1. Né à Port-au-Prince en 1953 d’un père intellectuel et homme politique, Windsor Klébert Laferrière, et d’une mère archiviste à la mairie de Port-au-Prince, Marie Nelson, il passa son enfance avec sa grand-mère, Da, à Petit-Goâve, dans cet univers dominé par les libellules, les papillons, les fourmis, les montagnes bleues, la mer turquoise de la Caraïbe et l’amour fou pour Vava. Ces épisodes heureux sont relatés dans deux de ses romans : L’odeur du café et Le charme des après-midi sans fin.
2. À la fin de ses études secondaires au Collège Canado Haïtien, Dany Laferrière commence à travailler à l’âge de 19 ans à Radio Haïti Inter, journal de 13 heures de Marcus Gracia, et à l’hebdomadaire politico-culturel Le Petit Samedi Soir, avec Gasner Raymond, Carl Henri Guiteau, Jean-Robert Hérard, Michel Soukar, Jean-Claude Fignolé et Pierre Clitandre, sous la direction de Fardin. Il signait, à la même époque, de brefs portraits de peintres dans leur atelier pour le quotidien Le Nouvelliste que dirigeait alors Lucien Montas.
3. À la suite de l’assassinat de son ami Gasner Raymond, trouvé sur la plage de Braches, à Léogâne, le 1er juin 1976, il quitte précipitamment Port-au-Prince pour Montréal. Cet événement sera raconté dans son roman Le cri des oiseaux fous.
4. Arrivé à Montréal à l’été 1976, il débarque dans une ville en pleine effervescence des jeux olympiques et à la veille des élections historiques qui amèneront l’équipe de René Lévesque au pouvoir pour changer à jamais le paysage politique du Québec.
5. Seul, il observe cette ville nouvelle, et s’acclimate difficilement à l’hiver, parcourant le quartier latin fourmillant d’artistes où il dépose ses pénates. C’est un homme libre de 23 ans qui s’engage dans une nouvelle vie tout en luttant pour échapper à la nostalgie, la solitude et la misère.
6. Pendant huit ans, il passe de petits boulots en petits boulots, parfois dans des usines en banlieue de Montréal, logeant dans des chambres « crasseuses et lumineuses » sans cesser de caresser un vieux rêve d’écrivain. Il se procure chez un brocanteur de la rue Saint-Denis cette fameuse machine à écrire Remington 22, qui l’accompagnera pendant une dizaine de romans.
7. Le voilà installé dans sa baignoire « rose » avec du mauvais vin pour lire tous ses écrivains qu’il ne pouvait se payer à Port-au-Prince : Hemingway, Miller, Diderot, Tanizaki, Gombrowicz, Borges, Marie Chauvet, Bukowski, Boulgakov, Baldwin, Cendrars, Mishima, Marquez, Vargas Llosa, Salinger, Grass, Calvino, Roumain, Ducharme, Virginia Woolf... Il deviendra le lecteur passionné, « l’homme-livre » que l’on connaît.
8. Paraît, en 1985, le roman Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer, qui explose dans le ciel littéraire du Québec.
9. Suite au succès éclatant de son premier roman, la nouvelle télévision Quatre Saisons l’embauche en 1986 pour présenter la météo. Le Québec reçoit le choc d’un Noir annonçant la neige et les angoissantes blancheurs de février, tout cela avec légèreté et humour. Un nouveau personnage est né dans le paysage télévisuel. Ce qui l’amènera à la fameuse émission de Radio-Canada, La bande des six, qui réunit six des meilleurs chroniqueurs de la presse québécoise.
10. 1986, c’est aussi la mort de Jorge Luis Borges, ce vieux maître aveugle de Buenos Aires qu’il ne cessera jamais de lire. 1986, c’est surtout la fin de la dictature des Duvalier et un premier bref retour en Haïti. Avec son ami, l’écrivain Jean-Claude Charles, il parcourt le pays tout en tenant une chronique quotidienne pour Le Nouvelliste sur la débâcle des tontons-macoutes et la fin du régime des Duvalier.
11. 1989, la sortie du film tiré de son premier roman Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer lui permet de se familiariser avec le cinéma. Le film provoque un scandale aux États-Unis où la plupart des grands médias (New York Times, Washington Post, Herald Tribune, Miami Herald, Los Angeles Times) l’ont censuré. Le cinéma influence grandement son écriture (Le goût des jeunes filles). C’est l’époque où il fréquente le petit cinéma le Ouimetoscope, découvrant un cinéma d’auteur qui imprégnera son œuvre. La liste de ses films préférés est interminable mais retenons ici : Annie Hall et Manhattan de Woody Allen, Amarcord et Roma de Fellini, Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino, L’aventure c’est l’aventure de Claude Lelouch, L’argent de poche de Truffaut, Nous nous sommes tant aimés et Une journée particulière de Ettore Scola, Napoléon d’Abel Gance, Le parrain (I et II) de Coppola, Les enfants du paradis de Carné, et Yvan le Terrible d’Eisenstein.
12. En 1990, il quitte Montréal avec sa famille pour Miami, afin d’échapper à l’hiver mais surtout à cette célébrité bruyante qui n’était pas compatible avec le silence intérieur qu’exige le travail d’écrivain. Il écrit paisiblement à Kendall dix romans en douze ans, des livres qui forment l’ossature de son œuvre, dont le fameux cycle haïtien : L’odeur du café, Le goût des jeunes filles, Le charme des après-midi sans fin, La chair du maître, Le cri des oiseaux fous, Pays sans chapeau…
13. Miami, c’est l’époque studieuse où l’auteur travaille sans relâche, pas loin d’un petit lac dont il fait le tour chaque matin en ruminant les descriptions et les dialogues à écrire.
14. Printemps 1999, le Québec est le pays à l’honneur au Salon du livre de Paris. Invités de l’émission Bouillon de culture de Bernard Pivot avec Robert Lalonde et Gaétan Soucy, les trois écrivains québécois se distinguent ce soir-là. Dany Laferrière va jusqu’à souhaiter que l’on puisse remettre un jour le prix Nobel au Québec pour l’originalité de sa littérature. Pays sans chapeau paraît au même moment dans la collection Motifs du Serpent à Plume à Paris. Dix ans auparavant, en 1989, Belfond avait lancé Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer qui sera repris par J’ai lu.
15. Retour à Montréal après la sortie de Le cri des oiseaux fous, son 10e roman et fin de l’épisode de Miami.
16. Après une quinzaine d’année de travail acharné, Laferrière décide d’arrêter d’écrire de nouveaux récits pour prendre le temps de revisiter ses précédents romans. Il réécrit six romans, ajoutant de nouveaux chapitres, jusqu’à faire surgir une œuvre plus dense. Le procédé de réécriture à la manière Laferrière étonne considérablement la critique et encore davantage les universitaires.
17. Il redessine lui-même son œuvre, aménageant des passerelles entre les romans jusqu’à découvrir qu’il s’agit en fait d’un seul livre : une Autobiographie américaine. Cette Autobiographie américaine permet de lier les deux cycles, le cycle nord-américain, composé de romans urbains, agressifs, et le cycle haïtien, plus calme et empreint de la tendresse de Da, sauf pour ceux qui se déroulent dans l’atmosphère de la dictature.
18. Pendant longtemps, les critiques évoquent une autobiographie en dix romans. Il s’agit, selon Laferrière, d’un ensemble comprenant récits, romans, et essais, qui forme aujourd’hui un corpus de vingt-deux ouvrages.
19. Après avoir scénarisé Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer, Le goût des jeunes filles et participé activement à l’élaboration de Vers le sud de Laurent Cantet avec Charlotte Rampling, Laferrière scénarise et réalise son premier film Comment conquérir l’Amérique en une nuit. Il retrouve sur le plateau son vieux complice Maka Kotto, dans ce film qui raconte une histoire pas trop loin de celle de cet enfant d’Haïti. Une narration où deux hommes échangent leurs expériences. L’oncle, qui vit depuis vingt ans à Montréal, décide de rentrer tandis que son jeune neveu arrive à Montréal pour y rester. On dirait deux paquebots se croisant dans la nuit sans se voir. Les critiques y ont pourtant vu un seul et même personnage : l’auteur n’a fait que mettre en scène deux périodes de sa vie.
20. Les livres de Laferrière ont rapidement fait le tour du monde dans quinze langues : anglais, espagnol, italien, allemand, grec, coréen, chinois, japonais, polonais, portugais, créole, serbo-croate, suédois, néerlandais, roumain. On se souvient de la déclaration de Laferrière au quotidien montréalais La Presse à la sortie de son premier roman : « Je veux m’emparer du monde ». Aujourd’hui c’est fait.
21. En novembre 2009, Laferrière fait une entrée fracassante avec L’énigme du retour qui a un vif succès au Québec (Boréal), avant de remporter le Prix Médicis. De nombreux Prix suivront dont le Grand Prix de la ville de Montréal, le Prix des libraires du Québec, le Combat des livres de Radio-Canada.
22. Janvier 2010, Laferrière se trouve à Port-au-Prince quand le séisme frappe le pays. Il note sur son carnet noir ses observations de manière si spontanée que les lecteurs auront l’impression de vivre l’événement en direct. Tandis que la télévision montre les immeubles effondrés et compte les morts, Laferrière raconte la vie quotidienne dans une ville complètement brisée et les tentatives désespérées des gens pour garder une certaine dignité dans le malheur. La littérature, en s’éloignant du scandale, nous fait pénétrer dans l’intimité de la catastrophe. Les éditions Mémoire d’encrier ont lancé la première version de Tout bouge autour de moi trois mois plus tard, paru en février 2011 chez Grasset. En décembre 2013, la version anglaise de ce livre sera élue meilleur essai de l’année par la puissante plateforme culturelle Kirkus Reviews.
23. Il publie en 2011, chez Boréal, L’art presque perdu de ne rien faire, qui rassemble ses chroniques à la radio de Radio-Canada. Cet essai se révèle la surprise de l’année, en emportant un étonnant succès critique et de librairie.
24. Deux ans plus tard, en février 2013, il récidive avec Journal d’un écrivain en pyjama chez Mémoire d’encrier, repris cet automne chez Grasset. Dans cet essai, Laferrière fait l’éloge de ses deux passions : l’écriture et la lecture, en 202 chroniques sur des sujets aussi divers que la place de l’adjectif dans la phrase ou le plagiat dans les mœurs de la littérature. Ce livre intéressera l’écrivain en herbe comme le lecteur passionné. Il préside du 1er au 8 mai 2013 les Rencontres québécoises en Haïti, événement qui rassemble une cinquantaine d’auteurs et de professionnels du livre haïtiens et québécois.
25. 12 décembre 2013, Dany Laferrière est le premier écrivain caribéen et nord-américain (Yourcenar qui a longtemps vécu aux États-Unis est d’origine européenne) à entrer sous la Coupe. Il occupe à partir d’aujourd’hui le fauteuil de Montesquieu et de Dumas et dont le dernier occupant fut l’écrivain d’origine argentine Hector Biancotti qu’il rejoint dans l’admiration de Borges. Avec l’arrivée de Laferrière à l’Académie française, les lettres haïtiennes et québécoises font savoir au reste du monde qu’elles peuvent produire des œuvres immortelles.
Lire l’article paru dans Le Nouvelliste, le 11 décembre 2013 : « En attendant l’élection de Dany Laferrière à l’Académie française ».
--------------------------------------------------------------------------------Biographie
Romans et récits :•Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer, Montréal, VLB, 1985 ; Paris, P. Belfond, 1989. •Éroshima, Montréal, VLB, 1987 ; Montréal, Typo, 1998. •L’Odeur du café, (récit) Montréal, VLB, 1991 ; Montréal, Typo, 1999 ; Paris, Serpent à plumes, 2001. •Le Goût des jeunes filles, Montréal, VLB, 1992 ; Nouvelle édition, Montréal, VLB, 2004 ; Paris, Grasset, 2005. •Cette Grenade dans la main du jeune nègre est-elle une arme ou un fruit ? Montréal, VLB, 1993 ; Typo, 2000, Nouvelle édition, Paris, Serpent à Plumes, 2002 / Montréal, VLB, 2002. •Chronique de la dérive douce, Montréal, VLB, 1994 ; Nouvelle édition, Montréal, Boréal, 2012. •Pays sans chapeau, Outremont, Lanctôt, 1996 ; Paris, Serpent à plumes, 1999 ; Monaco, Serpent à plumes, 2004. •La Chair du maître, Outremont, Lanctôt, 1997 ; Paris, Serpent à plumes, 2000. •Le Charme des après-midi sans fin, (récit) Outremont, Lanctôt, 1997, Paris, Le Serpent à plumes, 1998 ; Montréal, Boréal, 2010. •Le Cri des oiseaux fous, Outremont, Lanctôt, 2000 ; Paris, Serpent à plumes, 2000 ; Montréal, Boréal, 2010. •Je suis fatigué, Vincennes, Les Librairies Initiales, 2000 ; Outremont, Lanctôt, 2001. •Les années 80 dans ma vieille Ford, Montréal, Mémoire d’encrier, 2005. •Vers le sud, Paris, Grasset, 2006 ; Montréal, Boréal, 2006. •Je suis un écrivain japonais, Paris, Grasset, 2008 ; Montréal, Boréal, 2008. •L’énigme du retour, Paris, Grasset, 2009 ; Montréal, Boréal, 2009. •Tout bouge autour de moi, Montréal, Mémoire d’encrier, 2010 ; Nouvelle édition, Paris, Grasset, 2011. •L’art presque perdu de ne rien faire, Montréal, Boréal, 2011. •Journal d’un écrivain en pyjama, Montréal, Mémoire d’encrier, 2013 ; Paris, Grasset, 2013.
Films : •Haïti (Québec), Tahani Rached, réalisation, Dany Laferrière, narration, Office National du Film du Canada, 1985. •Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer (How to Make Love to a Negro without Getting Tired), Jacques W. Benoît, réalisation, Dany Laferrière, scénario, 1989. •Le Goût des jeunes filles (On the Verge of a Fever), John L’Écuyer, réalisation, Dany Laferrière, scénario, 2004, Westmount (Québec), Christal Films, 2004 (DVD), 88 min. •Comment conquérir l’Amérique en une nuit, Dany Laferrière, réalisation et scénario, 2004, Outremont (Québec), Lanctôt, 2004 (scénario) ; Montréal, Équinoxe Films, 2005 (DVD), 96 min. •Vers le Sud (Heading South), avec Charlotte Rampling (dans le rôle-titre), Laurent Cantet, réalisation sur un scénario inspiré par trois nouvelles de Dany Laferrière, 2005, 105 min. •La dérive douce d’un enfant de Petit-Goâve, Documentaire sur Dany Laferrière réalisé par Pedro Ruíz, Faits Divers Média, 2009, 90 min.
Entretiens : •J’écris comme je vis, Entretien avec Bernard Magnier. Outremont, Lanctôt, 2000 ; Lyon, La Passe du vent, 2000 ; Montréal, Boréal, 2010. •Conversations avec Dany Laferrière. Interviews de Ghila Sroka, Montréal, La Parole Métèque, 2010.
Enregistrements sonores : •Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer, Montreal, CNIB, 1986 ; INCA, 1986. •Éroshima. Montréal, CNIB, 1988. •L’Odeur du café, Montréal, INCA, 1991. •Le Goût des jeunes filles, Montréal, INCA, 1993. •Cette Grenade dans la main du jeune nègre est-elle une arme ou un fruit ? Montréal, INCA, 1994.
Littérature pour la jeunesse : •Je suis fou de Vava, texte de Dany Laferrière, illustrations de Frédéric Normandin, Longueuil (Québec), Éditions de la Bagnole, 2006. •La fête des morts, texte de Dany Laferrière, illustrations de Frédéric Normandin, Longueuil, Éditions de la Bagnole, 2009.
Prix et distinctions : •1991 Prix Carbet de la Caraïbe, pour L’Odeur du café. •1993 Prix Edgar-l’Espérance, pour Le Goût des jeunes filles. •2000 Prix Carbet des Lycéens, pour Le Cri des oiseaux fous. •2001 Prix Gouverneur de la Rosée du Livre et de la Littérature, représentant de la diaspora. Ministère de la Culture, Haïti.
Des écrivains haïtiens saluent Dany Laferrière...
« Notre citadelle a démontré sa force à poursuivre avec une volonté inébranlable son chemin dans la galaxie littéraire. Il est devenu immortel notre Laferrière. Bravo Dany ! » Gary Victor
« L’élection de l’écrivain Dany Laferrière au sein de l’Académie française montre combien cette institution a cessé d’être un lieu clos pour devenir de plus en plus un champ ouvert au métissage culturel et à l’universalisme. Bravo Dany. » Frankétienne
« Avec Dany Laferrière, l’Histoire entre à l’Académie française de manière singulière et belle. » Kettly Mars
« Dany à l’Académie française ? L’itinéraire, depuis les premières tentations d’écriture au Petit Samedi Soir, d’un ton léger, d’une prose alerte, désinvolte, pleine d’humour, qui n’a cessé d’être une particulière histoire de style dans notre littérature pour dire la trame d’une vie et... enchanter une expérience d’Homme. » Jean-Claude Fignolé
« Quelle bonne nouvelle ! Du Carré Saint-Louis en passant par Petit-Goâve, la francophonie se réjouit de l’élection de Dany. Depuis plus d’une trentaine d’années, Dany Laferrière travaille à bâtir des ponts. Entre l’Amérique, l’Europe et l’Afrique. Entre le Québec et la francophonie des Amériques, particulièrement Haïti. La contribution exceptionnelle de l’homme de lettres québécois est à la hauteur de cette reconnaissance. Montréal salue aujourd’hui l’un de ses enfants chéris. À titre de président du Conseil municipal de Montréal et poète, je tiens à féliciter l’auteur du Journal d’un écrivain en pyjama. » Franz Benjamin
« Ah, le dernier titre de l’immortel Dany Laferrière Journal d’un écrivain en pyjama ! Quelle heureuse prémonition ! Il y a là une vraie litote, un euphémisme caché. Il fallait carrément dire Journal d’un écrivain en habit vert. » Jean-Robert Léonidas
« Sacré Dany ! Tu seras comme un poisson dans l’eau, je le sais. Merci d’être une fierté pour nous. » Anaïse Chavenet (Communication Plus, Haïti)
« Dany Laferrière : bayaond, chou-palmist, zaboka, diriakdyondyon, kenskof, fursy, citadel-laferièr, peyipam, koté m’fèt, kalite, elegans, umanite, espwa, grandè, diyite… Lespri li se tambou kap bat ! Se pipirit chantan ! Se demen kap leve ! Kenbe Dany, kenbe fèm ! Ou toujou ap fèm sonje kamarad Jak Alexi. Mèsi pou peyi a. ***
Dany Laferrière, une part immense de mes rêves pour Haïti. Dès que j’entrevois sa silhouette, dès que j’entends le son de sa voix, je suis dans le pays, en charge de sa désespérance et de ses espoirs mêlés. Dany, tambour dont les rythmes descendent des mornes, empruntent les ravines et inondent les pages de nos rêves, de nos espoirs, de notre Histoire. Je mêle ton nom à ceux de mes guides proches, Roumain, Alexis… » Gérald Bloncourt
« Je viens d’entendre la confirmation de la bonne nouvelle, notre Dany Laferrière à nous, fait son entrée triomphale à l’Académie française. Quelle belle consécration ! Et je ne veux pas laisser cette journée se terminer sans adresser mes félicitations à Dany. En saluant son œuvre, son intelligence, son parcours, son courage ; de ce beau cadeau qu’il nous fait. En effet, je suis très heureux et je place beaucoup d’espoir en Dany qui va certainement faire notre fierté à tous et à toutes. Le premier Académicien en pyjama. » Thélyson Orélien
« J’ai beaucoup pensé à toi ces temps derniers : Au cri des oiseaux fous, à l’énigme, aux petites touches, à tous les chatouillements de cette écriture sobre, empreinte de tendres émotions, alliant la lucidité du soleil à la douceur enveloppante de la lune. Dans ces contrées du Nord, l’automne se déroule dans la douceur avant de s’ouvrir sur la mélancolie ; l’hiver, le temps du retrait, du repliement est aussi celui de l’intimité ; le printemps ravive l’espérance tout en anticipant la folie ; l’été bascule dans l’effervescence et la démesure ; mais en toute saison la poésie ne perd pas ses droits. » Claude Moïse
« Dany c’est d’abord et avant tout l’enfant de Petit-Goâve qui, entre odeur du café, tendresse et légendes, sourit encore sous la peau du nègre prêt à faire l’amour sans se fatiguer pour exister, traverse l’Amérique avec une légèreté feinte, quand il ne s’alanguit pas auprès de jeunes filles dévoreuses au cœur de Port-au-Prince et de ses faubourgs. C’est encore l’enfant espiègle qui se fera japonais pour nous rappeler que l’encre est la plus belle demeure d’un écrivain avant de marquer une pause érudite et tranquille en pyjama. Et puis, il y a l’énigme de celui qui revient, subtil miroir pour moi qui entre allers et retours vit l’énigme d’habiter. » Yanick Lahens
« L’élection de Dany Laférrière à l’Académie française est une bonne nouvelle pour cette merveilleuse littérature qui persiste à provoquer la rencontre des humanités francophones, d’Haïti à la France en passant par le Québec. » Jean-Euphèle Milcé
« Sacré Dany ! C’est une créature des sommets. Ce n’est pas pour rien qu’il porte fièrement le nom de cette place forte, Laferrière, que le roi bâtisseur a perchée comme un défi au sommet du Bonnet à l’Évêque. De sommet en sommet, le voilà parmi les immortels qui veillent sur la prestigieuse langue française. Après avoir fui la terreur de Duvalier pour sauver sa peau, immortalisé sa grand-mère Da et le village de ses premiers pas, Petit-Goâve, pouvait-on attendre moins de ce citoyen du monde ? » Verly Dabel
« J’ai reçu l’information concernant la candidature de Dany à l’Académie française alors que j’animais un débat à la FOKAL. J’ai l’ai partagée avec la salle. Un monsieur s’est mis debout, la main sur le cœur et a répété plusieurs fois « Map priye pou li ». Ce monsieur avait su traduire toute l’émotion qui me traversait alors, moi qui ne prie jamais. La salle aussi a dû ressentir la même chose, le public a applaudi pendant plusieurs minutes. C’est avec la même ferveur que j’accueille son acceptation à l’Académie. Dany est un miracle de générosité, de talent, d’amitié. Son succès est toujours celui de nous tous… »
Emmelie Prophète
« Dany Laferrière à l’Académie française. C’est un moment heureux et inattendu dans une relation vieille de plus de six siècles avec les peuples nés de la première implantation française sur le continent américain. Les nations haïtienne et québécoise dont se réclament Dany Laferrière ont maintenu et cultivent un rapport amoureux, frondeur et décalé, donc original, à la langue et à la culture française. Dany Laferrière les représentera excellemment dans la vieille maison du quai de Conti. » Hérard Jadotte (Éditeur, Port-au-Prince, Haïti)
« Felisitasyon vye frè mwen. Mwen konnen anpil moun pral di : sa se yon gwo onè pou ou. Men pou mwen, se yon gwo onè pou Akademi yan. Ak men m lanmou an, kenbe la, pa lage. » Edwidge Danticat
« Nous n’avons pas seulement porté un cercueil ensemble (Gasner Raymond), le premier exemplaire de Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer, je l’ai donné à un inconnu curieux dans un vol entre Montréal et Mexico, sans oublier la bonne soupe de Maggie les dimanches d’exil en regardant Eisenstein et Fellini. » Michel Soukar
« Dany, tu es notre boussole. Honneur et respect, cher maître. » Fouad André
« Je suis très heureux pour Dany. Son élection à l’Académie française vient couronner le travail de toute une vie. À travers lui, c’est aussi, d’une certaine façon, Haïti qui est distinguée. Bravo Dany. Louis-Philippe Dalembert
« En partant pour l’exil un jour sombre des années 1970, Dany Laferrière emporte pour tout bagage un imaginaire tropical nourri de souvenirs, source inépuisable d’une écriture féconde, et une intelligence du cœur ouverte à tous les vents froids des bourrasques d’hiver. Et voilà qu’en quarante ans, son « autobiographie américaine », mélange de tendresse, d’humour, de culture et d’ouverture sur le monde, ses publications diverses, ses prix prestigieux et autres distinctions, lui ouvrent les portes de l’Académie française. Comment ne pas en être fière et le dire au nom de tous ceux, toutes celles qui l’ont lu et le liront désormais. »
Michèle Duvivier Pierre-Louis, Présidente, Fondation Connaissance et Liberté-FOKAL
« Écrire est une fête intime. » Dany Laferrière, "Journal d’un écrivain en pyjama" Mémoire d’encrier / Grasset, 2013