OSCAR TEMARU OBTIENT LA REINSCRIPTION DE LA POLYNESIE SUR LA LISTE DES PAYS A DECOLONISER

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Pari gagné pour Oscar Temaru


 
  • L’Assemblée a adopté la résolution pour la demande de la réinscription de la Polynésie sur la liste des pays à décoloniser hier matin, après plus de trois heures de débat, avec 30 voix pour, une abstention et 26 voix contre.
  • Un vote réalisé dans la hâte et obtenu grâce aux voix de Sabrina Birk, Chantal Galenon et de l’élue apparentée Tahoera’a Heifara Izal, immédiatement exclue du groupe orange. L’îlien Benoît Kautai s’est abstenu.



Malgré la réticence de la Nouvelle-Zélande, la réinscription de la Polynésie française a été ajoutée à l’agenda du forum du Pacifique.

SOURCE : La Dépêche de Tahiti 


Réinscription de la Polynésie sur la liste de l'ONU : résolution adoptée par 30 voix 

La proposition de résolution relative à la réinscription de la Polynésie française sur la liste des pays à décoloniser a bien été adoptée par la majorité des représentants. Mais la 30ème voix est venue de Heifara Izal, tandis que le marquisien Benoît Kautai, a préféré s'abstenir, contrairement à ses colistiers du groupe Te Mana o te mau Motu.

C'était la confusion la plus totale au moment du vote de cette résolution (cliquez ici). Les mains se lèvent dans l'hémicycle. Pour demander la parole ? Pour voter ? On ne sait pas. Le brouhaha prend de l'ampleur dans l'hémicycle avec un Gaston Flosse qui crie au dictateur, le président de l'Assemblée, Jacqui Drollet annonçant en langue tahitienne que le texte est adopté par 31 voix. 


En fait, ce sont 30 voix qui sont comptabilisées. En effet, si l'UPLD (ainsi que les non-inscrites Sabrina Birk et Chantal Galenon) votent à l'unisson, le groupe des îliens, Te Mana o te mau Motu, perd une voix en la personne de Benoît Kautai qui a préféré s'abstenir (lire communiqué envoyé ensuite aux rédactions).
 


Benoît Kautai : ''Je me suis abstenu''
 


''Je me suis abstenu. De toute façon, j'avais déjà annoncé à plusieurs reprises que je ne peux pas voter. Je suis président d'un parti politique qui prône l'autonomie des Marquises dans la République, c'est clair ! L'objectif politique de l'UPLD et du Tavini, c'est d'amener la Polynésie à l'indépendance, c'est bien clair. Donc pour moi, c'est contraire aux statuts de mon parti. C'est un combat depuis des années, donc je ne peux pas'', a-t-il expliqué à Tahitipresse.
 


Heifara Izal ''s'est elle-même exclue du groupe Tahoeraa''
 


C'est Heifara Izal, aparentée au groupe Tahoeraa, qui apporte cette 30ème voix à la majorité d'Oscar Temaru. Selon certains élus, elle a pris cette décision car elle tient l'Etat pour responsable de l'incarcération de son compagnon, Emile Vernaudon. Pour Oscar Temaru (lire l'interview), ''ce n'est pas une position nouvelle''. Une position qui a en tout cas fortement déplu au groupe Tahoeraa qui, dans un communiqué envoyé aux rédactions, ''considère donc que, par son vote contraire à la position arrêtée, Mme Heifara Izal s’est elle-même exclue du groupe Tahoeraa Huiraatira à l’Assemblée''.


Qu'à cela ne tienne, Oscar Temaru a vu son texte approuvé à la majorité. ''Une première dans l'histoire de ce pays'', s'est il d'ailleurs réjoui.
 


Une résolution pour un objectif : l'indépendance
 


Le sénateur Gaston Flosse s'est quant à lui étonné de la formulation de cette résolution : ''Ce texte est bien tourné. À aucun moment on ne parle d'indépendance dans cette résolution. C'est bizarre'', a-t-il ironisé avant de s'interroger : ''Nous sommes un pays d'Outre-mer doté de l'autonomie, alors pourquoi vouloir nous inscrire sur une liste des 'pays non autonomes à décoloniser'''. Pour le patron du Tahoeraa, cette résolution ne vise qu'à une chose : ''que la Polynésie française devienne indépendante. Voilà la réalité''. Un sentiment partagé par les autres représentants autonomistes (Ia Ora te Fenua et To Tatou Ai'a ainsi que les non inscrits Sandra Lévy-Agami et Philip Schyle).


Mais pour le président du Pays Oscar Temaru, ''la réalité, c’est ce qui est écrit dans la loi organique ! Nous ne sommes qu’une collectivité d’Etat, comme les communes''.


Éléanor Parker : ''il faut cesser de pratiquer la politique de la peur''

L'UPLD a trouvé un étonnant et précieux soutien ce jeudi place Tarahoi avec Eléanor Parker du groupe Te Mana o te Mau Motu. Bien que se revendiquant toujours autonomiste, la représentante a fait un plaidoyer pour cette proposition de résolution, estimant que ''le devoir de mémoire, l’absence de perspectives et de contrôle de l’action de l’Etat'' sont des raisons suffisantes pour la voter.


''Je suis autonomiste je l’ai toujours été. Je ne plaide pas pour l’indépendance mais pour une approche différente de notre relation avec la France. Face à un Etat fort il faut des contradicteurs qui aient de la force. Quand on est affaibli, comme nous le sommes, il faut une tierce personne pour rééquilibrer la relation. C’est pour cela je pense qu’il est nécessaire qu’une institution internationale s’y penche''.


Les autonomistes inquiets des conséquences de ce vote

Si le Tahoeraa estime que ''c'est un coup d'épée dans l'eau'', que ''ce vote ne servira à rien'' et que cette ''demande n'aboutira à rien'', les groupes autonomistes To tatou Ai'a et Ia Ora te Fenua sont plus inquiets, notamment au plan économique, estimant que l'adoption d'une telle résolution va faire fuir les bailleurs de fonds qui ne se bousculent déjà pas au portillon. ''Vous faites tout à l'envers'', a lancé Armelle Merceron (Ia Ora te Fenua) qui assure ''respecter'' les convictions indépendantistes du président Temaru mais qui réaffirme que le préalable à cette idéologie est l'indépendance économique. ''Et le jour d'après l'indépendance monsieur le président ? Pour l'instant, c'est le néant que vous proposez''.


Pour Gaston Tong Sang (To Tatou Ai'a) ''l'homme libre, le vrai, n’a pas besoin d’une pseudo-indépendance. Indépendance qui, de toute façon, ne serait qu’à peine politique, et certainement pas économique''. Et de s'interroger : ''Dites-nous, concrètement, ce que nous amènera cette réinscription ? Une réinscription dont la pertinence sera jugée par des représentants de Cuba, de la Syrie, de l’Iran, … de grandes démocraties !''
 


Unutea Hirshon : ''Il n'existe pas de ligne rouge pour la liberté des peuples''

Intervenant pour le groupe UPLD, Unutea Hirshon a expliqué qu'il fallait voter pour la réinscription parce que ''c’est le droit de tous les peuples autochtones qui ont été colonisés et sont maintenus dans cet état''. Et d'ajouter, faisant notamment référence à une déclaration du président Nicolas Sarkozy : ''La réinscription de la Polynésie française sur la liste des pays à décoloniser est la première étape à franchir vers la liberté. Il n’existe pas de ligne rouge pour la liberté des peuples''.


La séance a repris vers 15h avec l'examen du plan de redressement des comptes du Pays. Et l'opposition s'est aussitôt plainte de n'avoir eu le chiffrage de ce plan que la veille, dans l'après-midi. Les débats se poursuivent actuellement 

SOURCE : Tahiti Presse