Monsieur le Président Mesdames, Messieurs, Chers amis
Martinique écologie vous souhaite la bienvenue !
Le développement soutenable est la colonne vertébrale de ce nouveau parti politique. Il structure et clarifie la gouvernance d’un territoire … les choix et les orientations politiques d’un pays.
Dans le secteur économique on parle de responsabilité sociétale des organisations. Ce qui signifie « responsabilité sociale et environnementale des entreprises ».
Pour l’organisation d’un pays on parle d’écologie politique. C’est le choix de Louis BOUTRIN. Il s’en expliquera dans un instant !
2011 offre une alternative !
Une alternative à ce que nous connaissons dans ce pays. Une nouvelle voie parce qu’un autre monde est possible. Une nouvelle route, tracée dans le vaste champ des perspectives du développement soutenable.
L’alternative c’est le développement soutenable de la Martinique.
Parce qu’il n’y a plus de place, ni pour le doute … ni pour la peur.
Seule l’objectivité doit être le moteur de notre pensée.
Parce que nous voulons réhabiliter ce pays, ses femmes et ses hommes …
Parce que nous voulons laisser un territoire d’avenir, un territoire riche de volontés, reconnu pour son éthique politique, un territoire vertical, engagé et solidaire, … c’est le chemin à prendre.
Parce que nos concitoyens veulent un développement vivable et équitable, un projet viable et ambitieux pour leur pays.
Parce que le monde est en marche … nous devons construire un pays responsable.
C’est une question de « nécessité », la situation mondiale nous l’impose.
Il s’agit de mettre fin à l’épuisement des ressources, généré par ce modèle économique « vorace », anarchique, et basé uniquement sur le profit immédiat.
Modèle qui génère des crises financières et sociétales.
Modèle qui met en péril notre écosystème, la vie sur la planète, les biotopes et le rapport de l’homme à lui-même.
A Martinique Ecologie, nous disons NON !
Les membres de Martinique écologie, ont fait le choix du développement soutenable. Nous sommes convaincus, que l’écologie doit être au cœur de nos préoccupations.
L’écologie ne doit plus être une question annexe dans les projets territoriaux. Parce que l’écologie c’est le vivant.
L’homme doit sa subsistance aux autres espèces qui contribuent au maintien de la vie sur terre et donc à sa propre existence.
Pour exemple :
- Une étude de l'INRA et du CNRS, a permis de chiffrer la valeur de l'activité pollinisatrice des insectes, des abeilles principalement, à 153 milliards d'euros en 2005. 153 milliards pour les principales cultures dont l'homme se nourrit. Ce chiffre représente 9,5% de la valeur de l'ensemble de la production alimentaire mondiale.
- de même, une récente étude a révélé que la disparition des chauves souris coûterait 3,7 milliards de dollar par an, aux agriculteurs américains.
C’est cela, chiffrer l’impact de l’écologie dans l’économie.
Faisons un rappel historique
Cela fait moins de 50 ans que l'on parle de développement durable, dans toutes les enceintes internationales et nationales.
A peine 30 ans … qu’on parle d’Agenda 21, de démocratie participative, … de plan d’aménagement durable et solidaire.
Moins de 10 ans, que nous participons aux semaines de sensibilisation sur le développement durable.
En effet, la plupart d’entre nous éprouvons toujours beaucoup de difficultés à décrire de manière positive, ce que pourrait être un développement durable…
Mais au quotidien, nous sommes confrontés, aux conséquences d'un développement non durable…
- Absence de dialogue social et inégalités sociales,
-Disparition de la solidarité naturelle,
-Délinquance et chômage en progression
-Dérèglement climatique,
-Embouteillages résultant des faiblesses de l’aménagement du territoire
-Pollution en tout genre et maladies émergentes … et j’en passe.
Il a fallu du temps pour entreprendre cette démarche audacieuse et revenir aux fondamentaux.
Oui, y revenir parce que notre société a été conçue sur la base de la solidarité.
Et ce, même si des influences diverses et variées ont modifié le cours de notre construction.
Oui, y revenir parce que le développement durable et solidaire nous en faisions bien avant qu’on en parle :
- le respect de l’autre,
- la solidarité du Lasso tè
- les secrets des saisons et du jardin créole,
- l’entretien de nos sources …
C’était tout cela notre quotidien !
Depuis….. la monoculture intensive, l’importation à outrance, la consommation et la mondialisation, ont pris le pas sur notre patrimoine.
Nous avons délaissé le manioc pour la farine de blé, le basilic pour la verveine … les conseils des aînés pour la psychologie.
Aujourd’hui, le développement durable et solidaire nous invite à reconsidérer nos nouvelles pratiques, à anticiper nos actions, à changer nos comportements, à penser à demain avant d’agir.
Mais avant tout, je dois vous dire que cette démarche bouleverse plus que vous ne puissiez l’imaginer, parce que nous nous sommes éloignés du modèle endogène.
Cette réflexion nous demande de nous interroger sur notre façon de travailler, notre façon d'entrer en relation avec nos proches, notre façon d'entrer en relation avec les usagers dont nous avons la responsabilité.
Chacun d'entre nous va devoir se demander ce qu'il peut changer, comment il va contribuer, d'un point de vue personnel, en tant que citoyen, parent, militants associatif, syndical ou politique, en tant que parent d'élèves en matière pédagogique par exemple.
Cela demande beaucoup d'énergie, beaucoup de temps, mais cette démarche vise à rétablir le lien social, … à reconstruire notre société.
Cette mobilisation d’une 40taine d’année a d’ailleurs commencé en 1968 avec la minorité écologiste.
… on les appelait les babas cools … les hippies, voir des hurluberlues, Greenpeace … sans crédibilité !
Mais qui voulait les entendre, surtout sur le plan politique.
Comment aurait-il pu en être autrement ? Face aux lobbies financiers qui nous impose la marche à suivre ; Qui nous dicte notre consommation et notre mode de production !
En 1971, un petit groupe d’économistes … « éclairés » … se réunissent de façon informelle dans ce que l’on appelait le « club de Rome ». Ils alertent sur les risques qui nous menacent si nous poursuivons le mode de vie occidentale à l'échelle de la planète.
Le mode de vie des pays industrialisés n’est pas généralisable, parce qu’il est prédateur de ressources naturelles et générateur d'énormes tensions sociales.
Ce rapport, « The limit to growth » (les limites à la croissance), est malheureusement, traduit en français « halte à la croissance ». Evidemment ! C’est la levée des boucliers dans le monde francophone ... C’est l'époque des 30 glorieuses et de l’exploitation des colonies !
Or, il ne s'agissait pas du tout de freiner la croissance, mais de revoir le mode de développement.
Subséquemment, les Nations-Unis convoquent la 1ere conférence internationale sur le développement et l’environnement à Stockholm, en 1972.
Ce sont les constats du Club de Rome qui sont repris.
Les Nations-Unis concluent qu'il est urgent pour les Etats du Nord - très voraces en énergie et en matières premières - d'obtempérer une transition rapide des modes de vies, moins gaspilleurs et moins prédateurs.
Parallèlement, un groupe d’intellectuels écrivent « l'an zéro » … pour plaider en faveur d’une croissance zéro et d’une stabilisation des pressions sur l'environnement et sur l'ensemble des êtres humains.
Cette «décroissance » appelle surtout un niveau de consensus politique pour son application.
Vous le comprendrez, cela nécessite une véritable adhésion !
Durant cette période, le débat reste assez pauvre en France. Personne ne s'interroge sur le contenu du document du club de Rome.
Il faudra attendre 1987 … 15 ans plus tard…, pour que le document fondateur du développement durable soit publié.
A la 2ème initiative des Nations-Unis, la commission mondiale sur l'environnement et le développement, présidée par une femme, Gro Harlem Bruntland, 1ER ministre de Norvège, publiera le rapport « Notre avenir à tous ».
C’est ce rapport qui consacre la définition du développement durable.
« Mode de développement qui répond aux besoins du présent, sans compromettre ceux des générations futures, et plus particulièrement aux besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité (…) » («including the power »).
Je dois là aussi attirer l’attention sur la définition la plus répandue qui occulte scandaleusement, les plus démunis.
« Et puis … rien ! »
Après un intervalle de 15 ans, 171 chefs d'états et de gouvernements, se réunissent en 1992, au sommet de la terre à Rio, pour poser les bases de cette transition.
Les bases de ce mode de développement, qui doit être plus respectueux des hommes et de l’environnement.
Le document fondateur, appelé « Action 21 » ou « Agenda 21 Mondial », donnera de grands axes de travail aux pays, et les principes du DD.
1992 … ce sont 3 conventions, adoptées pour garantir la mobilisation de la communauté multinationale :
- la 1ère c'est le protocole de Kyoto, relatif aux conditions climatiques. Décidé en 1992, il entrera en vigueur seulement en 2005.
Il est question du lien entre les rejets de gaz à effet de serre dans l'atmosphère et les activités humaines.
Ils sont en partie responsables du changement climatique et générateurs des bouleversements importants que nous observons :
ouragans, tempêtes, tsunamis, fontes des glaces, élévation du niveau de la mer, etc…
Je veux parler des risques naturels majeurs !
L’Adaptation au changement : 1er enjeu local
- la 2ème convention c’est la convention sur la diversité biologique, encore appelée convention de carthagène.
Elle a pour objet de conserver la biodiversité, de réguler et de contrôler l’usage des ressources.
Or, nous savons que l’essentiel des ressources naturelles se situent dans la zone tropicale et équatoriale.
Mais, les multinationales qui dépendent des pays du Nord, ont déjà entrepris, avant même la mise en place de cette convention, de faire main basse sur le patrimoine collectif de l'humanité. Notre patrimoine !
La sauvegarde et la gestion responsable de notre patrimoine biologique : 2ème enjeu local.
- La 3ème convention enfin, vise à lutter contre la désertification. « Elle passera sous silence ! » (C’est la convention qui répondait aux problèmes spécifiques des pays du sud).
Hormis ces conventions, il y a un aspect fondamental dans le travail réalisé à Rio. Il s’agissait de définir les bases de la démarche Agenda 21 autrement dit programme d’actions pour le 21ème siècle.
C’est au chapitre 28 du document fondateur que sont déclinées les attentes au niveau local.
Mais Rio est un échec terrible !
Les engagements ne sont pas respectés ...
Même s’il y a une prise de conscience, on ne passe toujours pas à l’action.
On observe encore
- la paralysie au niveau international
- les problèmes de gestion de l’énergie avec le pétrole et le nucléaire,
- les problèmes pour la répartition des richesses, la gestion de l’eau et de la biodiversité,
- les problèmes de l’agriculture et des OGM,
- les problèmes relatifs à la santé liés aux pollutions diverses
- les problèmes du système éducatif et de l’illétrisme ;
Etc etc …
C’est alors que les altermondialistes se mobilisent et obligent les états à se réunir de nouveau …
Mais il faudra attendre 10 ans de plus !
En 2002, se réunit le « Sommet mondial sur le développement durable » à Johannesburg.
Les Etats adoptent une nouvelle déclaration et un nouveau plan d’actions, ciblés autour de nouvelles priorités :
-L’accès à l’eau potable - c’est un enjeu local !
-Les énergies renouvelables – un autre enjeu local,
-La pauvreté : elle aussi présente ici
-L’agriculture écologiquement viable …
-La santé et l’environnement …
-L’évolution des modes de production et de consommation.
Je ferai l’impasse sur les forums sociaux africains, asiatiques et européens de 2001, 2003 et 2004, où là encore, le non respect des engagements est dénoncé.
C’est dire l’importance de l’historique du combat écologique et ces atermoiements.
Aujourd’hui encore, le grenelle 2, (du 12 juillet 2010), portant "engagement national pour l’environnement", ne satisfait pas pleinement. (248 articles et des chantiers majeurs sur le Bâtiment et l’urbanisme, les Transports, l’Energie, la Biodiversité, les Risques, la santé, les déchets ou la Gouvernance ; dont certaines incohérences limitent leur adaptation locale.)
Aussi, retenons nous 6 ambitions :
- la connaissance, l’éducation et la formation adaptée
- l'efficacité de l'économie, la recherche développement et les relations caribéennes,
- la justice et l’équité sociale,
- la sauvegarde de notre patrimoine culturel,
- la responsabilité à l'égard de l'environnement et des populations,
- la prévention et la sécurité du territoire, avec notamment la gestion des risques.
Vous l’aurez compris. Le Développement soutenable ne concerne pas seulement l’écologie.
Le Développement Soutenable impose l’équilibre entre les différents piliers. C’est-à-dire entre l’économie, la culture, le social et l’écologie.
Aussi, réapproprions nous les principes fondamentaux du développement soutenable, à savoir
- les principes de précaution et de bonne gestion
- les principes pollueur-payeur et de solidarité
- les principes de participation et d'intégration
Parce qu’ils garantissent la réussite d’une telle démarche.
Prenons acte de l’Agenda 21 Martinique, qui jette les bases du développement soutenable en Martinique. Il se décline en 5 axes stratégiques :
- « Rétablir le Lien social et l’identité culturelle »,
- « Renforcer la cohérence territoriale et les équilibres environnementaux »,
- « Renforcer l’ancrage du territoire dans son espace régional et international »,
- « Accompagner la modernité économique »
- « Renforcer la capacité d’adaptation au changement, en réduisant les vulnérabilités ».
Mais tout cela ne se fera pas sans la participation de chacun de nous, sur la base de l’écoute, de l’expertise populaire et de l’observation du terrain.
Il ne s’agit pas pour Martinique écologie d’imposer son choix, mais d’ouvrir le débat sur toutes ces questions.
En conclusion,
Ne remettons plus à demain ce que nous aurions dû faire hier.
Ne comptons plus sur les autres pour faire ce qu’ils n’ont pas fait hier.
Engageons nous ! Voilà ce que propose Martinique écologie
Merci.
Véronique PAMPHILE,
MARTINIQUE ECOLOGIE
Hôtel Batelière, le 6 mai 2011