USA : LE MANDAT DE BARACK OBAMA SCENARISE EN 17 MINUTES

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Plan com : Obama transformé en héros hollywoodien




Une semaine que les démocrates attendaient cela. Une semaine écoulée depuis que la bande-annonce avait été diffusée et leur avait donné de l'eau à la bouche. Il faut dire qu'en deux minutes, avec la voix de Tom Hanks, les images avaient de quoi attirer l'attention et attiser la curiosité. Réalisé par le documentariste oscarisé David Guggenheim, ce film allait tout avoir du film hollywoodien...


Et on n'a pas été déçu. En 17 minutes, le mandat de Barack Obama est scénarisé, fictionnalisé, comme seuls (peut-être) les Américains savent le faire. VOIR FILM.




 http://www.youtube.com/watch?v=2POembdArVo&feature=player_embedded 

Une histoire américaine

Tout y est. Et surtout l'essentiel, Barack Obama. Un film à la gloire du locataire du Bureau oval, un film de campagne, sans nuance donc, et qui attribue tous les succès à un homme seul, un homme qui dans sa chair, dans son corps, comprend mieux que quiconque l'Amérique. En un mot, qui l'incarne.

 

Regardez le début. La crise frappe l'Amérique comme jamais. L'administration Obama «  découvre  » l'ampleur du désastre qui se joue. Barack Obama se prend la tête entre les mains. Il accuse le coup. Mais rapidement, il se redresse, comme l'économie américaine.

Obama en sauveur résolu

L'aller-retour entre l'identité d'Obama et celle de l'Amérique est soigneusement mise en avant. Ses grands-parents blancs lui avaient parlé d'une crise qu'ils avaient dû affronter avec courage. Barack Obama comprend l'Amérique parce qu'il en partage l'histoire. Un moyen de répondre – une fois encore  ! – à ses adversaires qui n'ont jamais cessé, depuis plus de quatre ans, de faire de lui, sinon un étranger, du moins un ennemi de la véritable Amérique.

Le sauvetage de l'industrie automobile permet de rappeler que le républicain Mitt Romney avait déclaré en 2009 ne pas vouloir aider le secteur. Cela permet surtout de montrer à quel point Barack Obama est déterminé à sauver une certaine idée de l'Amérique.

L'homme qui se tenait la tête au début du documentaire pointe son doigt, monte le ton. Le doute a laissé la place à la résolution. Et cela doit se voir  !

Obama, ce « hugger-in-chief » d'une nation traumatisée

Mais il y a plus. Barack Obama ne sauve pas qu'une industrie, qu'une idée de l'Amérique même. Il sauve des gens. Il les embrasse, les prend dans ses bras, leur serre la main. Il comprend leur peine, il éprouve, par son corps, non seulement de la compassion mais même de l'empathie.

Lui, à qui on a tant et tant reproché la froideur et une empathie essentiellement intellectuelle (revendiquée très clairement dans Obama dans « L'Audace d'espérer »), est désormais présenté comme le «  hugger-in-chief  » (expression inventée pour Clinton, « hug » signifie serrer sans ses bras) d'une nation traumatisée par la crise.

La réforme de santé s'inscrit parfaitement dans cette stratégie de communication compassionnelle et empathique. Le recours au story-telling est une fois encore utilisé. Barack Obama a perdu sa mère d'un cancer et a donc expérimenté, dans sa vie personnelle, l'état du système de santé américain. La voix off :

« Et il pense aux millions de familles comme la sienne... »

L'aller-retour entre l'identité d'Obama et la fonction présidentielle, entre son corps naturel et son corps politique, au cœur de la campagne de 2008 fait son retour en 2012.

Obama, un leader aux mâchoires serrées

En rester à l'empathie serait cependant un peu court. Obama doit lutter contre une autre image. Celle d'un leader faible, incapable d'imposer ses vues, à l'Iran, à la Corée du Nord comme à un Congrès majoritairement républicain depuis 2010.

Depuis quelques semaines, les proches d'Obama ont la mission de présenter un Président fort et déterminé, courageux et viril, car le risque de « carterisation » plane en permanence sur la Maison Blanche.

Dans le film, Obama est présenté comme un homme qui, entouré de brillants conseillers, prend ses décisions seul, parfois contre l'avis général, comme lors de l'opération visant à capturer et à tuer Ben Laden. La photographie officielle présentant les acteurs de cette opération à la Maison Blanche [photo ci-dessus] avait fait couler beaucoup d'encre tant Obama apparaissait mis à l'écart, presque mal à l'aise dans son blouson bleu.

Dans le film, cette photo prend un nouvelle dimension. La caméra zoome progressivement sur le Président dont la résolution, remarquez la mâchoire serrée, ne fait aucun doute. C'est là que réside le pouvoir en Amérique...

Empathique, fort et faisant corps avec l'Amérique, Obama peut partir à la conquête d'un deuxième mandat. Enfin, c'est l'objectif de ce film...