REMANIEMENT : LA MINISTRE DE L'ECOLOGIE EJECTEE POUR SON ARBITRAGE SUR LE PERMIS PETROLIER EN GUYANE

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Nicole Bricq, de l'Ecologie au Commerce extérieur: la ministre désavouée pour ses positions sur les forages pétroliers ?

GOUVERNEMENT - Le départ de Nicole Bricq du ministère de l'Ecologie est-il dû à ses positions fermes sur les forages pétroliers exploratoires? C'est en tout cas ce que suggèrent un certain nombre d'ONG et d'acteurs du secteur. "On peut se poser la question de savoir si l'arbitrage défavorable à Mme Bricq sur le permis pétrolier de Shell en Guyane n'a pas pu jouer en sa défaveur", a indiqué à l'Agence France presse Benoît Hartmann, porte-parole de France Nature Environnement, pour lequel le départ de Nicole Bricq constitue une "surprise", "y compris sans doute pour son cabinet".

PHOTO : Nicole Bricq et Delphine Batho le 22 juin 2012 à l'issue du conseil des ministres à Paris 

Le sénateur Europe Ecologie-Les Verts, Jean-Vincent Placé, a lui aussi critiqué ce qu'il estime être "une éviction" et "un drôle de message" envoyé aux écologistes. Il a fait valoir que l'ancienne sénatrice PS défendait "les positions des écologistes, sur les gaz de schiste" sur lesquelles "il y avait un lobbying extrêmement fort".

Un peu plus tôt dans la journée de jeudi 21 juin, avant l'annonce du remaniement gouvernemental, un large collectif d'ONG environnementales (FNE, WWF, Greenpeace, Fondation Nicolas Hulot, etc.) avait estimé que Nicole Bricq avait perdu "son premier arbitrage". La ministre avait annoncé le 13 juin une "remise à plat" du permis sur les forages pétroliers exploratoires au large des côtes de Guyane, en raison du manque de garanties environnementales: "Je remets donc à plat le permis de la société Shell en Guyane", avait-elle annoncé. Mais depuis cette annonce, plusieurs communiqués gouvernementaux avaient semé le doute. Et mercredi soir, des parlementaires guyanais affirmaient que les arrêtés préfectoraux autorisant Shell à procéder à ses forages exploratoires à 150 km au large de Cayenne avaient été signés.

Batho? "Elle n'a pas vraiment fait ses preuves sur l'environnement"

Dans un communiqué commun, France Nature Environnement, WWF, Greenpeace, Oceana, la Fondation Nicolas Hulot, et Guyane Nature Environnement entre autres, s'étaient insurgé jeudi de cette reprise probable des forages pétroliers. "Que s'est-il passé pour qu'en 8 jours à peine les autorités françaises passent d'une décision de remise à plat de tous les permis à celles de délivrer les autorisations nécessaires à Shell?", s'interrogeaient les organisations environnementales. "La plus grande transparence doit être faite sur les raisons avancées pour justifier ce revirement", ajoutaient-elles. Dans leur communiqué, les ONG estimaient aussi qu'il y avait "de quoi douter de la sincérité de la France" dans les discussions au Sommet sur le développement durable réuni actuellement au Brésil. "Cet arbitrage (sur les forages en Guyane) tombe alors même que simultanément la France se veut fer de lance à Rio dans le plaidoyer pour les océans et la gouvernance de la haute mer", soulignaient-elles.

Quant au choix de Delphine Batho, Benoît Hartmann s'est montré légèrement sceptique . "Elle n'a pas vraiment fait ses preuves sur l'environnement", a déclaré le porte-parole de la FNE, mais "on peut lui laisser le bénéfice du doute". Si ce changement n'est "pas un très un bon signal" alors qu'une conférence environnementale est en préparation, le point positif, selon lui, est que la nouvelle ministre conserve "le même périmètre, avec l'énergie". La conférence environnementale, promise par François Hollande pendant la campagne présidentielle, aura probablement lieu en septembre.

SOURCE : Le Huffington Post en association avec LeMonde