Le président du CRAN désavoué par son C.A.
Le conseil d'administration du Conseil représentatif des associations noires (CRAN) a envoyé un communiqué de presse désavouant l'actuel président du CRAN, Louis-Georges Tin, au sujet des poursuites judiciaires entamées au nom du Conseil contre la Caisse des dépôts, accusée d'avoir tiré profit de la traite négrière.
"Le CRAN rejette totalement cette action qui n'engage que M. Tin et le met en garde sur les conséquences néfastes de sa dérive mégalomaniaque", écrit Madeiro Diallo, le président du conseil d'administration du CRAN. M. Diallo reproche ainsi "une gesticulation médiatique" qui a conduit à occulter les principaux évènements de la journée commémorative de l'abolition de l'esclavage.
Rappelant que "le 10 mai ne doit jamais être une journée de division", M. Diallo a présenté des excuses au nom du CRAN auprès de ceux qui ont été "blessés par cette mascarade indigne". Samedi, le fondateur du CRAN, Patrick Lozès, s'était dit inquiet de la "dérive qui consiste à réduire la mémoire de l'esclavage à une transaction matérielle et à des considérations financières".
RÈGLEMENT DE COMPTES
Cette désapprobation publique pourrait en fait trahir un règlement de comptes entre M. Tin et MM. Diallo et Lozès. En effet, selon des informations de Libération, Madeiro Diallo, présenté comme l'homme de paille de Patrick Lozès, a tenté de se fairepasser pour le président du CRAN "sur la foi d'une élection interne", le 9 février. Or Louis-Georges Tin a été élu pour trois ans en novembre 2011. L'actuel président a saisi en référé le tribunal de grande instance de Paris, qui a alors rendu un arrêté interdisant M. Diallo de se présenter comme le président du Cran, sous peine d'une astreinte de 100 euros par "infraction constatée".
Ces démêlés pourraient traduire une tentative de reconquête de la part de Patrick Lozès, affaibli politiquement depuis l'entrée en fonction de M. Tin. En 2011, M. Lozès fonde le parti Allez la France, en vue de l'élection présidentielle de 2012. Il demande alors l'aval du conseil d'administration du CRAN, qui ne voit pas d'inconvénient à ce que le président du Conseil continue d'exercer. Or, Louis-Georges Tin qui avait fait part de son intention de prendre la suite de M. Lozès, lui demande de démissionner par anticipation pour "tenir [le CRAN] à l'écart de tout amalgame politique".
Aux tensions personnelles s'ajoute une enquête judiciaire pour abus de confiance et blanchiment, qui affaiblit davantage M. Lozès. La brigade de répression de la délinquance économique s'intéresse à des mouvements de fond d'un montant de 130 000 euros entre le compte du CRAN, le compte personnel de Patrick Lozès et celui de sa société de consulting L & Associés, fondée en 2008.
SOURCE : LeMonde