"Mais, personne ne la viole jamais..."
Dolores Valandro s'en est pris à Cécile Kyenge, ministre de l'Intégration, sur son compte Facebook. La condamnation est unanime.
Une élue locale du parti anti-immigrés et régionaliste de la Ligue du Nord a appelé jeudi 13 juin à violer la ministre italienne de l'Intégration, Cécile Kyenge, une Italo-Congolaise. La classe politique dans son ensemble a exprimé son indignation. Dolores Valandro a été expulsée de la Ligue.
"Mais personne ne la viole jamais, juste pour lui faire comprendre ce que peut éprouver la victime de ce terrible délit ? Une honte !", a écrit Dolores Valandro, une conseillère d'arrondissement de Padoue (nord) sur Facebook, en publiant la photo de Cécile Kyenge.
Dolores Valandro commentait un article d'un site spécialisé, intitulé "Tous les crimes des immigrés", dénonçant une tentative présumée de viol de deux Roumaines par un Africain à Gênes.
Depuis l'entrée en fonctions du gouvernement d'Enrico Letta fin avril, Cécile Kyenge a été la cible de plusieurs attaques racistes, venant généralement de membres de la Ligue, et elle a toujours été défendue aussi bien par la droite que la gauche, mais cette fois-ci même les dirigeants de la Ligue ont haussé le ton.
Je me dissocie de la manière la plus totale de la phrase violente, stupide et inopportune écrite par (...) Dolores Valandro. Nous prendrons immédiatement des mesures disciplinaires à son encontre et je lui ai personnellement demandé d'enlever cette phrase de son profil Facebook et de présenter ses excuses" à Cécile Kyenge, a réagi Massimo Bitonci, chef des sénateurs de la Ligue du Nord et président de la section où est inscrite la conseillère.
"Déclaration inqualifiable"
Flavio Tosi, maire de Vérone et secrétaire régional de la Ligue du Nord pour la Vénétie, a dénoncé "une déclaration inqualifiable" annonçant "l'expulsion, ce soir", de Dolores Valandro de la Ligue du Nord.
Cécile Kyenge a déclaré peu après que "tout le monde devrait se sentir offensé par ces déclarations" et a rappelé qu'elle luttait depuis longtemps contre le langage et les comportements violents.
Elle a reçu le soutien du Premier ministre italien Enrico Letta, qui a déclaré : "Cécile Kyenge a raison. Chacun de nous doit se sentir offensé. Je me sens offensé".
Les propos de l'élue de la Ligue du Nord "ne méritent aucun commentaire, seulement le dédain. Cécile mérite ma solidarité, celle du gouvernement et celle du pays", a ajouté Enrico Letta.
Dolores Valandro, expulsée de la Ligue du Nord, a par la suite présenté ses excuses. "C'est quelque chose que j'ai dit dans un moment de colère. Quand je suis en colère, je me défoule comme ça", a-t-elle déclaré.
"Eloge de l'incompétence"
Cécile Kyenge, 49 ans, est la première femme noire de l'histoire de l'Italie à accéder au rang de ministre. Arrivée en Italie en 1983 de la République Démocratique du Congo, elle se bat depuis sa nomination pour ouvrir un débat sur une réforme de la citoyenneté basée sur le droit du sol.
Elle a été la cible d'attaques racistes d'un groupuscule d'extrême droite et de divers élus de la Ligue du Nord sans que jamais cela n'aille aussi loin qu'un appel au viol.
Le député européen de la Ligue du Nord, Mario Borghezio, a été exclu début juin des rangs du groupe EFD du Parlement européen, farouchement opposé aux institutions européennes, pour ses "propos racistes" envers Cécile Kyenge.
Il avait dénoncé en termes grossiers la nomination de Cécile Kyenge au gouvernement italien. "C'est un éloge à l'incompétence (...) Elle a la tête d'une femme au foyer", avait-il notamment déclaré.
SOURCE : LeNouvel.Obs