« The past is never dead. It’s not even past. » (William Faulkner)
Un horrible trou de mémoire : vous n’auriez jamais lu ça quelque part vous ? Qu’on ne pouvait faire aucun parallèle entre l’histoire récente de l’île de Saint-Barthélemy, son formidable essor, son incroyable destinée, et ce qui se passa sous sa période suédoise. Un petit édito, dans le Journal de Saint-Barth peut-être ? Madame Pierrette dément. Je retrouverai… peut-être. Vous m’y aiderez… peut-être. Bref, tout ça pour dire qu’on ne pouvait guère écrire plus à côté de la plaque : comment, par exemple, ne pas faire de rapprochement direct entre la numérotation des habitations de Gustavia intervenue en 2009 suite à une décision prise par les élus en 2007, et l’ « ordinance for the numbering of houses [in this town of Gustavia] » prise par le gouverneur Ankareim en février 1806 ? Et oui, bien que l’Homme (avec un grand H), ou la Femme (avec un grand F), se croie de plus en plus intelligent, il arrive que l’histoire se répète…
Tant et si bien que lorsque Mr Jean Magras, président de l’ASBAS (Association St Barth des Amis de la Suède), à ne pas confondre avec l’ASBAAS (Association St Barth des Amis des Archives Suédoises), écrit au président Bruno Magras en février 2010 pour lui soumettre son projet d’endiguer à Gustavia cet insupportable clapot qui désormais contrarie maints passagers sur motor yachts (surtout au moment au combien crucial de s’envoyer son petit rail de coke, et pas que sur le bateau de Puff Daddy) : il ne fait là que répéter, 194 années plus tard, la démarche du dénommé Honoré Joseph Jobert qui transmit, fin 1815 début 1816, au gouverneur suédois Stackelberg son « Mémoire concernant les perfectionnemens que comporte le port de gustavia dans l’isle de Saint-Barthélemy », additif (J. Magras) ou addition (H.J. Jobert) compris.
Une digue pour Gustavia : un projet qui fait l’unanimité
Assurément mesdames, messieurs, « cela fait plusieurs années que l’idée d’un projet d’extension du port de Gustavia a été évoqué à Saint-Barthélemy »… et tout le monde y va de son petit grain de sel sur sa grosse digue. Gilles Brin, marin pêcheur en chef, estime qu’il lui « semble plus intéressant de financer une digue de protection de port de Gustavia plutôt que [des] projets immobiliers qui vont continuer de défigurer Saint Barthelemy » (LoveStBarth.com : Objectif client) : c’est qu’en sniffant de l’essence (même subventionnée) une digue : ça ne défigure rien du tout… Le CESC, dans son avis sur le débat d’orientation budgétaire 2011 se demandait quant à lui, « s’agissant des travaux concernant le quai de l’Hôtel de la Collectivité » : « si une étude hydrologique complète [avait] été effectuée, afin que les effets à moyen et long terme soient pris en compte »… une étude hydrologique ??? Voilà que le CESC s’intéresserait aussi au cheminement des molécules d’eau de pluie jusqu’au sous-sol de Gustavia ? Dans le cadre d’une étude de faisabilité d’un parking souterrain en double hélice ? Et d’interroger plus avant : « Il y a lieu de se demander, compte tenu de l’effet d’entonnoir qui a tendance à se manifester provoquant un accroissement du clapot dans le port de Gustavia, s’il ne faudrait pas prévoir un renforcement de la protection du port de plaisance, peut-être au moyen de digues »… note liminaire : du laminaire au turbulent, l’entonnoir a deux trous, mais Gustavia n’en a qu’un : Mr Gréaux s’est-il fait vérifié l’hydraulique du tube de Pitot récemment ? Et jusqu’à monsieur Bensa, bleu s’il en est, et dans un an : bien vert; qui nous faisait part pas plus tard que la semaine dernière de sa participation aux prochaines échéances présidentielles, sous forme associative, pour la « promotion des idées et des actions qui ont pour finalité à saint barthélémy la participation au débat public sous toutes ses formes y compris lors des consultations électorales », et qui aurait aperçu récemment dans notre port… un serpent de mer ! Sans doute un « gran-tékay » ? À moins que ce n’était Mr Magras B. ? En combi de plongée, la fleur au fusil, en chasse dans sa réserve ? Dieu sait qu’il a de la bouteille… Toujours est-il que Mr Bensa eut très peur de la bête, d’où ce bafouillage de « dernière minute » : un flot de mots du plus grand désordre, comme une thérapie; non, ce monsieur n’a pas pêché entre les lignes du point 4 de l’odj.
Mais, par contre, pas une seule réaction ces derniers mois des deux très influentes associations St Barth Environnement & Essentiel, le nez dans le cahier de coloriage et dans l’herbier.
Les russes mettent les babaths (prononcer SemBat’) du bon conseil sous pression
Comment Mr Jean Magras a donc t-il eu une telle apparition ? Serait-ce là le retour de la « Vierge du Non Retour » ? De la digue 2×2 voies pour la Benz Benz Benz de l’ami Didier ? Attention tout de même à la sortie de bi route de la dernière DSK4… quoiqu’en resserrant les bites d’amarrages (disons à une distance d’une longueur maximum d’un Sarkozy; soit environ 1,60 m d’après Gala, 1,65 m d’après Voici) elles pourraient aussi faire office de garde-fous ? Bon Dieu : une étude de faisabilité financée par un opérateur privé (oh combien mystérieux), assortie d’une exclusivité sur la concession ! « Une société qui [viendrait] [tout juste] de proposer à la Collectivité de conduire des études en vue de la réalisation » de l’extension / la protection du Port de Gustavia : à la bonne heure ! Quelque peu étonnant au passage que cette deuxième proposition, probablement estampillée « sur une idée (désintéressée) de Roman A. », n’ait pas été de même agrafée à ce point 4 de l’ordre du jour de notre réunion du Conseil Territorial de Saint-Barthélemy de ce mercredi (29 juin), voilà qui aurait sans doute permis à Mr Bensa de recouvrer tous ses esprits; bref, croisons les doigts de pieds que la délibération qui s’en suivra ne soit pas retoquée par Maître Jacques, fin renard des surfaces déconstructibles à France Domaines; voire plus haut par Mr Simmonet, si monnaie…
La principale richesse de Saint-Barthélemy : Gustavia ?
En sus du projet de l’ingénieur de marine Jobert, qui en son temps n’avait comme force motivation, déjà pour le même essor économique de notre île, que « ces ouragans qui portent la terreur et la désolation dans les antilles », voilà que nous aurions désormais besoin « d’accroître la capacité d’accueil des motor yachts », hors saison cyclonique s’entend… Il s’agirait encore et toujours d’ « adapter le Port de Gustavia à l’évolution de l’île ». De satisfaire « pêcheurs, loueurs de bateaux, plongeurs, plaisanciers résidents ou non », « directement concernés par ce dossier qui impacte l’Environnement dans la baie et l’activité touristique de notre île »; de crainte du « malheur » de perdre « nos clients qui viennent de la mer » et qui iraient chercher meilleur port (artificiel) ailleurs, meilleur « asyle » dirait Jobert. Passons sur le côté léger du dossier qui sera présenté au Conseil Territorial mais aussi sur le côté tout aussi léger dudit Conseil… passons sur les désormais sacro-saintes « études d’impact » qui seront réclamées par les uns et les autres, passons sur la consultation des électeurs en déboulé carnavalesque chemises bleues et vertes, passons sur « la première richesse de Saint-Barthélemy, [ ] sa population » (« édito de Michel Magras », Le Courrier du Parlement, Juin 2010) : NON, un peu d’humilité et de clairvoyance Mr le Rapporteur; car la première richesse de Saint-Barthélemy, c’est… Saint-Barthélemy, si ce n’est Gustavia. HALTE aux fautes de goût.
Des quais, des quais, des quais… des digues, des digues, des digues
Des quais pour motor yachts, encore des quais… Des quais qui sont déjà quasiment vides, des quais qui sont la plupart du temps quasiment vides; Donnez-nous les statistiques de remplissage de ces quais Mr le directeur du Port, mais en soustrayant à chaque fois la nuit dite de la Saint Sylvestre et les quelques autres qui la précèdent directement… Attention, pas de cachotteries : ces bateaux sont maintenant traqués comme des peoples par les batorazzi, via AIS. Donnez-nous aussi le résultat du questionnaire qui a été rempli par ces usagers huppés et qui fondent comme des soudars vers les eaux du Port de Gustavia pour célébrer la fin d’année : The place to be… seen; questionnaire leur demandant ce qu’ils en pensaient de votre projet d’extension / de protection du port; comment il l’a sentait votre digue : indispensable ? Ou accessoire ? Comment il l’a voyait votre digue : dans quel sens ? En combien de tronçons ? de quelles longueurs ? Comment il le préférerait votre port de Gustavia : lisse et fade ? Ou surprenant et indomptable ? On pourrait peut-être commencer tranquillement par là, non ? Et calmer les ardeurs de Roman, voire de Mr Didier et de Mr Jean : il ne s’agirait pas de mettre les cailloux avant les œufs dans le même panier. Puis, dans un second temps on demanderait à notre Sénateur un « rapport d’information fait au nom du Conseil Portuaire sur « motor yachts et saisonnalité » : B. 5. Recommandation : Saint-Sylvestre tous les jours pour les quais de Gustavia ». Ces « clients de la mer » qui n’ont jamais eu l’air aussi heureux que lorsqu’ils sont mouillés tout à fait de l’autre côté du port, non loin de Shell Beach, où ils s’adonnent désormais à des concours de feux d’artifice privés à qui mieux mieux… peut-être encore une plate-forme de plus à prévoir, pour un pas de tir ? C’est qu’il y a des sous à se faire dans l’artifice.
Science sans conscience
Certes, le réveillon 2010 reste encore dans toutes les mémoires, un peu comme l’ouragan Luis 1995, mais avait t-on pour autant proposé au maire de l’époque, Mr Bruno Magras, déjà lui, décidemment, à croire qu’il nous porte la poisse; lui avait t-on proposé d’enceindre Saint-Barthélemy d’une digue monumentale ? Mais il est vrai : nous n’avions pas encore Abramovitch… Le phénomène s’est répété fin décembre 2010, avec fermeture du port et sortie des motor yachts; il y avait déjà eu un précédent en mars 2008; Mr le Directeur pourrait-il nous fournir également un relevé des données sur l’état de la mer dans Gustavia ? Nul doute que les services du port consignent tous les jours sur leur livre de bord ces informations depuis des décennies. On aurait d’ailleurs pu penser à installer un petit houlographe, voir plusieurs, dans la rade… du plus simple appareil, jetable même, mais susceptible de nous donner les outils statistiques indispensables. Les grandes sciences évoquées; les noms savants fusent : hydraulique, hydrologie, courantologie, macaquerie… ne pourront, pour vraiment bien faire, pas grand chose sauf à s’appuyer sur un recul suffisant. Et non plus à la hâte, comme Jobert, dont le Mémoire nous renvoie directement au « Plan de rédaction de l’essai sur l’histoire naturelle générale de l’Isle St Barthélemy » de Félix Louis L’Herminier qui exactement à la même époque (1815-1816) rendait là surtout monnaie de sa pièce au gouverneur suédois qui l’avait accueilli après sa fuite de la Guadeloupe envahie par les anglais.
Pour l’ingénieur de Marine Jobert, une seule alternative : « fermer le port »
« The more distant we look into the past, the farther we can see into the future : plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur » aurait dit / écrit (?) Winston Churchill : notre polytechnicien de seconde classe, Honoré Joseph Jobert, s’était efforcé de présenter le projet le plus économe qui soit, consistant donc à « fermer le port » par une digue courbe et en misant sur les contre digues naturelles que constituent les « Ti Saints » et « Gros Ilets », pour ainsi « trouver sa mesure dans les ressources de la colonie »; vous le lirez et le re-lirez nul n’en doute, ce récit des plus passionnants et à plus d’un titre; surtout ces Messieurs Gréaux, Magras (puissance 2) & Bensa qui nous envoient droit dans la digue. En l’absence de tout plan il est difficile de savoir exactement à quoi ressemblait ce dessin de Jobert, mais nous pouvons tout de même tenter d’esquisser sa ligne rouge; même si les données contenues dans son exposé ne rendent pas son calcul compréhensible puisqu’il nous manque la hauteur moyenne de l’ouvrage, son volume seul ne nous permet pas de deviner sa longueur. Ces chiffres étaient probablement tous portés sur le plan annexé, jusqu’ici introuvable. Mais l’ingénieur sous X Jobert n’a probablement jamais vécu de cyclone digne de ce nom à Gustavia, et qui a déjà vu les « terribles oscillations » entrer dans le port, même si elles ne sont jamais les mêmes, a dû remarquer qu’elles enroulaient littéralement autour du morne « oscar » ex-« gustave adolphe » pour entamer leur partie de billard français à l’intérieur de celui-ci, avant que par quelques trous ici et là il ne devienne américain, le billard. Et c’est peut-être pour cette raison que la digue d’Honoré Joseph avait une si faible hauteur au dessus du niveau de la mer (2 à 3 pieds) : pour éviter d’engloutir le joyaux de la Couronne qu’était alors Gustavia ? Oui, madame Sotlyvaut de la Pâle Planche a définitivement du soucis à se faire si le dernier quai en date n’est pas achevé à temps… et même s’il l’est d’ailleurs. Gageons, quoiqu’il en soit, que le prochain raz de marée nous débarrasse définitivement de cet affreux éclairage nocturne qu’elle nous a collé sur le musée bibliothèque et qui ne saurait mettre en valeur comme il se doit cet illustre, massif et pierreux bâtiment qu’est le « Steinmetz House ».
Y’a qu’à demander
Enfin, question financement, en son temps déjà volet primordial s’il en est du choix de Jobert, il n’y a pas à s’en faire. Et comme dirait Jean, y’aura qu’à demander; et, pour remettre un peu de pétrole ou de gaz dans les idées de la presse française : « À Saint-Barthélemy, on n’a pas de Feder, mais on a Roman ». Sur « une idée à Jean » : « En ce qui concerne le financement de ces travaux vu leur importance et leur utilité je crois que nous aurons des aides de partout, il suffira de demander »… et pourquoi pas au fils Kadhafi tant qu’on y est ? En voilà un qui en a plein à blanchir : demander n° tel au Nikki; ou alors à défaut, se lancer dans un projet type MO.S.E (sauvegarde de la lagune de Venise) et peut-être qu’à Noël nous recevrons Berlusconi, encore un qui pourra nous mettre un petit chèque pour nos étrennes.
Comme on dit en créole : « PA DIG »; c’est à dire : « laisse béton »… couler; car personne ne maîtrisera jamais… le Port de Gustavia.
L’ami R.A.L, sur l’île de Nantes, le 28 juin 2011.
SOURCE : LOGBOOK.MEMOIRESBATH.COM.