SCIENCE SANS CONSCIENCE ?

Comme tout auteur, nous sommes ouverts aux critiques à condition bien sûr qu’elles soient fondées. Or, quand le Pr. D. Belpomme nous reproche  de n’avoir pas fait de proposition dans notre ouvrage ceci nous laisse à penser qu’il ne l’a pas lu. Le chapitre 6 du livre s’intitule d’ailleurs « Proposition … pour sortir de l’impasse ».
Une de nos
propositions est de réserver les terres contaminées à la production de
canne à sucre pour la fabrication d’éthanol, un biocarburant qui nous
permettra de relever le défi énergétique et de répondre aux prochaines
directives européennes. S’agissant desprétendues approximations
scientifiques relevées dans notre livre,c’est fort possible mais il ne
suffit pas de le dire, il faut leprouver et surtout nous apporter
l’éclairage de sa science. C’est ce que nous attendons d’un
scientifique de son rang notamment sur les relations de causalité entre
Cancer et pesticides organochlorés. 

 


J’en profite pour rappeler à nos
détracteurs que notre livre n’est ni un précis de biochimie ni un
opuscule de cancérologie. C’est un ouvrage de vulgarisation basé sur des
travaux d’investigation qui a le mérite d’établir les responsabilités
dans cet empoisonnement au Chlordécone etd’alerter l’opinion publique
sur un scandale que tout le monde avaitintérêt à étouffer.

Quant à
l’aspect polémique du livre, c’est une appréciation personnelle du Pr
Dominique Belpomme et non un argument scientifique. 

Hermann Hesse, un philosophe-écrivain allemand,disait que « le vrai chercheur, celui qui a le désir de trouver, ne doit embrasser  aucune doctrine ». Or, par moment, nous avons le sentiment désagréable que le Pr Dominique Belpomme sort de son champ de compétence pour défendre des causes inavouables. 

Par respect pour le drame écologique que nous subissons et la détresse des nombreusesvictimes du Chlordécone, nous invitons le Pr. Dominique Belpomme àexercer sa science dans un cadre moral et à baliser ses interventionspubliques selon une éthique qui respecte les Martiniquais. Il est insupportable d’entendre dire par cet éminent scientifique que « le Chlordécone c’est du passé et qu’il faut s’occuper du Paraquat » quand des mesures biologiques d’exposition menées en Guadeloupe en  2006 révèlent la présence du Chlordécone dans 90 % des prélèvements de sangmaternel et du  sang du cordon ombilical.

Louis BOUTRIN, co-auteur du livre « Chronique d’une empoisonnement annoncé ».

Réponse adressée au quotidien France-Antilles, le 4 mai 2007