Un médecin-anesthésiste très impliqué dans l'action humanitaire a écrit lundi à Nicolas Sarkozy pour l'informer de sa décision de refuser la Légion d'honneur afin de protester contre sa politique sécuritaire.
Le chef de l'Etat avait nommé Anne-Marie Gouvet au grade de Chevalier dans l'ordre de la Légion d'Honneur le 14 juillet pour son "engagement fidèle au service de la France".
Mais le médecin-anesthésiste de Pau (Pyrénées-Atlantiques), qui pratique la médecine humanitaire avec Médecins du Monde depuis 30 ans, a fait part à Nicolas Sarkozy de son refus de cette distinction qui devait lui être remise en janvier 2011.
"Je mesure la gravité de ma décision", écrit-elle.
Elle souligne qu'il ne lui est pas possible "de cautionner toute forme de discrimination ethnique" dans son propre pays en allusion notamment au sort des Roms, dont le gouvernement a accéléré le démantèlement des camps illégaux.
Anne-Marie Gouvet dit avoir "travaillé dans trop de camps de déplacés pour tolérer la manière dont sont traités par la France les réfugiés et autres sans-papiers".
Elle se voit mal repartir à l'étranger avec cette décoration "tandis que les Roms, citoyens européens, vivent dans la boue et assistent, impuissants, à la destruction au bulldozer de leurs rudimentaires campements, avant d'être mis dans un avion vers un avenir aussi pitoyable qu'incertain".
Dans son courrier, elle refuse d'être "associée, de près ou de loin, à la politique mise en oeuvre par (le) gouvernement vis-à-vis des gens du voyage, stigmatisés comme seuls, ou presque, responsables de l'insécurité dans notre pays".
Pour elle cette politique est "absolument intolérable" pour un pays "immensément riche" qui se targue d'être "la patrie des Droits de l'Homme'.
SOURCES : Reuters. Le Point
Le Dr Anne-Marie Gouvet rejoint une vague de protestation
Après le père Arthur dimanche, c’est au tour d’un médecin anesthésiste de refuser la croix. Anne-Marie Gouvet, engagée auprès d’organisations humanitaires veut protester contre la politique d’expulsions menée par le gouvernement.
"C’est avec les hochets qu’on mène les hommes", se plaisait à déclarer Napoléon Bonaparte. Anne-Marie Gouvet n’est pas de ceux-là. Ce médecin anesthésiste qui participe régulièrement à des missions humanitaires a décidé de refuser sa Légion d’honneur. "Compte tenu de la politique de discrimination ethnique actuellement mise en œuvre par le gouvernement et la manière dont sont traités les réfugiés et autres "sans-papiers" dans notre pays, qui sont contraires à toutes mes valeurs, j’ai décidé de refuser cette distinction", a-t-elle précisé.
La liste est longue. Célébrités, politiques, artistes, scientifiques, journalistes, nombreux sont ceux qui ont refusé la promotion au rang de Chevalier de la Légion d’honneur. Certains par goût de la provocation. Beaucoup par éthique personnelle, estimant que leurs actes ne méritaient pas cet insigne honneur... ou refusant de ployer face à la séduction du pouvoir.
En janvier 2009, les journalistes politiques Françoise Fressoz (Le Monde) et Marie-Eve Malouines (France Info) refusaient la décoration, arguant que "rien dans (leur) parcours professionnel ne justifiait pareille distinction". Philippe Séguin, premier Président de la Cour des Comptes récemment décédé, ne voulut pas la recevoir, estimant qu’elle aurait dû revenir à son père, mort en 1944 pour la France. Le comédien et humoriste Coluche avait prévenu : "Si on voulait me donner la Légion d’honneur, j’irais la chercher en slip pour qu’ils ne sachent pas où la mettre".
Caroline Caldier,
SOURCE : RFI