Depuis vingt-deux ans, Thomas Hagan, militant de Nation of Islam, un mouvement noir musulman radical, était en semi-liberté. Mercredi 28 avril, il a été placé en liberté conditionnelle, après avoir passé plus de quarante années derrière les barreaux. Retour sur une journée qui a bouleversé l'Amérique.
Le 21 février 1965, une semaine après que quatre bombes ont explosé à son domicile, Malcolm X prononce un discours devant près de 500 personnes à Harlem (New York). Sa femme et ses enfants sont présents.
Dans la foule, un commando de trois hommes, dont Thomas Hagan. Dans le « Malcolm X » de Spike Lee est restituée fidèlement l'assassinat du leader noir.
Un premier homme tire deux fois. Malcolm X s'effondre. Deux autres s'avancent et lui tirent dessus alors qu'il est à terre. Il reçoit 16 balles.
Thomas Hagan est quasiment lynché par la foule avant son arrestation. Il est le seul à avoir reconnu son implication dans la mort de Malcolm X. Les deux autres membres du commando, tous issus de Nation of Islam, ont toujours clamé leur innocence et ont bénéficié d'une libération conditionnelle dans les années 1980.
Rupture consommée entre Malcolm X et Nation of Islam
Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer les tensions entre lui et le groupe Nation of Islam dont il a longtemps été le plus efficace porte-parole : rivalité personnelle avec le leader de NOI, Elijah Muhammad, divergences religieuses et idéologiques, notoriété de plus en plus grande pour Malcolm X…
Au lendemain de la mort de J.F. Kennedy, NOI somme Malcom X de se taire : celui-ci a quasiment applaudi l'assassinat du Président. Quelques mois plus tard, il quitte le mouvement.
Sous très haute sécurité, les obsèques d'El-Hajj Malik El-Shabazz, son nom musulman -il a fait un pèlerinage à la Mecque- rassemblent des dizaines de milliers de personnes. Sa mort fait craindre des représailles à la police, et surtout à Elijah Muhammad, le leader de NOI. Ce dernier ne se rendra pas aux funérailles.
Thomas Hagan a quitté la NOI. Musulman pratiquant, il a étudié l'histoire et la socio en prison. Avant sa libération, il a exprimé ses regrets.
Source : Rue89
Mieux connaître Malcolm X
Malcolm X (19 mai 1925 - 21 février 1965), né Malcolm Little, également connu sous le nom de El-Hajj Malek El-Shabazz1 (الحاجّ مالك الشباز en arabe) et surnommé « Red » lors de sa jeunesse (en raison de ses cheveux roux), est un prêcheur afro-américain, orateur et militant des droits de l'homme. Aux yeux de ses admirateurs, il est un défenseur courageux des droits afro-américains ayant mis en accusation les États-Unis pour ses crimes envers la communauté noire6. En revanche, ses détracteurs l'accusent d'avoir prêché le racisme, le suprémacisme noir et la violence. Il a été de nombreuses fois décrit comme l'un des plus grands et des plus influents Afro-Américains de l'Histoire.
Malcolm naît à Omaha, dans le Nebraska. Alors qu'il est âgé de treize ans, son père meurt, puis sa mère est transférée en hôpital psychiatrique. Son enfance, comprenant l'éducation de son père axée sur la fierté noire, et ses propres expériences sur le sujet, ont joué une influence très importante tout au long de sa vie. Après avoir vécu dans de nombreuses familles adoptives, Malcolm rentre dans le milieu criminel de Boston et de New York. En 1946, il est condamné à dix ans de prison.
Pendant son enfermement, il devient membre de Nation of Islam. Après sa mise en liberté conditionnelle en 1952, il devient l'un des leaders et porte-parole du groupe; pendant presque une douzaine d'années, il représente publiquement Nation of Islam. Les tensions entre Malcolm X et Elijah Muhammad, chef de Nation of Islam, l'amènent à quitter l'organisation en mars 1964.
Il fonde Muslim Mosque, Inc., une organisation religieuse ainsi que l'Organization of Afro-American Unity. Suite à un pèlerinage à La Mecque cette même année, il devient sunnite et désavoue publiquement le racisme; il se rend également dans divers pays d'Afrique et du Moyen-Orient. Moins d'un an plus tard, le premier jour de la National Brotherhood Week (semaine nationale de la fraternité), il est assassiné à New York. Trois membres de Nation of Islam sont condamnés pour ce crime,l'un d'eux, Thomas Hagan, ayant avoué. Il a été libéré hier par la justice américaine.