Colloque international.
Le penseur martiniquais
Edouard Glissant, décédé le 3 février 2011, était l’un des premiers
penseurs de la mondialité. Son concept de « créolisation », en rupture
avec le « choc des civilisations » défendu par Samuel Hutington, permet
de comprendre le brassage des identités. Il est cependant largement
sous utilisé, notamment dans le monde francophone. Le but de cette
« Université populaire de la diversité » est la transmission d’un
savoir informel auprès d’un public plus large que celui que draine la
plupart des colloques universitaires, et de susciter la rencontre
fructueuse entre le monde universitaire et le monde artistique et
culturel (chanteurs, danseurs, slameurs, plasticiens, conteurs etc.).
Le
penseur martiniquais Edouard Glissant, décédé le 3 février 2011, était
l’un des premiers penseurs de la mondialité. Son concept de
« créolisation », en rupture avec le « choc des civilisations » défendu
par Samuel Hutington, permet de comprendre le brassage des identités.
Il est cependant largement sous utilisé, notamment dans le monde
francophone. Ce colloque a pour objectif premier de comprendre les
créolités, les rencontres entre francophonie et l’ailleurs, pour
ensuite mieux appréhender le concept de « créolisation » et étudier sa
pertinence ; Comment peut-il être opératoire pour comprendre les
évolutions de nos sociétés en ce début de XXIe siècle ? Sociologues,
historiens, politologues, didacticiens, etc. seront amenés à confronter
leur méthodologie spécifique à l’aune de ce concept.
Une idée : « L’université populaire de la diversité »
Le deuxième objectif de ce colloque est d’offrir une nouvelle forme
de rencontre culturelle et intellectuelle. A l’initiative de
l’association AgoraCulture, présidée par Stéphanie Melyon Reinette, de
François Durpaire, président du mouvement pluricitoyen « Nous sommes
tous la France » et de Christine Delory-Momberger, professeur
d’université et directrice de l’axe de recherche « Le sujet dans la
cité. Education. Socialisation. Biographisation » du laboratoire
EXPERICE Paris 8/13, cette rencontre sera la première rencontre de
l’Université Populaire de la Diversité.
Le but de cette « Université Populaire de la Diversité » est la
transmission d’un savoir informel auprès d’un public plus large que
celui que draîne la plupart des colloques universitaires, et de
susciter la rencontre fructueuse entre le monde universitaire et le
monde artistique et culturel (chanteurs, danseurs, slameurs,
plasticiens, conteurs etc.)
LES AXES DE REFLEXION :
Fin 2009, se pose en France, de manière saillante, la question de
l’identité nationale, bien que cette thématique ait intéressé les
sociologues, historiens et autres chercheurs en France depuis les
années 1980. Cependant, cette question semblait beaucoup plus
proéminente alors que des mouvements se disant « sociaux » – mais
plutôt profondément identitaires et révolutionnaires – secouaient les
Départements Français d’Amérique ; la Guadeloupe surtout où le discours
« La Gwadloup sé tan nou, la Gwadloup a pa ta yo.. » semblait faire
resurgir des questionnements et un malaise vis-à-vis de l’identité
française et la nationalité française qui leur avait été donnée en 1946
au moment de la départementalisation.
L’interrogation qui suscite ce colloque émane de diverses perspectives.
1. La première étant la prégnance de l’identité créole face à la
France, à l’identité française – dirions-nous la Francité – et à la
Francophonie. Cette dernière, la francophonie, n’est-elle pas en fait
et simplement un ensemble de zones géographiques où subsiste le
français en tant que langue anciennement « colonisatrice »,
« assimilatrice », et créant une divalence – ou une équivalence –
identitaire et linguistique (situation de diglossie ou de bilinguisme
par exemple) dans ces pays. Car il y a une différence flagrante entre
francophonie et francophilie. Et quels types de rencontres provoque
cette coexistence, cette cohabitation ?
2. En second lieu, la créolité qui se pose toujours au singulier ne
laisse aucunement la place à d’autres formes de métissages
identitaires, linguistiques, culturels ou politiques. En effet, la
créolité que l’on pourrait définir simplement comme « l’ensemble des
valeurs de la culture créole », là encore, ne donne qu’un singulier, là
où il n’y a que pluralité. Effectivement, les colonisations françaises
(parfois adjointes d’autres influences, hispaniques, portugaises,
néerlandaises…) ont donné lieu à des formes de créolités diverses qui
se vivent à des niveaux distincts : identité, revendication collective,
culture patrimoniale, véhiculaire ou vernaculaire ? Un créole était un
nègre assimilé à la culture du maitre par opposition au nègre marron,
au bossale. Etait-ce le cas ailleurs ? On ne se dit pas « créole » aux
Antilles, on cuisine et on parle créole ; tandis qu’on est un
« créole » à la Réunion.
« Et pourquoi toujours rapporter cette terminologie soit à la
négritude, à l’antillanité ou au « Tout-Monde » de Glissant ? », me
demandait-on. Il est vrai que ce concept défendu dans l’ « Eloge de la
Créolité » (1989) de Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau et Raphaël
Confiant fait émerger un mouvement de défense des valeurs culturelles
et spirituelles propres aux créoles des Antilles françaises, et devient
la névralgie principale d’un projet d’émancipation postcoloniale et de
reconnaissance des spécificités antillaises. Héritiers d’Aimé Césaire
et de la Négritude – qui se voulait une lutte contre l’assimilation et
l’identification unilatérale des colonies et de ses littérateurs avec
la France – ces chercheurs ont valorisé la question créole. Mais qu’en
est-il de la question créole à la Réunion ? A Madagascar ? Qu’en est-il
des langues créoles aux Seychelles, en Afrique ? Sont-elles assorties
d’une identité particulière ? Singulière ? Sont-elles discriminantes ?
Langues basses ? Minorées ? Vernaculaires et/ou véhiculaires, freins ou
vecteurs ? Face à la prédominance du modèle antillais dans les
consciences collectives, on voudrait voir fleurir les points de vue sur
les autres aires créolophones.
3. Le troisième point fait référence à la « créolisation ». Si l’on
considère la créolité comme un processus – à l’image de l’
« oraliture » de Confiant qui voudrait paradoxalement fixer
graphiquement et morphologiquement cette langue créole alors qu’elle
est quintessentiellement une mutation – comment définir la
créolisation ? Le suffixe [-ation] définirait une action, un processus
face au suffixe [-ité] qui définirait un fait. « Le fait de ». Identité
versus identification. Cet exemple est parlant. On doit donc
questionner la créolisation face à la créolité comme processus des
constructions culturelle, identitaire et patrimoniale de l’Esclavage à
nos jours.
Glissant parle de ce Tout-Monde, ce refus d’une identité
essentialisante rattachée à un territoire, une race, une nation pour
favoriser une identité en rhizomes. Au vu de cet idéal glissantien, le
créole, la créolité et la créolisation ne peuvent se borner aux
Antilles ; et tout homme est un créole. Permettons-nous d’interroger
cette réalité à cet égard : Toute langue est créole, tout espace est de
créolisation et de métissage ? Les grandes villes françaises et leurs
« banlieues » ne sont-elles pas des laboratoires et des espaces
créolisés ou en créolisation ? Ne peut-on parler d’une caribéanisation,
d’une africanisation ou d’une maghrébinisation des villes françaises,
de l’Île-de-France ? Les cultures traditionnelles a priori transmises à
travers ces langues régionales, locales, minorées seraient
fondamentales dans l’assise de ses peuples. Aussi, interrogeons-nous
sur les évolutions linguistiques qui s’opèrent en France : aux
confluents des langues minorées, n’y a-t‘il pas de nouvelles formes de
créoles ? Langues et cultures ?
Le territoire français et la francophonie à la rencontre de ces îles
disséminés « en confettis » dans les eaux caribéennes et de l’Océan
Indien. Il s’agira de vous inscrire dans le cadre de ces trois points :
•Créolité et créolités : les définitions de la créolité.
•Francophonie, identités régionales & tradition
•Créolisations : processus de mixité sociale, culturelle, ethnique Et
aux croisements de ces divers espaces : Antilles-Caraïbe, Francophonie,
Anciennes colonies, Afrique, Tradition, modernité, langues, cultures,
politiques, Océanie, Océan Indien.
Cet appel à contribution est en direction des universitaires
(linguistes, anthropologues, sociologues, musicologues, ethnologues,
…), des écrivains, mais aussi des artistes utilisant ces langues ou se
réclamant de ces cultures créoles ou mettant en place de nouveaux
processus de créolisation (slammeurs, rappeurs, chanteurs, danseurs,
etc.) et des « détenteurs de tradition » (griots, conteurs, fonn kerr,
et autres).
L’association porteuse du projet : Agoraculture
Fondée en juillet 2011 par le Stéphanie Melyon Reinette, AgoraCulture
est une association loi 1901 dont le leitmotiv est celui de favoriser
l’échange, la réflexion et le dialogue entre les différentes cultures
de France. Cette association a une vocation multiculturelle et
interculturelle, et a pour but de favoriser l’échange, la réflexion et
le dialogue entre les différentes cultures de France à travers
l’organisation de conférences (locales, nationales ou internationales)
et de rencontres débats, d’ateliers ou de séminaires autour de diverses
problématiques culturelles, qu’elles soient linguistiques, sociales,
religieuses, sociétales, éducatives, ethniques ou relatives à des
pratiques culturelles ou artistiques. Il s’agit en outre de favoriser
l’acquisition de la culture ou des cultures, des savoirs et de
l’histoire à travers d’autres sphères que le milieu éducatif
traditionnel. Se retrouver sur un forum et apprendre de ses pairs, de
ses aïeux, de ses compatriotes, apprendre des archives architecturales,
urbanistiques, patrimoniales.
Renseignements et envoi des propositions
Contact : Stéphanie Melyon-Reinette : smr_3@hotmail.com
Date limite d’envoi : 15 mars 2012
Universitaires : adressez un résumé de 150 mots (avec mots clés) à l’adresse ci-dessous.
Artistes : un CV et un lien (myspace, youtube ou tout autre)
Comité scientifique
(en cours de composition)
•Stéphanie Melyon-Reinette
•François Durpaire
•Pr Christine Delory Momberger