ALLEMAGNE : LES VERTS INFLIGENT UN CAMOUFLET A ANGELA MERKEL

Avec 25 % des voix, les Verts vont gouverner le Bade-Wurtemberg

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PHOTO : Les militants des Verts laissent exploser leur joie, dimanche, à l'annonce des premiers résultats

 

Les nuages toxiques de Fukushima ont infligé une terrible douche froide à Angela Merkel. Le parti conservateur de la chancelière allemande a essuyé un rude camouflet électoral, dimanche, dans son fief du Bade-Wurtemberg. Traumatisés par les rebondissements quotidiens de la crise nucléaire au Japon, les électeurs ont sanctionné les revirements du gouvernement de centre droit en matière d'énergie atomique. Dopés par les événements, les Verts ont remporté une victoire historique et seraient en mesure, selon les premières estimations, de former un gouvernement régional avec les sociaux-démocrates à Stuttgart et d'installer leur premier ministre-président à la tête d'un Land.

Épaulés par le SPD (23,5 %), les écologistes (25 %) ont mis fin à 58 ans de règne de la CDU (38 %) dans ce Land prospère de 10 millions d'habitants du sud-ouest de l'Allemagne. Samedi, quelque 250 000 manifestants avaient fait monter la pression en clamant leur peur du nucléaire, exacerbée par l'accident de Fukushima. Et pour réclamer l'arrêt des réacteurs allemands. Facteur aggravant : le candidat conservateur à la direction du Bade-Wurtemberg, Stefan Mappus, était l'un des plus fervents défenseurs du lobby nucléaire. Ce Land compte quatre centrales atomiques, dont les deux plus anciennes du pays, qui ont été arrêtées la semaine dernière.

Volte-face

La volte-face de Merkel en matière nucléaire a déclenché la colère des électeurs, qui y ont décelé une manœuvre électoraliste. La chancelière, qui assurait que les centrales allemandes étaient «les plus sûres du monde», a ordonné l'arrêt temporaire de 7 des 17 réacteurs et une révision des mesures de sécurité. Cinq mois plus tôt, sa majorité avait voté la prolongation de la durée de vie des centrales de douze ans en moyenne, alors qu'un précédent gouvernement SPD-Verts avait promis «la sortie du nucléaire» à l'horizon 2020.

Le déclin des conservateurs et la montée en puissance des Verts dans le Bade-Wurtemberg avaient été amorcés par la mauvaise gestion de Mappus sur le projet «Stuttgart 21», le grand chantier urbain controversé autour de la gare de la capitale régionale. Les critiques contre le gouvernement fédéral concernant l'abstention de l'Allemagne lors du vote du Conseil de sécurité sur l'intervention en Libye et les concessions, jugées trop nombreuses, de Berlin à ses partenaires européens dans la résolution de la crise de l'euro ont aussi pesé sur ce scrutin régional. Dans l'État régional voisin de Rhénanie-Palatinat, qui votait également dimanche, le ministre président social-démocrate, Kurt Beck, en poste depuis 1994, a été réélu. Et les Verts y ont aussi réalisé une percée avec 15 % des voix. Les libéraux du FDP, partenaires de coalition de Merkel, sont les grands perdants des deux scrutins. À Mayence, ils n'ont pas atteint la barre des 5 % nécessaire pour siéger au Landtag. À Stuttgart, où ils la dépassent de justesse (5,1 %), ils ont subi une chute vertigineuse.

Le candidat des Verts, Winfried Kretschmann, probable futur patron du Bade-Wurtemberg, rassure par son pragmatisme. Les écologistes ont aussi pris, dimanche soir, une option pour déloger le maire social-démocrate, Klaus Wowereit, de Berlin en septembre.

SOURCE : LeFigaro.fr