L'ancien homme fort du Panama Manuel Noriega, extradé des Etats-Unis vers la France, a été placé sous mandat d'arrêt par la justice française, qui l'accuse de blanchiment d'argent de la drogue.
Originaire d'un quartier pauvre de Panamá, il y reste jusqu'à ses années universitaires avant de partir dans une école militaire située au Pérou. Il est recruté par la CIA dès les années 1970, et accède au grade de sous-lieutenant de la garde nationale panaméenne à son retour .
Agent double de la CIA et des services cubains, il est fait commandeur de la Légion d'honneur en 1987, tout en relayant le trafic de la cocaïne colombienne. Il est lâché par les États-Unis en 1987 et en 1988 une cour américaine l'accuse de trafic de drogue et de racket. Noriega fut renversé le 20 décembre 1989 suite à l' invasion américaine au Panama.
L'avion d'Air France transportant l'ex-dictateur s'est posé peu avant 08h00 à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, en provenance de Miami où les autorités américaines ont procédé à son extradition.
Il est arrivé vers 11h00 au Palais de justice de Paris où le procureur lui a notifié son mandat d'arrêt, a rapporté un journaliste de Reuters. Un juge de la détention et des libertés devait décider son éventuel placement en détention provisoire à l'issue d'une séance contradictoire, a dit le parquet de Paris.
Manuel Noriega, 76 ans, a déjà été condamné par défaut par le tribunal correctionnel de Paris à dix ans de prison. La France réclamait son extradition de longue date et Washington l'avait autorisée début avril.
L'ancien général panaméen conteste les faits qui lui sont reprochés et a demandé à être rejugé à de nombreuses reprises.
Ses avocats français estiment qu'il ne peut être jugé en France en raison de son immunité d'ancien chef d'Etat.
Selon le ministère de la Justice, un nouveau procès doit être organisé dans une période de deux mois, renouvelable une fois, suivant son placement en détention provisoire.
PRISONNIER DE GUERRE
Son défenseur en France, Yves Leberquier, affirme que son client doit bénéficier en France du statut de prisonnier de guerre et réclame qu'il soit envoyé au Panama.
"C'est un juge américain qui lui a accordé le statut de prisonnier de guerre", a-t-il dit sur France Info. "La France étant parti à la convention de Genève qui prévoit le statut de prisonnier de guerre, elle doit également appliquer ce statut au général Noriega et ainsi ne pourra pas, en cas de détention, l'incarcérer dans une prison française."
Capturé en janvier 1990 lors de l'intervention militaire américaine au Panama, Manuel Noriega avait été condamné en 1992 à Miami pour trafic de drogue, racket et conspiration.
L'ex-général a fini de purger sa peine il y a deux ans mais la justice l'a maintenu sous écrou dans une prison de Floride dans l'attente de l'examen de la demande d'extradition de la France, accordée par la Cour suprême des Etats-Unis en janvier.
Né au Panama en janvier 1934, Noriega a fait carrière dans l'armée avant de devenir le dirigeant de facto du pays de 1983 à décembre 1989, et sa destitution par l'intervention américaine.
Collaborateur de la CIA depuis le début des années 1970, le général a d'abord été proche de Washington.
Mais son soutien aux dirigeants cubain Fidel Castro et libyen Mouammar Kadhafi, sa proximité avec le cartel colombien de la drogue de Medellin et le fait d'avoir poussé à la démission, en 1985, le président élu du Panama, Nicolas Ardito Barletta, lui ont valu de perdre le soutien des Etats-Unis.
En 1988, l'agence américaine de lutte contre le trafic de drogue (DEA) l'inculpe pour trafic de cocaïne et blanchiment d'argent. Moins de deux ans plus tard, il est arrêté par les Américains, après avoir trouvé refuge à la Nonciature apostolique à Panama, et emprisonné en Floride