CATASTROPHES AERIENNES : LES ENFANTS SURVIVENT-ILS PLUS AUX CRASHS ?

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Si on en croit les statistiques, oui. Et il y ades explications rationnelles à cela.


 
Mercredi 12 mai, l'avion de la compagnie libyenne Al Afriqiyah s'est écrasé à l'aéroport de Tripoli à l'atterrissage. Bilan: 105 morts et un survivant, un enfant néerlandais de 8 ans.
Il y a un an, une adolescente de 14 ans, seule rescapée du crash de l'A310 de Yemenia Airways, était retrouvée après s'être accrochée dix heures à un débris au large des Comores. Les enfants auraient-ils plus de chances de survivre à une catastrophe aérienne que les adultes ?


A priori, tout est question de hasard quand il s'agit de survivre à un crash dans lequel périssent des centaines de personnes. Mais, statistiquement, les enfants s'en sortent mieux quand il n'y a qu'un seul rescapé: 7 des 15 uniques survivants des dernières catastrophes aériennes étaient mineurs, après compilation des données du Bureau d'archives des accidents aéronautiques et de la Flight Safety Foundation. Et ces «miracles» ont des explications rationnelles.

Selon les dernières informations concernant le crash de l'Airbus A330 à l'aéroport de Tripoli, l'avion s'est écrasé à un mètre de la piste d'atterrissage après avoir pris feu. Il s'est entièrement disloqué et des milliers de débris étaient éparpillés sur une vaste zone, à 500 mètres environ du bout de la piste. Dans ce carnage, tous les passagers et membres d'équipage sont morts. Tous sauf un: un enfant de 8 ans, selon les services de sécurité de l'aéroport de la capitale libyenne, dont les jours «ne seraient pas en danger». Erika Delgado, 9 ans, avait connu un sort et un engouement médiatique semblables lorsque, le 11 janvier 1995, son avion avait explosé en plein vol près de Bogota. Ejectée de l'appareil, elle s'était retrouvée à côté d'un marécage, sur un amas d'algues avec pour seule lésion un bras cassé, unique survivante des 51 passagers. Mais qu'est-ce qui vaut à ces enfants de s'en sortir quasi indemnes ?

Leur squelette encaisse mieux les chocs

Plus souple et moins fragile, le corps des enfants leur permet, comme on l'observe lors des accidents de voitures, de mieux encaisser les chocs et les secousses qui ont lieu pendant le crash. Souvent assis sur les genoux de leur parent pour les plus petits, le premier choc est ainsi amorti. Puis dans le cas d'une chute -qui peut atteindre dans des cas historiques 5.000 mètres d'altitude à une vitesse maximale de 200km/h- leur faible masse corporelle limite l'énergie cinétique à l'impact et donc les lésions occasionnées par leur éjection ou l'explosion de l'appareil. En 1971, l'avion dans lequel Juliane Köpcke voyageait avec sa mère vers Lima a été frappé par la foudre à plus de 3 kilomètres d'altitude. Elle a raconté plus tard que la première chose dont elle se souvenait était de s'être retrouvée dans le vide. Elle s'était réveillée plus tard dans la jungle péruvienne avec seulement une fracture de la clavicule et quelques entailles aux bras.

Ils ont des jambes plus courtes

De nombreuses victimes de crash sont retrouvées les jambes sectionnées au niveau de la cheville. En cause: le repose-pied métallique qui peut s'avérer dangereux en cas de crash. Les enfants, eux, sont logiquement plus «courts sur pattes» et n'ont donc rien à craindre pour leurs mollets. Ils sont aussi davantage protégés au fond de leur siège que les adultes à la tête et aux extrémités plus exposées. Ainsi, en 2007, Kate Williams, âgée de 3 ans, a survécu grâce au siège bébé dans lequel elle voyageait après le crash du quadriplace dans lequel tous les autres passagers ont péri.

Ils peuvent se faufiler

Comme ils sont plus petits, ils peuvent également s'échapper plus facilement des débris d'un appareil. En sortant notamment par de petits espaces et en s'extrayant de l'avion. Un enfant qui se déplace à quatre pattes ou qui est plus bas dans l'avion est également moins exposé aux fumées toxiques. Puisqu'elles se trouvent dans les parties hautes d'un lieu fermé, un enfant dispose au minimum d'un peu de répit avant d'être intoxiqué.

Ils ne savent pas ce qui va leur arriver

Si sur les 15 survivants des catastrophes aériennes depuis 1970 sept étaient des enfants, c'est peut-être aussi qu'ils ne se rendaient pas compte de la gravité de la situation quand le pilote a annoncé «nous avons un problème». Car adultes et enfants réagissent différemment face à la panique et l'approche d'une issue fatale. Si cela peut développer un instinct de survie chez certains -pour le journaliste Nigel Farndale, l'étude du comportement des passagers révèle que 8% des gens sont des «life survivors» qui chercheront à s'échapper, par tous les moyens-  12% souffriraient d'«inaction comportementale», paralysés sur leur siège par la panique. Pour les experts en accidentologie aérienne, difficile de spéculer sur le comportement qu'adoptent les enfants dans ces situations tragiques. Mais ils s'accordent à dire qu'ils sont sans doute moins paniqués car moins conscients de ce qui se passe. Et que leur naïveté peut contribuer à les sauver.

Margaux Collet