Pour demander une adhésion pleine et entière à l'ONU, un Etat doit d'abord remettre une lettre au secrétaire général de l'organisation internationale, aujourd'hui le Coréen Ban Ki-moon. Conformément à la Charte de l'ONU, peuvent devenir membres «tous [les] États pacifiques qui acceptent les obligations de la […] Charte et, au jugement de l'Organisation, sont capables de les remplir». L'ONU est ainsi passée progressivement de 51 membres fondateurs en 1945 à 193 membres aujourd'hui, le dernier admis ayant été le Soudan du Sud au début de l'année 2011.
Une fois qu'il aura reçu la lettre du président palestinien Mahmoud Abbas, Ban Ki-moon doit alors la soumettre au Conseil de Sécurité. Une majorité de 9 voix sur 15 est nécessaire et aucun des 5 membres permanents (Chine, Russie, Etats-Unis, France, Royaume-Uni) ne doit opposer son veto. Si le verdict du Conseil de sécurité est favorable, alors ce sera au tour de l'Assemblée Générale de décider, à la majorité des deux tiers, d'admettre l'Etat.
Dans le cas des Palestiniens, c'est au niveau du Conseil de sécurité que la résolution risque bien d'être bloquée : soit les Etats-Unis, alliés d'Israël, arriveront à convaincre les autres membres du Conseil de sécurité de s'opposer à la démarche d'Abbas ou au moins de s'abstenir, de manière à ce que la résolution ne réunisse pas les neuf voix requises. Soit les Etats-Unis ne parviendront pas à rallier les autres Etats et dans ce cas, le président Barack Obama a averti qu'il mettrait son veto. Bien que ce veto soit embarrassant pour leur image dans le monde arabe, les Etats-Unis l'ont promis en dernier recours à leur allié israélien.
Les demandes auprès du Conseil de sécurité prennent souvent quelques semaines, voire plusieurs mois, à aboutir car «elles impliquent l'écriture de lettres, la formation de comités et des demandes de délais supplémentaires pour étudier le dossier», explique le New York Times. Or ces délais bureaucratiques pourraient s'avérer salvateurs puisqu'ils pourraient donner plus de temps aux diplomates pour relancer les négociations entre Israéliens et Palestiniens. En fin de compte, les Etats-Unis pourraient même ne pas avoir à brandir leur veto.
Une autre piste : l'Assemblée Générale
Parallèlement, une autre solution est possible pour les Palestiniens : se tourner non pas vers le Conseil de Sécurité mais vers l'Assemblée générale, où ils pourraient solliciter de passer du statut de simple «observateur» à celui d'«État observateur non membre».
Sur ce dossier, les Palestiniens auraient toutes les chances d'obtenir une majorité des 193 membres et un veto n'est pas possible. Cette stratégie aurait le mérite, pour l'Autorité palestinienne, à la fois d'éviter la collision frontale avec Washington et d'isoler un peu plus Israël sur le plan diplomatique. De plus, ce nouveau statut conférerait certains droits intéressants à l'Autorité palestinienne. Elle pourrait par exemple adhérer à la Cour pénale internationale (CPI), ce qui lui permettrait de multiplier les procédures contre les colonies juives et le blocus de la bande de Gaza.