31 MARS 2011 : C'EST AUJOURD'HUI QUE MAYOTTE DEVIENT DEPARTEMENT FRANCAIS

Un 101° département plombé par la crise


L'île devient officiellement le 101ème département français ce jeudi, malgré le report de l'élection du président de son conseil général. Elle va bénéficier d'aides élevées. Reste à «à savoir les utiliser».

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Au.début.de.l'année, le chef de l'État se rendait à Mayotte en prévision de la création du 101e département français. Pour les 186.000 habitants de l'île, la promesse devient réalité ce jeudi 31 mars, malgré que l'éléction du président de son conseil général a due être reportée, faute d'un quorum suffisant pour l'élire. Un nouveau rebondissement dans un processus qui en promet encore d'autres.



Si 2010 a préparé le processus de départementalisation, Mayotte a encore du chemin à parcourir: les défis économiques et sociaux sont énormes. Économiques d'abord, parce que l'île est dans une situation difficile. Selon la note de conjoncture de l'Institut d'émission des départements d'outre-mer (Iedom, le relais outre-mer de la Banque de France) publiée récemment, l'année dernière a été particulièrement atone dans tous les secteurs (notamment l'agriculture, le BTP, le commerce). Le marché de l'emploi a continué de se détériorer, la consommation a reculé, les importations aussi. Bref, Mayotte a connu une année 2010 «morose» et, en dehors de perspectives un peu moins mauvaises dans le tourisme, «l'année 2011 ne laisse pas entrevoir de franche amélioration», a indiqué le nouveau directeur de l'Iedom, Nicolas de Sèze.

 

 


Fonds de développement 

 

Défis sociaux ensuite, car l'île doit faire face à des flux migratoires importants. La part des étrangers, originaires surtout des autres îles des Comores - qui viennent pour trouver un travail, rejoindre des proches, pour bénéficier de la scolarisation de leurs enfants ou pour se faire soigner - est passée de 15 % au début des années 1990 à près de 41 % en 2007, relevait l'Institut d'émission dans une précédente étude. La grande majorité serait en situation irrégulière.

Le coût de l'immigration clandestine a été estimé dans un rapport sénatorial de 2008 à 32,4 millions d'euros pour l'Éducation nationale et 30 millions pour les services de santé - plus de 3,3 millions consacrés à la lutte contre cette immigration (police, gendarmerie…). Sans compter le coût du travail au noir.

Nouveau département français, Mayotte «va bénéficier de fonds de développement relativement importants», rappelle-t-on à l'Iedom. Un autre enjeu va alors surgir: «La capacité à savoir les utiliser. Le vrai problème est là. Il faut une vraie maîtrise d'ouvrage pour les projets, cela va prendre du temps.» Il faudra ensuite que le secteur privé prenne le relais de l'investissement public. Pas une mince affaire dans un territoire où, aujourd'hui, «produire revient plus cher