RIO + 20 : VERS UN TEXTE D'ACCORD A SIGNER LE 22 JUIN PAR 130 CHEFS D'ETAT

Brasilia, médiateur attendu dans d'âpres négociations

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C'est.la.dernière ligne droite. La toute dernière semaine avant l'ouverture de la conférence des Nations unies sur le développement durable Rio + 20 (20 au 22 juin). Mercredi 13 juin a débuté, pour trois jours, sous les ors de la cité carioca, l'ultime séquence de négociations du comité préparatoire onusien sur le texte d'accord que seront invités àsigner d'ici au 22 juin, chefs d'Etat et de gouvernement. Le Brésil prendra à cette occasion directement les rênes de la négociation.


Un moment très attendu par les principaux acteurs de la conférence et qui devrait permettre de mesurer la volonté et la capacité réelle de Brasilia à intervenir et trouver des compromis de dernières minutes. L'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva n'avait-il pas imaginé un Brésil moteur des négociations planétaires lorsqu'il proposa l'organisation d'un sommet anniversaire, vingt ans après le Sommet de la Terre de Rio ?

Mais la tâche paraît aujourd'hui ardue. Au terme des dernières négociations informelles, achevées le 2 juin à New York, les délégués ne se sont accordés que sur 70 paragraphes sur 329 du projet d'accord. Les points de consensus ne concernent que des déclarations de principe sans portée précise. Un constat qui a fait dire à la présidente Dilma Rousseff, qui n'est intervenue que tardivement dans le processus de négociation, qu'il sera difficile "de proposer un nouveau modèle de croissance qui ne semble pas trop fumeux ou fantaisiste".

DEUX DOSSIERS PHARES

Sur les deux dossiers phares de la réunion de Rio, l'économie verte et la réforme de la gouvernance mondiale du développement durables, la position brésilienne sera déterminante. Car il faudra trouver aux diplomates un point d'équilibre entre les positions aujourd'hui éloignées des pays en développement et des pays industrialisés. Les pays du Sud avancent en effet avec réticence sur le chemin de la croissance verte redoutant qu'elle ne débouche sur l'instauration de normes environnementales.

La réforme de la gouvernance est également très controversée. Plusieurs pays dont la France pousse pour la création d'une Organisation mondiale de l'environnement qui prendrait la place du Programme des Nations unies pour l'environnement, dont tout le monde reconnaît qu'il manque de moyens financiers et pâtit de son incapacité à imposer des normes ou des sanctions. Le Brésil a fait savoir qu'il était opposé à une réforme de la gouvernance mondiale qui renforcerait le pilier environnemental. Mais Brasilia pourrait adoucir sa position, estime un haut fonctionnaire, si une majorité claire venait à se former en faveur d'une OME.

Sur ces deux dossiers, le Brésil, penche, pour l'heure et par tradition, davantage du côté du "Groupe des 77 et de la Chine".

"RESPONSABILITÉ COMMUNE"

L'idée d'une "responsabilité commune mais différenciée" ou "proportionnelle" lancée en 1992 fait à nouveau l'objet d'âpres débats. Le dossier des énergies renouvelables et le transfert de technologies semblent également bloqués par les pays développés, empêtrés dans la crise économique et réticents à mettre la main à la poche.

"Les points de désaccord sont nombreux et le Brésil n'a pour le moment pris aucune décision, souligne un négociateur à Rio. On ne les sent pas encore trop actifs, excepté sur la logistique et l'organisation du sommet. Ils optent pour une stratégie de la conciliation jusqu'au dernier moment, espérant obtenir un accord final le plus avancé possible avec le maximum de responsables politiques."

Quelque 133 chefs d'Etat et de gouvernement ont annoncé leur présence. Mais ni Barack Obama pour les Etats-Unis, ni Angela Merkel pour l'Allemagne ne seront présents. La chancelière allemande a fait savoir qu'elle regagnerait Berlin aussitôt terminé le G20 organisé au Mexique les 18 et 19 juin. Crise de la zone euro oblige.

SOURCE : LeMonde