L’Inde souffle les 61 bougies de son indépendance, vendredi 15 août. Comme chaque année, cérémonies officielles et célébrations sont de mise, dans un contexte économique et politique cependant nettement moins réjouissant que l’année précédente. Sous la surveillance de tireurs d'élite postés au sommet de buildings, le président indien Manmohan Singh doit assister à la levée de couleurs sur les remparts du Fort rouge, forteresse mongole située dans l'est de la ville, avant de prononcer un discours.
En Inde, l'ambiance n'est pas vraiment à la fête ces derniers temps. En août dernier, le soixantième anniversaire de l'indépendance du pays coïncidait avec l'apogée du Shining India, cette "Inde éblouissante" à la conquête du monde, dont les médias indiens ne cessaient de vanter les mérites. Depuis, l'économie indienne a encaissé plusieurs chocs, l'obligeant à redescendre sur Terre.
La Bourse de Bombay, en chute libre depuis janvier, a atteint le mois dernier son plus bas niveau depuis avril 2007. La hausse des prix du pétrole commence à se faire douloureusement ressentir, tout comme l'inflation, qui vient de franchir la barre des 12%, faisant soudainement douter de la solidité du "géant économique indien".
A la veille des célébrations nationales, le gouvernement a tenté
d'apaiser les tensions en annonçant une hausse de salaires conséquente
pour cinq millions de fonctionnaires.
Aux troubles économiques viennent également se greffer des problèmes politiques de plus en plus préoccupants. La coalition gouvernementale est mise à mal par des accusations de corruption, concernant le vote de confiance, qu'elle a remporté de justesse, le 22 juillet dernier. A cela s'ajoute la situation au Cachemire indien, qui empire de jour en jour. Enfin, l'Inde vient encore d'être secouée par une série d'attentats revendiquée par un groupe islamiste qui ont tué plus de 50 personnes.
Les grandes villes indiennes ont donc été placées sous haute sécurité en vue de la journée de l'indépendance. A New Delhi, des milliers de policiers et de paramilitaires ont été déployés, notamment autour du Fort Rouge de la vieille ville, du haut duquel le Premier ministre Manmohan Singh doit prononcer son traditionnel discours et procéder à la levée du drapeau Indien, vendredi matin. Le Parlement, l'aéroport international, les gares, les terminaux de bus et les stations de métro sont également sous haute surveillance."Nous avons mobilisé les ressources nécessaires et nous avons placé la
capitale sous protection anti-aérienne", a déclaré Rajan Bhagat,
porte-parole de la police de New Delhi. "Certains quartiers ont été
interdits de survol".
La police de New Delhi a par ailleurs prévu de coordonner ses actions avec celles des Etats indiens voisins et a demandé aux guest-houses, aux cybercafés et aux chauffeurs de taxi de les alerter de tout client au comportement "suspect". Des caméras de surveillance ont également été placées à différents endroits de la ville.
Malgré cette atmosphère pesante, les cérémonies officielles devraient se dérouler comme prévu. Après le discours du Premier ministre, auquel seules les personnes munies d'une invitation peuvent assister, la police et l'armée défileront au coeur de la capitale. Dans la plupart des Etats, des célébrations officielles sont organisées, par les représentants politiques locaux.
Mais, la journée de l'Indépendance est surtout l'occasion pour les Indiens de profiter d'un jour férié pour investir les parcs, se réunir en famille et s'adonner à une activité très prisée à cette époque de l'année: le cerf-volant.