REUNION : LES EMEUTES SE PROPAGENT DANS UNE DIZAINE DE VILLES DU PAYS

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Dix gendarmes blessés

Des heurts se sont produits dans une dizaine de villes de l'île, faisant 10 blessés parmi les forces de l'odre, mais sans provoquer de gros dégâts matériels. Une réunion cruciale sur la vie chère se tient aujourd'hui.

 

 

Les troubles qui secouent les nuits réunionnaises depuis mardi se sont étendus dans l'île, mais ont baissé en intensité dans la nuit de jeudi à vendredi. Jusque là circonscrits au quartier du Chaudron de Saint-Denis, puis à la ville du Port, les violences se sont propagées dans une dizaine d'autres villes du sud et de l'est du département, notamment Saint-Louis, Saint-André et Saint-Benoît, où un gendarme a été sérieusement blessé par un cocktail molotov reçu au visage. Au total, 76 personnes ont été interpelllées et 9 policiers ont été blessés. Une vingtaine de commerces ou bâtiments publics ont été dégradés, dont deux pharmacies pillées.

Le scénario des violences est bien souvent le même. Des groupes de 50 à 100 jeunes, souvent mineurs, investissent le centre-ville, mettent le feu aux poubelles, et dégradent le mobilier urbain afin d'attirer les forces de l'ordre qu'ils arrosent de jets de pierre. Ces derniers répliquent alors par des grenades lacrymogènes.

Mais dans la majorité des villes concernées, les tensions se sont limitées à quelques heurts avec la police et des barrages constitués de poubelles enflammées. Les violences au Chaudron se sont également atténuées. Contrairement aux nuits précédentes, aucun commerce ou bâtiment public n'a fait l'objet de pillages ou de dégradations importantes. Le site d'information Zinfos974 note également qu'il y avait «plus de badauds que d'émeutiers» dans la nuit au Port.

 

Pour le directeur du cabinet du préfet de la Réunion, Benoît Hubert, ce calme précaire est dû à la fermeté des peines prononcées jeudi après-midi par la justice. Quatre jeunes arrêtés lors des pillages ont écopé de peines allant de six mois à deux ans de prison ferme, assortis d'un mandat de dépôt à l'audience. Deux autres jeunes ont été maintenus en détention provisoire en attendant leur comparution. «Il y a eu moins de casseurs, mais une radicalisation des violences», note Benoît Hubert. Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, s'est insurgé contre des violences qu'il juge «absolument inacceptables», ajoutant qu'elles ne «vont pas permettre de réglerles problèmes».

Table-ronde sur la vie chère

Les résultats de la table-ronde sur la vie chère, qui se tient ce vendredi avec le préfet, les présidents des assemblées locales, des chambres consulaires, les représentants des associations de consommateurs, des compagnies pétrolières et des professionnels de la route, devraient conditionner la suite des violences urbaines, déclenchées par la manifestation mardi au Port des routiers, qui réclament une baisse du prix de l'essence.

Le président de la Région a laissé entrevoir une baisse de 5 centimes du prix de l'essence, tandis que la présidence du conseil général propose un tarif social de l'eau, de l'électricité, de la téléphonie et d'Internet, assortis d'un gel des loyers par les bailleurs sociaux et d'une baisse des prix des produits locaux.

Les partis de gauche continuent, pour leur part, à réclamer une aide exceptionnelle de l'Etat, le PCR revendiquant une «prime de vie chère de 200 euros mensuels» provisoire, et le PS un «panier de la ménagère au prix métropole».

«Il y a un travail important qui est fait avec la grande distribution, comme il a déjà été fait aux Antilles, pour faire en sorte que les paniers de produits qui sont particulièrement utiles pour les familles puissent faire l'objet de baisses de prix», a indiqué Claude Guéant. «En ce qui concerne l'essence, les élus responsables vont faire des propositions, puisqu'il y a une fiscalité qu'ils gèrent», a indiqué le ministre, affirmant que le coût de l'essence était «à La Réunion, inférieur à celui qu'il est en métropole».