Sommes-nous menacés ?
Le recul de la banquise en été est désormais un phénomène avéré qui ne peut plus être expliqué par la variabilité naturelle d'une année sur l'autre.
Ce nouveau record à la fin de l'été n'est guère encourageant. La glace de mer de l'Arctique a atteint ces derniers jours son niveau le plus bas depuis la fin des années 1970, où les premières observations par satellite du pôle nord ont été lancées. Le 8 septembre, les glaces ne couvraient plus que 4,24 millions de km², le précédent record remonte à 2007 (4,27km²). Ces données qui émanent de l'Institut de physique environnementale de l'université de Brême (Allemagne) «montrent que le recul de la banquise en été est désormais un fait parfaitement avéré» souligne Jean-Claude Gascard chercheur à LOCEAN (Université Pierre et Marie Curie). «Cela montre que la tendance observée dans les années 2000 se confirme» ajoute-t-il.
Il s'agit «d'un minimum historique» rappelle de son côté Georg Heygster, responsable du département de télédétection de l'Institut, «le recul de la glace de mer ne peut plus être expliqué par la variabilité naturelle d'une année sur l'autre» insiste le chercheur.
La surface de la glace de mer se réduirait d'environ 10% tous les dix ans. Sans compter que l'épaisseur moyenne de cette glace diminue également «même si l'on a moins de données sur ce point» souligne Jean-Claude Gascard. Et le constat n'est pas meilleur à terre qu'il s'agisse des glaciers du Groenland en net recul ou du retrait toujours plus au nord du permafrost , autrement dit des terres gelées en permanence. Cette fonte des sols gelés a notamment des conséquences catastrophiques sur certaines habitations qui tendent à s'affaisser voire, à s'écrouler.
La fonte de l'Arctique est liée au réchauffement climatique. Et en mer, il est accentué par la diminution du phénomène dit de l'albedo: la glace par sa blancheur réfléchit les rayons du soleil. Mais en fondant, elle laisse la place aux eaux sombres de l'océan qui, à l'inverse, absorbent la chaleur. L'eau dès lors se réchauffe et accélère à son tour la fonte de la glace... Un phénomène relativement mal appréhendé par les modèles climatiques. Ce qui explique en partie que la fonte totale de l'Arctique durant les mois d'été pourrait intervenir plus rapidement que ce que prévoit le dernier rapport du GIEC (groupe intergouvernemental d'experts sur le climat). Il envisage une mer totalement libre de glace entre 2050 et 2100. «Si on s'en tient aux six modèles - sur la vingtaine utilisée par le GIEC- qui traitent la problématique de la glace des pôles, la situation actuelle montre que cette fonte pourrait intervenir beaucoup plus tôt», insiste Jean-Claude Gascard. Il faut remonter plusieurs centaines de milliers d'années en arrière pour trouver un océan Arctique entièrement dégelé.
SOURCE : Le Figaro