HAÏTI : LE PRESIDENT MICHEL MARTELLY S'EXPLIQUE SUR LA CRISE POLITIQUE

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Haïti sans Premier Ministre ni gouvernement !
 
Au cours d’une entrevue diffusée hier lundi à la télévision de Radio Canada, le Président Martelly a fait le point sur la crise politique actuelle, entre autres : l’absence de Premier Ministre, d'un gouvernement, l'éducation gratuite, l’état des relations entre l’Exécutif et le Législatif, la Constitution... Nous reproduisons les extraits importants de cette entrevue.



«...Être qualifié comme un homme d'État ou comme un homme sérieux, ce n'est pas ma préoccupation. Ma préoccupation est simple ; relancer l'économie haïtienne, rendre l’accès possible à l'éducation aux enfants d'Haïti qui sont encore dans le rues en 2011, aborder la question de la reconstruction pour qu’elle soit réelle, finalement et surtout la question de la relance agricole. [...] Les défis sont multiples et grands, mais qui trop embrasse mal étreint, c'est pourquoi que j'ai fait campagne en me fixant un certain nombre de points. Je crois que pour sortir Haïti de cette misère, il faut absolument que nous passions par l'éducation [...] »


Concernant l’absence du Premier Ministre et d’un Gouvernement :

«...Le fait de ne pas avoir un gouvernement, ça nous tue, parce que c'est comme si on avait la tête, mais les mains coupées. Cependant, même avec les mains coupées on peut encore mettre sur pieds certaines choses, et c'est ce que nous faisons, nous n'attendons pas d’avoir un gouvernement. Pendant que nous travaillons à avoir un gouvernement, nous travaillons parallèlement à faire de notre politique de l'éducation un succès [...] Nous avons identifier près de 146,000 nouveaux élèves qui iront pour la première fois de leur vie à l'école cette année, cela n'a pas été facile [...] Nous avons l'argent, cela veut dire que tout est possible et aujourd’hui nous sommes au stade des inscriptions [...] Donc, on n'a pas de gouvernement, mais cela ne nous empêche pas vraiment d'agir au niveau de l'éducation. »


Concernant la possibilité de travailler avec le Parlement

«...j'ai déjà travailler avec eux, puisque je me suis assis plus d'un mois avec eux pour travailler à la ratification du Premier Ministre désigné. Ce premier, Premier Ministre a été rejeté. Je me suis encore assis avec ces Députés et Sénateurs pour travailler à la ratification du deuxième Premier Ministre désigné, peut être que cela n'a pas porté fruit, parce que à un certain moment, les intérêts diverges... Pour moi, c'est tout simplement Haïti, mais peut être que pour d'autre, il y a eu, dans le cas de M. Gousse, un petit problème puisqu'il y avait un conflit entre certains parlementaires et le Premier Ministre désigné dans les années passées, c’est peut-être la raison pour laquelle M. Gousse n’a pas été ratifié. »


Concernant la volonté des Parlementaires de travailler avec le Président

«...Là, je me le demande [...] ce qu'ils disent aujourd'hui, n'est pas forcément ce qu'ils diront demain... C'est là, qu'il y a un léger problème, mais moi, je suis prêt à travailler avec eux [...) la Constitution prévoit que le Président choisira son Premier Ministre en consultation avec les Présidents des deux chambres, donc c'est impératif que je travaille avec eux, je suis décidé. Mais la Constitution dit aussi, que le Président choisira et tout autant qu'il n'est pas libre de choisir, cela veut dire que la Constitution n’est pas respecté. La Constitution ne dit pas, que le Président est forcé de choisir un Premier Ministre adoré par les parlementaires ou proposé par les parlementaires, ça dit le Président choisira son Premier Ministre, donc, je continuerai de choisir. Je souhaite ardemment que tous et chacun, comprennent, que l'heure est urgente... il faut penser à la population, parce qu'en fin de compte, c’est elle qui souffre [...] Une fois que les parties [...] l’Exécutif que je représente et le Législatif comprendront la nécessité de penser à ces personnes, je crois que ça ira plus vite. »


Concernant la possibilité de gouverner Haïti

«... Oui, Haïti est un pays gouvernable, sauf qu'il y a du travail à faire, il y a du pain sur la planche. Bien avant le tremblement de terre, on n’avait pas de plan de développement sur 25, 30 ans. Initialement, Port-au-Prince a été construit pour 200,000 habitants, aujourd'hui, elle en loge peut être 3 millions... qui sait? On n’a jamais fait des intérêts de la population une priorité, l'eau propre reste encore un luxe... »


Concernant l’option de gouverner par décrets et la Constitution

«...Toutes les options sont là, je dois vous dire que je n'y pense pas aujourd'hui, parce que je continue de travailler, j'avance bien en ce qui me concerne [...] l'une des pièces qui nous empêche d'avancer est cette Constitution, une Constitution que nous avons voté en 1987, lorsqu'on est finalement sorti de la dictature de l’Exécutif. En voulant éviter la possibilité que cela se reproduise, on est allez un petit peu trop loin de l'autre coté... et aujourd'hui, on remarque que nous vivons tous simplement une dictature du pouvoir Législatif. »

 
SOURCE : Haïti Libre