QUAND LA CHAMBRE REGIONALE DES COMPTES EPINGLE LA GESTION DE LETCHIMY A LA VILLE CAPITALE

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Petite histoire de l'arroseur arrosé


par Francis Carole


 
Tous les Martiniquais se souviennent encore de cette plénière du Conseil Régional du 23 décembre 2011.


En effet, une véritable opération de décapitation d’Alfred Marie-Jeanne avait été organisée ce jour-là. Il s’agissait, pour le néo-ppm et ses suivants, de tenter de démontrer que l’ancien président de région n’avait pas respecté les règles de l’orthodoxie comptable.


Letchimy, en expert inattendu de  comptabilité publique, se targuait alors de faire la leçon à son prédécesseur et de ramener de l’ordre dans la maison.


Mais, l’histoire est parfois cruelle et nous offre de succulents récits d’arroseurs  arrosés. Voici, en effet, ce que la Chambre Régionale des Comptes, dans sa Synthèse générale sur la gestion de la « ville-capitale » par le même Létchimy  écrit, seulement cinq semaines après la mascarade du 23 décembre :

« Au terme du précédent contrôle de la Chambre, portant sur les années 1990 à 2000, il était apparu que les comptes de la ville de Fort-de-France ne respectaient  pas toutes les règles de forme et de fond permettant une compréhension normale de ses opérations budgétaires et garantissant ainsi la sincérité de ses comptes. »

Et de poursuivre :

« Dix ans plus tard, malgré certaines améliorations, la situation de la ville comporte encore un certain nombre d’éléments préoccupants. »

 Et la Chambre Régionale des Comptes précise ces éléments « préoccupants » :

« 1-La présentation formelle des comptes de l’ordonnateur (budget et compte administratif) présente toujours des lacunes et des défauts d’information. Or, en matière de transparence budgétaire et financière, l’absence de communication de certaines annexes aux documents budgétaires limite l’information des élus, des partenaires de la ville et des citoyens. De plus, quand les annexes sont fournies à l’appui de la comptabilité de l’ordonnateur, celles-ci doivent être exhaustives et en concordance avec le compte de gestion du receveur municipal. »

En clair, la CRC nous apprend que pendant ses deux mandats (de 2001 à 2010), une dizaine d’années,  le maire de la « ville –capitale », Serge Létchimy, présentait aux élus, aux partenaires de la commune et à la population des comptes qui se caractérisaient par de notables « lacunes » et « défauts d’information. » !!!

Plus grave ! La synthèse générale de la CRC jette des doutes sur la sincérité des comptes de la ville de F-de-F dirigée alors par l’actuel président de région :

« Les comptes de la ville doivent traduire une image fidèle de l’ensemble des opérations budgétaires de la collectivité. Sur ce point, les documents budgétaires de prévision et d’exécution montrent encore un certains nombre de lacunes, qui, sur certains points, peuvent donner de la situation financière de la ville une image qui n’est pas strictement conforme à la réalité et, de ce fait, peuvent conduire à une analyse faussée de sa réalité. A ce titre, notamment, la non-présentation de l’état de l’actif en justification des soldes des comptes d’immobilisations, l’absence ou la non passation régulière des écritures comptables relatives aux transferts réglementaires et la non constitution de provisions obligatoires pour des litiges et contentieux clairement identifiés sont de nature à altérer la réalité de la situation financière ».

 Incompétence de l’actuel président de région ? Volonté délibérée de dissimuler aux foyalais et aux Martiniquais la situation réelle de la ville ? Nous ne saurions le dire.

En outre, quel crédit accorder, dans ces conditions, à sa gestion de la CACEM ? La CRC ne devrait-elle pas aussi se pencher sur les comptes de celle-ci ? 

Ce qui apparaît en tout cas clairement, c’est que Serge Létchimy est aujourd’hui complètement disqualifié pour dispenser à quiconque des leçons de gestion comptable et de transparence budgétaire.

La question qui se pose désormais est celle de savoir dans quel état cette équipe nous laissera la Martinique…

Pour le PALIMA

Francis CAROLE