Le ministre des Outre-mer, l’un des rares intellectuels du gouvernement Ayrault, est un homme qui sait peser ses mots.
Rien de trop dans ce qu’il a dit.
Vu de Londres, où je me trouve en écrivant ces lignes, la comparaison du « Comandante » avec le De Gaulle de 1940 n’a vraiment rien de choquant.
Et la meute pétainiste qui jappe aujourd’hui contre Lurel , qui vient lever la patte sur la tombe de Chavez, aurait certainement aboyé de la même manière contre le De Gaulle de 1940.
Oui, Chavez était un homme politique aimé de son peuple. Il aura marqué l’histoire du Venezuela et de l’Amérique latine.
Non, la dictature n’est pas du côté de Chavez. Elle est du côté des médias français, de cette poignée de plumitifs racistes et négrophobes qui ne sauraient pas situer le Venezuela sur une carte muette, mais pérorent depuis des lustres dans les colonnes de journaux appartenant à une poignée d’hommes pour lesquels la manipulation de l’opinion est une affaire comme une autre.
Une certaine France n’aime pas Chavez. Et elle n’aime évidemment pas Lurel. Elle n’aurait pas non plus aimé Blum qui, de son vivant, était, lui aussi, volontiers traité de métèque.
Que personne ne s’y trompe : de même que le mépris affiché contre Chavez est lié à ses origines indiennes et afro-vénézuéliennes, la violence des propos tenus contre Lurel s’explique par la couleur de sa peau.
L’idée qu’un ministre nègre représente la France aux obsèques d’un autre nègre, un chef d’État honni des conservateurs, les rendait déjà malade. Mais qu’il prenne courageusement ses responsabilités et rende compte avec justesse de l’opinion unanime des Vénézuéliens au lieu d’exprimer ce que les réactionnaires français voudraient entendre leur est insupportable.
Quant à ceux, à gauche, dont le premier réflexe serait de se désolidariser du ministre des Outre-mer, ils devraient bien réfléchir.
L’Outre-mer et les Français d’origine africaine feront bloc derrière Victorin Lurel. Et sans eux, la Gauche ne serait pas au pouvoir.