HOMMAGE A JULES FERRY : C. TAUBIRA, S. LETCHIMY ET V.LUREL VONT-ILS DESAVOUER F. HOLLANDE ?

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L'hommage à Jules Ferry suscite des réserves

La cérémonie prévue mardi après l'investiture de François Hollande est décriée, notamment à propos des positions sur la colonisation de l'ancien ministre de la IIIe République.

 

 

Quelques heures après son investiture à l'Elysée, François Hollande ira fleurir les statues de deux personnages du XIXe siècle. Après la scientifique Marie Curie, il s'inclinera devant l'effigie de Jules Ferry, à l'origine des réformes de l'école. Le nouveau président de la République qui a axé sa campagne sur la jeunesse veut commencer son quinquennat avec le même ton. A une enseignante croisé dans la rue, il a lancé: «On va rendre hommage à Jules Ferry, vous avez vu, compris le message?»

Lundi, un ancien ministre de l'Éducation nationale, Luc Ferry (sans aucun lien de parenté), a exprimé ses regrets de voir François Hollande rendre hommage au ministre de la IIIe République. «J'aurais plutôt célébré Clemenceau que Jules Ferry» a déclaré le philosophe sur France Inter. Il fut «non seulement un grand colonisateur, mais c'est quelqu'un qui fonde la colonisation sur une vraie théorie raciste. De même qu'il faut éduquer les enfants, il faut éduquer les Africains, c'est ça l'idée», a déclaré Luc Ferry

Sur BFMTV, l'ancien ministre de l'Éducation ajoute que Jules Ferry était un «très grand raciste».

Ministre de l'instruction publique et président du Conseil, Jules Ferry (1832-1893), est surtout connu pour ses réformes scolaires. Son héritage: l'école gratuite, laïque et obligatoire, est un pilier de la République. Mais les historiens s'accordent sur une autre face, moins connue, de Jules Ferry. Il fut en effet un fervent défenseur de la colonisation.

Ainsi, le 28 juillet 1885, Jules Ferry s'adressa en ces termes à l'Assemblée Nationale: «Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai! Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures». Il ajouta sous les huées de l'extrême gauche et de la droite: «Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures». Les députés de gauche lançaient alors des «Très bien! Très bien!». Georges Clemenceau, député radical républicain lança toutefois dans l'hémicycle: «C'est excessif!».

A plusieurs reprises les positions colonialistes de Jules Ferry se sont invitées sur la scène politique. En 1996, c'est Jean-Marie Le Pen, président du Front National, qui citait Jules Ferry pour justifier une «hiérarchie entre les races».


Une polémique qui rappelle les propos de Claude Guéant, qui en février dernier déclarait que toutes les «civilisations ne se valent pas». François Hollande avait alors répondu que c'était «une provocation de dire qu'il y a une hiérarchie entre les civilisations».

Lundi, le président du Conseil représentatif des associations noires (Cran), Louis Georges Tin, a estimé que «François Hollande peut tout à fait saluer en Jules Ferry le fondateur de l'école républicaine, mais il devrait aussi rappeler en même temps la part d'ombre de cet homme, et de toute une partie de l'histoire de France».

Vincent Peillon, cité pour devenir le prochain ministre de l'Éducation, a indiqué dimanche sur Radio J que c'était le Jules Ferry «des grandes lois scolaires, de la lettre aux instituteurs, de la scolarité obligatoire, de la laïcité, de la gratuité de l'école» qui serait honoré.