«Eric Cantona tient à faire savoir que, contrairement aux informations parues, il a participé au mouvement citoyen suscité et qu'il a, à l'écart de l'emballement médiatique, à Péronne dans la Somme, effectué, aujourd'hui 7 décembre 2010 un retrait bancaire symbolique», indique un communiqué signé par ses avocats Christophe et Jean-Jacques Bertrand. Eric Cantona est «très heureux des réactions et commentaires publics, économiques et même politiques que ses déclarations ont provoqué et espère que ce mouvement permette une prise de conscience et contribue au débat d'idées», ajoute ce communiqué. Contacté par l'AFP, Christophe Bertrand n'a pas souhaité communiquer le montant retiré par l'ancienne star du ballon rond, indiquant simplement qu'«il y a un cadre légal, on ne peut pas retirer comme ça 10.000 euros». «Il n'a jamais appelé à un quelconque mouvement le 7 octobre», a par ailleurs indiqué l'avocat à propos de son client. L'ex-footballeur devait initialement retirer une somme d’argent à Albert (Somme) où il tournait un film mardi. Une vingtaine de journalistes ont attendu toute la journée la venue de l’ancienne star du ballon rond à l’agence BNP d’Albert, qui avait préparé à sa demande une somme d’argent. A la fermeture de l’agence, à 18H00, Eric Cantona ne s’était toujours pas présenté. Cantona tournait mardi aux côtés d’Isabelle Adjani dans un film de gangsters, «De force», sur l’aéroport d’Albert, un petit aérodrome servant essentiellement aux rotations des gros-porteurs Béluga qui transportent des composants d’Airbus, fabriqués à l’usine voisine de Méaulte. Pas d'effervescence ! L'appel de l'ex-star du foot n'a pas suscité mardi de mouvement de masse aux guichets, l’effervescence restant cantonnée à internet, où s’exprimait un ras-le-bol contre les banques. A Paris, Lille et Marseille, l’appel semblait très peu suivi, ont constaté des journalistes de l’AFP. A Marseille, ville natale d’Eric Cantona, les responsables de trois agences bancaires (LCL, BNP Paribas, Société Générale) du centre-ville n’ont relevé aucune activité inhabituelle. «Nous n’avons noté aucun changement. Nous n’avons même pas reçu de commandes de fonds en espèces de la part de clients», a expliqué Didier Borriello, directeur de l’agence centrale LCL, dont dépendent 39 autres agences du groupe bancaire. «Je m’attendais à avoir des demandes, nous n’en avons pas eu une seule», a-t-il précisé. A Paris, dans quatre agences du quartier de l’Opéra, les personnels interrogés ne constataient pas plus de retraits que d’habitude. Même son de cloche à Lille, où deux agences de l’agglomération interrogées (Crédit Mutuel et Caisse d’Epargne) ont indiqué n’avoir reçu aucune demande de retrait de la part de leurs clients. Plusieurs personnes interrogées en agence ou dans la rue témoignaient de leur sympathie pour l’initiative, sans pour autant vouloir la suivre. «Je vais retirer 500 euros, mais je ne peux pas faire plus», a expliqué Isabelle, postière, boulevard de Strasbourg à Paris (Xème) Crédit coopératif A Paris, des membres du collectif «Sauvons les riches» ont vidé mardi leurs comptes d’une agence Société Générale avant de déposer les espèces retirées au Crédit Coopératif, détournant l’appel d’Eric Cantona pour en faire un mouvement «constructif». L'initiative est soutenue par l'eurodéputé Vert Pascal Canfin sur son blog. Habillé d’une fausse tenue de Cantona sous le maillot de Manchester United, un autre membre du collectif, Maxime Hupel, a salué l’appel d’Eric Cantona tout en précisant que l’objectif de «Sauvons les riches» «n’est pas de faire écrouler le système», mais «de le faire mieux fonctionner». «C’est une alternative intermédiaire, mais qui ne réglera pas le problème de fond», a tempéré la scénariste belge Géraldine Feuillien, co-fondatrice du mouvement du 7 décembre, jointe par l’AFP. En fin de matinée, Mme Feuillien n’était pas en mesure de fournir de chiffres sur l’impact du mouvement, indiquant cependant avoir reçu de nombreux messages de particuliers ayant effectué des retraits, sans en donner le nombre et citant le cas d’un employé de banque «qui m’a dit qu’il avait retiré son argent hier à midi et s’est fait virer». Défiance vis-à-vis du système Sur la page dédiée du réseau social Facebook, quelques dizaines d’internautes affirmaient avoir suivi l’appel, au milieu de plusieurs centaines de réactions faisant état de leur défiance vis-à-vis du «système». L’initiative de Cantona a continué de lui valoir les critiques du monde politique. La ministre des Solidarités Roselyne Bachelot a dénoncé un appel qui pénaliserait «les Français les plus modestes». «A l’évidence, sa réponse n’est pas la bonne», a estimé la numéro du PS Martine Aubry, pour qui l’ex-footballeur marque «un but contre son camp» SOURCE : Libération