La zone olympique flambant neuve, plantée de bâtiments aux lignes épurées, s'est muée en village fantôme, tandis que le gazon verdoyant a laissé place à une lande piquée de mauvaises herbes.
«Les jeux d'eau sont taris. Beaucoup d'arbres qui avaient été plantés pour les JO sont depuis longtemps desséchés, car personne ne les arrose. Les toilettes sont condamnées. Pas une buvette en vue. […] Aucune trace du parc de loisirs que les organisateurs des JO avaient promis autrefois aux habitants d'Athènes. Le plongeoir haut de 10 mètres du stade nautique s'élève vers le ciel. Mais il ne faut pas sauter en dessous –la piscine est vide», écrit le journaliste Gerd Höhler.
Même constat au complexe olympique de la zone côtière de Faliro, dans la banlieue d'Athènes:
«Aujourd'hui c'est la côte la plus désolée de Grèce. Ici il y aurait dû avoir des piscines en plein air, des pelouses, des pistes cyclables et un parc écologique. C'est ce qui était prévu dans le planning des JO. Rien de tout ça n'a vu le jour. L'endroit est un îlot de solitude poussiéreux et à l'abandon. La nuit, profitant de l'obscurité, des camions viennent y déverser illégalement des gravats et des encombrants. Quelques familles de roms vivent sur le terrain, dans des masures qu'ils ont fabriquées eux-mêmes. Les riverains l'appellent le Sahara.»
Une fois les Jeux terminés, la plupart de la vingtaine de bâtiments construits pour l'occasion n'a en effet plus jamais été utilisée. Une aberration au regard du budget dépensé: de 4,6 milliards d'euros prévus au départ, il est serait passé, selon les chiffres officiels, à 11,2 milliards. Selon des estimations indépendantes, il serait en fait grimpé à 20 milliards d'euros. Les sommes dépensées pour Athènes 2004 ont porté un coup fatal à la Grèce, estime le journaliste:
«Après que le déficit budgétaire a atteint en 2002 une part encore tolérable de 3,7% du PIB, ce taux est grimpé à 7,5% l'année des JO. En l'espace d'un an, les dettes d'Etat sont montées de 182 à 201 milliards d'euros. Le chemin qui allait mener la Grèce au désastre de l'endettement était ainsi déjà tracé.»
Un avis partagé par le quotidien Ouest France, qui écrit:
«Ce dérapage des comptes, de l’aveu même de Jacques Rogge, président du Comité international olympique (CIO), a contribué “en partie, pour 2 à 3 %” à l’augmentation de la dette extérieure du pays.»
SOURCE : Slate.fr
Le grand stade olympique dessiné par le célèbre architecte espagnol Santiago Calatrava continue certes d'ouvrir ses portes de temps en temps pour accueillir des matchs de foot, mais la plupart des sièges en plastique ont été détruits par les supporters.