellé vendredi après-midi dans les locaux du conseil des Prud'hommes. Le procureur pointois et les gendarmes de Saint-François, commune de résidence de Maurice Alcote, l'ont cueilli dans son bureau. Il a ensuite été entendu sous le régime de la garde à vue pendant une vingtaine d'heures à la brigade, avant d'être mis en examen pour corruption passive et placé sous contrôle judiciaire. Le contrôle judiciaire n'a pas le pouvoir de relever un juge de ses fonctions, mais Maurice Alcote fait l'objet d'une interdiction de fréquenter le tribunal. « Le ministre de la Justice sera ensuite sollicité pour une suspension provisoire de ses fonctions » , précise le procureur. D'autres personnes mises en examen L'infraction a été révélée par des personnes à qui Maurice Alcote aurait proposé ses services moyennant finances. Les enquêteurs ont saisi une série de documents, des dossiers informatiques et des clés USB. Il va falloir maintenant déterminer le nombre de personnes ayant tiré profit du magistrat et les sommes exactes que ce dernier aurait touchées. D'autres personnes sont également poursuivies dans cette affaire, que nous révélions hier matin dans nos colonnes. Des complices ? Des patrons ou des salariés ayant monnayé leur procès ? Le parquet n'a pas voulu donné plus de détails sur les infractions reprochées aux autres mis en examen et sur leur nombre exact. Ils sont moins d'une dizaine en tout. Les faits reprochés à Maurice Alcote sont récents mais la période exacte reste à déterminer. Selon nos sources, les enquêteurs auraient particulièrement en ligne de mire une affaire datant de la fin du mois de janvier. Maurice Alcote a été pendant une dizaine d'années le président général du conseil des Prud'hommes de Pointe-à-Pitre élu par les chefs d'entreprises. Il exerçait cette fonction une année sur deux en alternance avec le représentant des salariés. Maurice Alcote aurait sollicité des promesses d'avantages, de l'argent ou des biens pour prendre des décisions orientées dans le cadre de ses fonctions. Ça, c'est pour la qualification juridique. En d'autres termes, il aurait touché des rémunérations de différentes natures pour faire gagner des procès aux Prud'hommes. Une infraction grave, qui peut avoir pour conséquence des sanctions lourdes. S'il est reconnu coupable de ces faits, il encourt dix années de prison, le paiement de dommages et intérêts importants aux victimes et des mesures disciplinaires dans le cadre de sa fonction, allant jusqu'à l'exclusion. Source : F.A. Guadeloupe