L’histoire : de l’Amérique centrale à l’Afrique
Le mot cacao est dérivé du mot nahuatl “cacahuatl”, de la même manière que le mot chocolat vient du nahuatl “xocolatl”. Le langage nahuatl était celui des Aztèques, et reste la langue indigène la plus parlée au Mexique.
Cette plante était cultivée par les Aztèques et les Mayas, peuples qui occupaient l’actuel Mexique et d’autres pays d’Amérique Centrale. Le cacao était alors un produit de luxe : les Mayas l’utilisaient dans des cérémonies rituelles ; les Aztèques la réservaient aux nobles, et consommaient le cacao mélangé à de l’eau et du piment, ce qui donnait une boisson amère. Les fèves, très prisées, servaient aussi de monnaie d’échange - de la même manière que les cauris en Afrique de l’Ouest à la même époque.
Les Espagnols découvrent cette plante lors de la conquête des Amériques, et au début du XVI° siècle, Cortès en rapporte en Espagne. Les Espagnols ajoutent du sucre et du lait à la boisson pour en adoucir l’amertume, remplacent le piment par de la vanille, et la consomment chaude. Le chocolat est alors un produit de luxe - comme d’autres produits venus de loin - réservé aux familles royales et aux nobles, qui ont les moyens de s’en procurer.
Mais le succès est immédiat, et la vogue du chocolat se répand dans toute l’Europe. La boisson est énergisante, est réputée avoir des effets aphrodisiaques - les Aztèques associaient déjà la plante à Xochiquetzal, déesse de la fécondité ! Elle suscite la méfiance de l’Eglise, qui ne parvient toutefois pas à stopper la mode pour cette boisson.
Face à un accroissement de la demande en Europe, les Espagnols et Portugais, qui avaient déjà réduit en esclavage des populations d’Amérique centrale pour produire le cacao, décident d’implanter des cacaoyers en Afrique, cependant que les Hollandais créent des plantations en Asie du Sud-Est.
Dès le XVI° siècle les premières plantations de cacao voient ainsi le jour en Afrique de l’Ouest, et la plante s’acclimatera merveilleusement bien puisqu’aujourd’hui l’Afrique est le premier producteur mondial de cacao.
C’est au XVII° siècle que naît le chocolat sous sa forme solide, et au XIX° siècle, avec la révolution industrielle, les premières tablettes de chocolat sortent des usines.
L’intensification du commerce international et des transports, avec la navigation à vapeur et le chemin de fer, vont contribuer à accroître considérablement les quantités importées en Europe - comme celle d’autres produits venus de pays du Sud devenus alors des colonies : café, coton, etc...
Au XIX° siècle la consommation de chocolat va se démocratiser : les premiers chocolatiers portent alors les noms de Van Houten (aux Pays-Bas), Meunier (en France), ou Cadbury (en Grande-Bretagne), toujours actifs à ce jour...
Depuis les années 1990 l’on assiste à un renouveau de la vogue du chocolat, avec la mise en vente de chocolats affichant l’origine géographique de leurs fèves de la même manière que, sur une bouteille de bon vin, l’on indique le lieu de production de la vigne...
Le cacao aujourd’hui : produit au Sud, consommé au Nord
Aujourd’hui les principaux producteurs de cacao sont : la Côte d’Ivoire, premier producteur du monde avec 35% de la production mondiale ; le Ghana avec 18% ; le Nigeria avec 12% ; le Cameroun avec 4% ; et le Togo avec 4%. Hors d’Afrique, d’autres pays importants sont l’Indonésie avec 14% ; le Brésil avec 5% et l’Equateur avec 2%. 95% de la production mondiale provient de petites exploitations familiales, d’une taille de 1 à 3 ha environ. En Côte d’Ivoire, le cacao fait vivre quelque 2 millions de petits exploitants agricoles.
En Afrique, le rendement est de 500 kg/ha, en Asie et en Amérique, il est de 800kg/ha. L’Indonésie et la Malaisie ont vu leurs productions croître significativement ces dernières années : ainsi l’Indonésie est-elle devenue la troisième producteur mondial, alors dans les années 60 elle ne faisait pas partie des 10 premiers pays producteurs de cette denrée.
En Afrique, d’autres pays producteurs de cacao sont la Tanzanie, l’Ouganda, Madagascar, la Guinée Equatoriale et Sao Tomé. Leurs productions sont faibles - moins de 7000 tonnes/an - mais leurs fèves, réputées pour leurs arômes, sont aujourd’hui recherchées par les grands chocolatiers.
L’Afrique de l’Ouest représente 70% de la production mondiale de cacao, mais seulement 3% de la consommation. L’Afrique dans son ensemble ne transforme que 14% de la production mondiale. En règle générale, 65% de la production mondiale de cacao est exportée, et le Nord en consomme plus de 80%.
5 sociétés transforment à elles seules les deux tiers du cacao consommé dans le monde. Nestlé, qui en rachetant Rowntree en 1988 est devenu le plus gros fabricant de chocolat au monde, achète à lui seul 14% de la production mondiale, et possède 500 usines dans 83 pays.
Les premiers pays importateurs sont : les Pays-Bas avec 20% des importations mondiales ; les USA 18% ; la Malaisie 10% l’Allemagne 8% ; la Belgique 6%. En Europe, la consommation est en moyenne de 7 kg de chocolat par personne et par an - la Suisse détenant le record mondial, avec 10 kg/personne/an !
Les nombreux bienfaits du cacao
Le cacao contient de nombreuses substances bénéfiques pour la santé : du magnésium, du calcium, du potassium, du phosphore ; de la vitamine E, qui assure la stabilité des structures cellulaires ; des antioxydants (polyphénols protecteurs, comme dans le thé vert), qui luttent contre les effets néfastes de la pollution, du rayonnement solaire, de l’alcool, et des fumées de tabac. Il est un anxiolytique puissant (produit qui combat l’anxiété), qui lutte contre le stress et la fatigue. Le beurre de cacao quant à lui nourrit la peau et stimule la synthèse du collagène.
Ce sont sans doute ses propriétés exceptionnelles de lutte contre la fatigue et le stress qui expliquent pourquoi en Occident, le chocolat est surtout consommé pendant la saison froide. Ainsi en France, les études démontrent que la consommation de cacao chute de 50% quand le thermomètre dépasse 20°, et que le maximum de consommation a lieu quand les températures se situent entre 5 et 10°.
Le cacao, mieux qu’une doudoune pour lutter contre le froid et la baisse d’énergie que l’on ressent en hiver en Europe : voilà qui explique peut-être pourquoi le chocolat est devenu, en Occident, un élément incontournable des fêtes de Noël et de fin d’année ! Un produit associé au luxe et aux rituels religieux, comme du temps des Aztèques...
SOURCE : PAR NADIA KHOURI-DAGHER in Afrik.com