LEGISLATIVES 2012 - 1° TOUR : VERS UN NOUVEAU RAPPORT DE FORCES POLITIQUES ?

QUESTIONS SUR UN SCRUTIN

 Le premier tour des législatives, dimanche, dessinera le rapport de forces entre la droite et la gauche.
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QUEL RAPPORT DROITE-GAUCHE ?

L'hypothèse d'une cohabitation, et donc d'une victoire de la droite, s'est petit à petit éloignée à la parution des sondages d'intentions de vote nationaux. Dans les dernières études, le rapport de forces penche nettement en faveur de la gauche parlementaire, avec environ 45 %, dix points devant la majorité sortante. C'est l'exact inverse du scrutin de 2007, qui avait vu, au premier tour, la droite réunir 45,6 % des suffrages, contre 35,6 % pour la gauche parlementaire. Dans les dernières études, le Front national est crédité d'environ 15 % des suffrages, le MoDem entre 2 et 3 % et l'extrême gauche sous les 2 %.

QUEL SERA LE PREMIER PARTI DE FRANCE ?

Au-delà du rapport des forces entre l'ancienne majorité et la nouvelle, il faudra également mesurer le poids du PS et de l'UMP au sein de chaque bloc. Les candidats du PS avaient recueilli 24,7 % des suffrages au premier tour en 2007, ceux de l'UMP 39,5 %. Le rapport de forces devrait s'équilibrer, si ce n'est s'inverser dimanche au premier tour. La lecture de ces résultats est cependant perturbée par la prise en compte de candidats non étiquetés PS ou UMP mais soutenus dans le cadre d'accords nationaux. De nombreux accords sont intervenus entre le Parti socialiste et ses alliés d'Europe Écologie-Les Verts, du Parti communiste ou du Parti de gauche pour ne présenter qu'un seul candidat dans certaines circonscriptions. Même logique à droite entre l'UMP, le Nouveau Centre et le Parti radical.

QUELLE MAJORITÉ POUR LE PS ET LA GAUCHE ?

C'est l'une des grandes incertitudes de cette élection: quelle sera la qualité de la majorité que la gauche souhaite décrocher aux législatives? Pour le Parti socialiste, la victoire la plus incontestable serait de décrocher la majorité absolue avec ses seuls élus, c'est-à-dire obtenir 289 des 577 sièges. L'hypothèse paraît cependant très peu probable. Pour dégager une majorité, le PS devra vraisemblablement compter avec les voix de ses alliés, dans une plus ou moins large mesure en fonction des résultats. S'il n'a besoin que des élus du Parti radical de gauche et divers gauche, ce sera simple. Plus délicat s'il doit compter aussi avec les Verts. Vraisemblablement épineux si les élus du Parti de gauche et du Parti communiste sont nécessaires. L'autre seuil important est celui, assez hypothétique, d'une Assemblée avec 370 élus de gauche ou plus. Il permettrait au gouvernement de décrocher la majorité des trois cinquièmes au Parlement qui autorise des réformes constitutionnelles sans accord avec l'opposition

QUEL AVENIR POUR LE CENTRE À L'ASSEMBLÉE ?

Dans l'Assemblée sortante, les centristes alliés à la majorité présidentielle disposaient de leur propre groupe constitué principalement par les élus du Nouveau Centre. Ces anciens amis de François Bayrou avaient décidé, dans l'entre-deux-tours en 2007, de rompre avec le troisième de la présidentielle, lui reprochant de ne pas soutenir Nicolas Sarkozy. Aujourd'hui, une guerre interne au parti rend incertaine l'avenir de ce groupe. Sa survie pourrait dépendre du choix et du nombre d'élus du Parti radical de Jean-Louis Borloo - qui a rompu avec l'UMP en 2011 - qui pourraient siéger avec eux.

Y AURA-T-IL DES ÉLUS DU FRONT NATIONAL ?

En 1986, le Front national, grâce à la mise en place du scrutin proportionnel, avait réussi à décrocher 35 élus. En 1988, après la présidentielle et la dissolution de l'Assemblée nationale, le parti de Jean-Marie Le Pen n'avait réussi à décrocher qu'un seul siège avec le retour du scrutin uninominal à deux tours. Et le FN n'est jamais parvenu à renvoyer un élu à l'Assemblée nationale depuis 1993 (à l'exception d'un cas, dans le Var en 1997, dont l'élection a été annulée par le Conseil constitutionnel). En l'absence d'accord électoraux, il sera à nouveau difficile pour le parti de Marine Le Pen de décrocher des élus. Pour se qualifier au second tour, les candidats du FN devront d'abord passer la barre des 12,5 % des inscrits, ce qui sera compliqué en raison de la plus faible participation attendue dimanche par rapport à la présidentielle. Marine Le Pen a passé la barre des 25 % dans 59 circonscriptions au premier tour le 22 avril dernier. C'est là que ses candidats disposent du maximum de chances pour se hisser au second tour et, éventuellement, l'emporter face à la gauche ou la droite.

QUELLE PLACE POUR LES ALLIÉS DU PS ?

En raison de l'accord électoral passé entre Europe Écologie-Les Verts et le PS, soixante-trois circonscriptions ont été réservées aux écologistes, dont une vingtaine gagnables. En tout état de cause, ce contrat devrait permettre aux troupes de Cécile Duflot de décrocher pour la première fois à l'Assemblée nationale un groupe en leur nom propre. EELV, dans l'Assemblée sortante, n'avait réussi à décrocher que quatre sièges. Le Parti communiste français et le Parti de gauche, unis sous la bannière Front de gauche, devraient eux aussi se trouver confortés et constituer à nouveau un groupe à l'Assemblée. Le groupe actuel, qui au début du quinquennat précédent abritait les élus Verts et quelques élus DVG, comporte 20 membres.

LES SONDAGES AURONT-ILS VU JUSTE ?

Les instituts de sondages ne le cachent pas. Leurs études nationales sont des indicateurs, mais il est très délicat d'en extrapoler le nombre exact d'élus dont disposera chaque parti. Une projection en sièges, comme celle réalisée cette semaine par OpinonWay, accorde ainsi entre 271 et 296 élus au PS et au Parti radical de gauche: dans un cas, les socialistes auront besoin a minima des élus Verts pour décrocher une majorité, dans l'autre ils disposent de la majorité absolue à eux seuls. Aucune des dernières études ne semble en tout cas détecter un mouvement à droite qui puisse faire espérer à l'UMP de l'emporter

COMBIEN D'ÉLUS DÈS LE PREMIER TOUR ?

En 2007, 109 candidats avaient réussi à se faire élire dès le premier tour en réunissant plus de 50 % des suffrages, dont 108 de droite. Parmi ceux-ci, François Fillon, Jean-Louis Borloo, Éric Woerth, Jean-François Copé, Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez, Bernard Accoyer, François Baroin, Xavier Bertrand. Un résultat que la plupart d'entre eux ne semblent pas être en mesure de renouveler cette année.

LES NOUVEAUTÉS DU SCRUTIN 2012

Des circonscriptions redécoupées.Adoptés en 2010, le redécoupage 
et le remodelage des circonscriptions des législatives ont modifié deux tiers d'entre elles. Dans certains départements, leur nombre a été réduit, dans d'autres, il a augmenté en fonction de la démographie, le tout dans la limite du plafond de 577 sièges fixé par la Constitution.
 

Des députés pour les Français de l'étranger. C'est l'autre principale nouveauté: onze circonscriptions ont été créées pour les Français de l'étranger. Pour le premier tour, le scrutin s'est achevé avec une semaine d'avance sur la métropole. Une très faible participation a marqué cette première. Le second tour sera clos le 17 juin, en même temps que pour le reste des Français.