FRANCAFRIQUE : QUI PROFITE DE LA CORRUPTION DES BONGO, NGUESSO ET OBIANG ?

La pratique des "biens mal acquis" africains perdurerait.

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PARIS (Reuters) - Les familles des trois chefs d'Etat africains visés en France par une enquête pour "recel de détournement de fonds publics" poursuivent impunément leurs achats somptuaires en France, rapporte Le Monde jeudi.

Ali Bongo (Gabon), Denis Sassou Nguesso (Congo) et Teodoro Obiang (Guinée équatoriale) sont sous le coup d'une plainte pour "bien mal acquis" déposée en 2008 à Paris par l'organisation Transparence International France (TIF). 

 

Une enquête de police datant de 2007 avait recensé 39 propriétés et 70 comptes bancaires détenus par la famille Bongo et ses proches, 24 propriétés et 112 comptes bancaires par la famille Sassou Nguesso, ainsi que des limousines de luxe achetées par la famille Obiang.

 

Selon Le Monde, qui a pris connaissance de documents relatifs à l'enquête de l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), les familles continuent "à amasser objets de luxe et voitures d'exception".

 

Ainsi, Ali Bongo a acquis en France en 2009 une Bentley à plus de 200.000 euros, quelque temps avant d'être élu président à la suite du décès de son père Omar Bongo. Le Monde souligne que 20% de la population gabonaise vit avec moins de deux dollars par jour.

 

26 VOITURES DE LUXE

 

Dans la famille de Denis Sassou Nguesso, l'épouse du dirigeant congolais a acheté début 2010 une Mercedes classe E, en France, précise le journal, tandis que son neveu Wilfrid a acquis une Porsche Panamera Turbo estimée à 137.000 euros.

 

Les constats les plus marquants concernent le fils du président de Guinée équatoriale, Teodoro Nguema Obiang.

Ce dernier, âgé de 41 ans, a fait acheminer en novembre 2009 par l'aéroport de Vatry (Marne) "26 voitures de luxe et six motos (...) d'occasion de près de 12 millions de dollars" en provenance des Etats-Unis.

 

Selon Le Monde, Tracfin, la cellule gouvernementale anti-blanchiment, a signalé le 7 mars 2011 l'achat par Teodoro Nguema Obiang de 109 lots de la vente de la collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé de février 2009 "pour un total de 18.347.952,30 euros".

 

Les objets ont été réglés via la société d'exploitation forestière du fils Obiang, qui est ministre de l'Agriculture et des Forêts.

Désireux d'étendre leurs investigations à ces présumés nouveaux "biens mal acquis", les juges d'instruction parisiens ont demandé le 13 avril un réquisitoire supplétif au parquet, qui a rejeté leur requête.

 

La Cour de cassation, plus haute juridiction française, avait annulé en novembre 2010 un arrêt de la cour d'appel de Paris de 2009 déclarant irrecevable la plainte de l'ONG TIF.

 

L'affaire a suscité des tensions dans les relations de la France avec les trois pays africains visés.

Sophie Louet, édité par Yves Clarisse