Goodluck Jonathan lui succède à la tête du pays le plus peuplé d'Afrique.
Nigeria - 150 millions d'habitants.Goodluck Jonathan est officiellement le nouveau président du Nigeria. Il a prêté serment jeudi, prenant la tête de ce pays le plus peuplé d'Afrique quelques heures seulement après la mort du président nigérian Umaru Yar'Adua, décédé des suites d'une longue maladie.
PHOTO : 2007, U. Yar’Adua gagne les élections. C’est la première fois dans l’histoire du Nigéria qu’un civil succédait démocratiquement à un autre civil à la tête du pays.
Goodluck Jonathan, qui était président par intérim depuis le 9 février, s'est ceint de l'écharpe verte, jaune et blanche aux couleurs du Nigeria, peu après 9h (8h GMT), symbole de sa prise de fonctions officielle à la résidence présidentielle.
Umaru Yar'Adua, qui souffrait depuis longtemps de problèmes rénaux et avait été récemment été hospitalisé en Arabie Saoudite en raison d'une problème cardiaque, est décédé mercredi à 21h (20h GMT) des suites d'une longue maladie à la villa présidentielle d'Aso Rock, avec sa femme Turai à son chevet. Le porte-parole de la présidence, Olusegun Adeniyi, n'a pas précisé les causes de sa mort, survenue à l'âge de 58 ans.
Goodluck Jonathan a promis que son administration s'efforcerait d'exercer une bonne gouvernance, se concentrant essentiellement sur la réforme électorale et la lutte contre la corruption. "Un des vrais tests, ce sera que tous les votes comptent (...) lors de l'élection présidentielle à venir", a-t-il déclaré lors d'une brève allocution.
Yar'Adua, qui était musulman et père de neuf enfants, devait être enterré jeudi après-midi dans l'état de Katsina. Jeudi a été déclaré jour férié, ont annoncé les autorités. Le Nigeria observera sept jours de deuil national.
A l'annonce du décès, le pays est resté calme. Aucune violence n'a été signalée. Goodluck Jonathan avait été officiellement désigné président par intérim en février après une longue vacance du pouvoir qui a menacé la stabilité de ce pays aux riches ressources pétrolières.
Selon la Constitution, M. Jonathan restera président jusqu'à la tenue d'élections, d'ici un an au plus, et devra choisir un vice-président, dont la nomination sera soumise à l'approbation du Sénat.
Le président américain Barack Obama a fait part de sa tristesse à l'annonce du décès de M. Yar'Adua, déplorant la mort "d'un dirigeant profondément intègre".
"Le président Yar'Adua a travaillé à la promotion de la paix et de la stabilité en Afrique à travers son soutien aux efforts de paix et une forte critique des actions antidémocratiques dans la région", a estimé M. Obama dans un communiqué.
Yar'Adua, ancien professeur de chimie, est devenu président du Nigeria en 2007, dans un pays rongé par la corruption et les coups d'Etat. Mais ces élections de 2007 étaient également porteuses d'espoir: il s'agissait de la première fois dans l'histoire du Nigeria qu'un civil succédait démocratiquement à un autre civil à la tête du pays, même si le vote a été entaché d'irrégularités et de fraudes. Cependant, dans un premier temps, Yar'Adua s'est attiré les faveurs de la communauté internationale en devenant le premier dirigeant de ce pays à déclarer publiquement ses biens.
Mais la lune de miel a été de courte durée car le nouveau dirigeant n'a pas pris les mesures nécessaires pour lutter contre la corruption.
Il a par ailleurs tenté de mettre une fin pacifique à l'insurrection dans la région pétrolière du delta du Niger. Les violences dans ce secteur ont permis à l'Angola à devenir le premier exportateur de brut du continent africain, devançant le Nigeria. Les efforts du président pour ramener la paix ont été stoppés par ses problèmes de santé.
Yar'Adua a été transféré dans un hôpital en Arabie Saoudite le 24 novembre dernier pour un problème que les autorités ont décrit comme un cas sévère de péricardite (inflammation du péricarde, membrane qui enveloppe le coeur et l'origine des gros vaisseaux).
Le président n'a pas pu transmettre formellement le pouvoir au vice président Goodluck Jonathan, ce qui a déclenché une crise politique majeure dans ce pays de près de 150 millions d'habitants.
Les députés avaient laissé la possibilité pour Yar'Adua de revenir au pouvoir si son état de santé le permettait, mais depuis son retour au Nigéria le 24 février, le président n'est pas réapparu en public.
Son bilan à la tête du pays reste décevant: il n'est pas parvenu à réformer le système énergétique, le système électoral ou encore à apaiser les tensions entre les musulmans et les catholiques.
Source : Associated Press